Alors que la France débat de son plan d’adaptation au changement climatique, Météo France a publié une synthèse qui décrit les futures conditions climatiques de l’Hexagone. Ce rapport expose les impacts d’un réchauffement prévu de 4°C d’ici la fin du siècle. Quelles sont les implications de ce scénario de réchauffement et comment s’y préparer ?
Réchauffement climatique : si la France gagne 4 degrés, qu’est-ce qui se passe ?
Face à un futur où la température en France pourrait augmenter de 4°C d'ici 2100, la nécessité de s'adapter au réchauffement climatique devient capitale. Météo France a publié une synthèse détaillant les modifications prévues en termes de températures et de précipitations à travers l'Hexagone. Ce document scientifique vient appuyer le plan national d'adaptation au changement climatique, actuellement en consultation publique, destiné à préparer les collectivités, les entreprises et les citoyens à ces changements sans précédents.
Vers une France plus chaude
Jean-Michel Soubeyroux, directeur adjoint scientifique de la direction de la Climatologie et des Services climatiques de Météo-France, éclaire la situation lors d'une conférence de presse ce mardi, affirmant que l'augmentation de 4°C est une projection basée sur les engagements actuels de réduction des émissions de gaz à effet de serre. "À l’échelle de la France hexagonale, le réchauffement est plus important car elle se situe sur une zone continentale," a-t-il expliqué dans des propos rapportés par Le Figaro, soulignant que le réchauffement climatique est plus accentué aux latitudes tempérées et hautes. Le rapport prédit des températures annuelles moyennes pouvant atteindre +14,2°C en France, contre +10,9°C actuellement.
Météo-France publie une synthèse décrivant les températures et les précipitations dans un #climat futur.
🌡️ Dans une France à + 4 °C, la température moyenne annuelle pourrait atteindre 14,2 °C contre 10,9 °C sur la période 1976-2005.
👉 Rapport complet : https://t.co/wIjfspB8pp pic.twitter.com/4SZNm7SDX9
— Météo-France (@meteofrance) December 10, 2024
Le rapport de Météo France montre une progression alarmante avec des pointes à +15°C dans l'agglomération parisienne et plus de +18°C dans le sud du pays. « La température moyenne annuelle sur la France pourrait atteindre + 14,2 °C avec des pointes à + 15 °C sur l’agglomération Parisienne (climat actuel de la région de Montpellier) et au delà de + 18 °C sur la moitié sud (climat actuel de l’Andalousie) », peut-on lire dans la synthèse de Météo France. Ces températures, comparables à celles de Montpellier et de l'Andalousie aujourd'hui, sont un appel clair à l'action, comme le reconnaît Jean-Michel Soubeyroux.
À quoi faut-il se préparer ?
Le plan national d'adaptation au changement climatique, ouvert à consultation publique jusqu'à fin décembre, vise à préparer la société française aux impacts futurs. Le climatologue insiste sur la nécessité d'intégrer ces données climatiques dans les futures constructions urbaines et rurales, « non pas pour décrire le climat à horizon 2100 mais ce à quoi il faut s'adapter. »
Des outils comme le Drias, Climadiag Commune et Climadiag Agriculture offrent déjà des données spécifiques aux différents acteurs. Ces ressources sont essentielles pour les planificateurs urbains, les agriculteurs et les politiques publiques face à un climat changeant. L'accès à ces outils permet une planification proactive et informée, aidant à minimiser les impacts négatifs du changement climatique sur les infrastructures et les communautés.
Des étés beaucoup plus secs dus au réchauffement climatique
La prévision des précipitations reste incertaine, mais une tendance se dégage : une augmentation en hiver et un assèchement important en été. « Le cumul de précipitations est stable mais les précipitations utiles (différence entre précipitation et évaporation) vont diminuer sous l’effet de la hausse des températures », prévoit Météo France. Cela signifie des hivers potentiellement plus humides et des étés plus secs, en particulier dans le sud de la France.
L'impact sur les ressources en eau sera important, affectant tout, de l'agriculture aux systèmes de gestion de l'eau urbaine. Les régions du nord-est pourraient connaître des variations moins sévères, offrant un contraste frappant avec le reste du territoire. Cette répartition inégale des précipitations nécessitera des stratégies d'adaptation diversifiées, alignées sur les besoins hydrologiques spécifiques de chaque région pour sécuriser l'approvisionnement en eau et la durabilité agricole.
Réchauffement climatique : une hausse alarmante des émissions de CO2
Parallèlement, l'année 2023 a connu une augmentation des émissions mondiales de gaz à effet de serre atteignant 57,1 gigatonnes de CO2 équivalent, un record historique. Cette hausse de 1,3% par rapport à l'année précédente souligne d’autant plus l'urgence d'amplifier les efforts pour limiter les conséquences du réchauffement climatique. Le rapport Emissions Gap Report 2024 révèle que pour maintenir le réchauffement global à 1,5°C, il est nécessaire de réduire les émissions de 7,5% annuellement jusqu'en 2035. Les secteurs de l'aviation et des énergies fossiles, en pleine expansion, sont particulièrement pointés du doigt pour leur contribution à cette augmentation.
Malgré les engagements internationaux formulés lors de l'Accord de Paris, couvrant 91% des émissions mondiales, la mise en œuvre effective des mesures reste incertaine, révélant un fossé de taille entre les intentions et les actions pour lutter contre le réchauffement climatique. Seuls 23 engagements incluent tous les gaz à effet de serre, illustrant des lacunes dans l'approche globale des Contributions Déterminées au Niveau National (CDN). Cette insuffisance souligne la nécessité urgente de réviser et renforcer les CDN pour répondre de manière adéquate aux défis climatiques actuels.