Chaque année, la pollution de l’air coûte environ 28 milliards d’euros à Paris et en Île-de-France. Une somme colossale, largement liée aux décès prématurés, que l’on peut comparer aux économies réalisées grâce aux investissements publics et aux politiques de lutte contre la pollution.
La pollution de l’air a coûté 280 milliards en 10 ans à l’Ile-de-France

Le 26 septembre 2025, Airparif a publié la première évaluation complète du coût de la pollution de l’air en Île-de-France. L’étude établit une addition annuelle de près de 28 milliards d’euros. Pourtant, grâce aux mesures engagées depuis dix ans, une part de ces dépenses invisibles a déjà été évitée : plus de 61 milliards d’euros d’économies, selon les données de l’organisme de surveillance.
Combien coûte la pollution chaque année à Paris ?
L’étude d’Airparif distingue plusieurs postes. Le premier, et de loin le plus important, est celui de la mortalité prématurée. Selon les approches retenues, le coût varie entre 15,9 et 30 milliards d’euros par an. La moyenne retenue avoisine 23 milliards, soit environ 80 % du total. Ces chiffres proviennent du calcul de la « valeur économique d’une vie » et de la « valeur de l’année de vie », deux méthodes de référence validées au niveau européen.
À ce poids humain s’ajoutent les dépenses liées à la morbidité : soins hospitaliers, consultations médicales, arrêts de travail et pertes de productivité. Airparif évalue ces postes entre 1,1 et 3,5 milliards d’euros par an, en euros 2024. Viennent ensuite les coûts intangibles — perte de qualité de vie, gêne, douleur — qui ajoutent encore plus d’un milliard d’euros à l’addition annuelle. Enfin, l’air intérieur, bien que difficile à isoler du reste, représente à lui seul environ 4,6 milliards d’euros, dont 0,6 milliard exclusif aux expositions domestiques.
En additionnant la mortalité prématurée, environ 23 milliards d’euros par an en moyenne, aux différents postes de morbidité, dont les soins, la perte de productivité et les coûts intangibles estimés entre 1 et 3 milliards, on obtient une facture annuelle proche de 28 milliards d’euros (27,808 milliards d’euros très précisément) pour l’Île-de-France.
La facture de la pollution de l’air aurait pu être bien plus lourde
Depuis dix ans, la région Île-de-France a multiplié les investissements pour réduire la pollution. Zones à faibles émissions, modernisation du chauffage, développement des transports propres, réglementation du trafic automobile : autant de leviers mobilisés. Selon Airparif, ces politiques publiques ont permis d’éviter des expositions aux concentrations les plus nocives et donc de réduire la mortalité et les maladies liées à la pollution.
Le bénéfice économique est déjà mesurable. Airparif souligne que la baisse de la pollution a généré 61 milliards d’euros d’économies en dix ans. Autrement dit, si aucune action n’avait été entreprise, la facture actuelle serait beaucoup plus lourde.
Coût réel et coût théorique : l’écart mis en lumière
Aujourd’hui, le coût réel, calculé par Airparif, s’élève à environ 28 milliards d’euros par an. Ce chiffre correspond à la situation après une décennie de politiques actives. Mais le coût théorique, si les niveaux de pollution n’avaient pas diminué depuis 2010, aurait été bien plus élevé : il faut ajouter les 61 milliards économisés à la facture potentielle. Le total atteindrait donc près de 340 milliards d’euros, contre environ 280 milliards potentiellement supportés en extrapolant sur dix ans le coût annuel.
L’écart met en évidence deux enseignements. D’abord, chaque mesure de réduction de la pollution produit un rendement économique mesurable, en plus des bénéfices sanitaires et climatiques. Ensuite, même avec des progrès notables, la dépense invisible reste énorme : 28 milliards chaque année, soit l’équivalent du budget annuel de la région Île-de-France.
