Pour la première fois de son histoire, l’or a dépassé la barre symbolique des 4.000 dollars l’once, porté par la peur d’un ralentissement mondial, la perspective d’une baisse des taux et la frénésie d’investissement institutionnel.
L’or franchit la barre des 4.000 dollars l’once

Le 7 octobre 2025 restera gravé dans les annales des marchés. Ce jour-là, les contrats à terme sur l’or ont franchi pour la première fois la barre des 4.000 dollars l’once, avant que le cours au comptant n’atteigne 4.011,18 dollars le 8 octobre selon Reuters. En deux jours, le métal précieux a validé un record historique et rappelé que, face à l’incertitude, l’or demeure la valeur la plus universellement recherchée.
Or : une flambée historique nourrie par la peur et les taux
Le seuil symbolique des 4.000 dollars l’once (plus de 111 euros le gramme) a été franchi sur fond d’aversion au risque et d’anticipation de baisse des taux directeurs. Selon Reuters, les contrats à terme de décembre ont culminé à 4.033,40 dollars, tandis que le spot atteignait 4.011,18 dollars. Bloomberg précise que la hausse boursière de l’or a été alimentée par le shutdown américain et la chute du dollar. Dans un tel contexte, la valeur du métal s’est renforcée mécaniquement, les investisseurs arbitrant leurs portefeuilles vers les actifs refuges.
D’après AP News, cette envolée traduit « un regain spectaculaire de la demande mondiale d’or », porté par l’idée que la Réserve fédérale américaine pourrait abaisser ses taux dès décembre. L’économiste Tim Waterer, de KCM Trade, explique : « la montée des incertitudes alimente les gains du prix de l’or ». Ce climat anxiogène, amplifié par la crise budgétaire américaine, crée un terrain fertile pour un actif perçu comme un abri sûr.
Les banques centrales se ruent sur l’or
Derrière le feu de l’actualité, une mécanique de fond explique la force du rally. Les banques centrales achètent de l’or sans discontinuer. Reuters rapporte que la Banque populaire de Chine a accru ses réserves pour le onzième mois consécutif en septembre. Le World Gold Council ajoute que 95 % des banquiers centraux anticipent une hausse des réserves officielles d’or sur douze mois, et 43 % comptent augmenter leurs propres stocks.
Les investisseurs institutionnels suivent la tendance. Investor’s Business Daily rappelle que les ETF adossés à l’or connaissent des afflux records depuis le franchissement des 3.000 dollars en mars 2025. La logique est circulaire : plus le prix monte, plus les flux s’amplifient, et plus la valeur du métal se renforce sur les marchés financiers. France-Inflation.com confirme cette augmentation spectaculaire : au 7 octobre 2025, l’or affichait une progression annuelle de 52,6 % par rapport à la fin 2024.
Dans les salles de marché, l’engouement est palpable. Les analystes d’UBS, cités par Reuters, projettent un objectif à 4.200 dollars l’once d’ici fin 2025. Bloomberg parle d’un « supercycle de confiance » nourri par la diversification hors du dollar.
L’once d’or ne valait que 1300 euros en 2019
Pour saisir l’ampleur de ce record, il faut revenir sur les grandes étapes de la décennie. En 2019, l’or se négociait autour de 1.300 dollars l’once. En août 2020, la pandémie de Covid-19 l’avait déjà propulsé à 2.075 dollars, premier sommet symbolique. Après une phase de consolidation, le métal a connu un nouvel élan en 2023-2024 avec le retour des tensions géopolitiques et de l’inflation. En mars 2025, il a franchi le seuil des 3.000 dollars, avant d’accélérer au-delà de 3.900 dollars début octobre 2025.
Depuis six ans, la valeur de l’or a donc triplé, une progression alimentée à la fois par la désindexation du dollar et par la défiance envers les actifs financiers traditionnels. Cette augmentation graduelle a précédé l’explosion de 2025, nourrie par la combinaison unique de facteurs : politique monétaire accommodante, tension géopolitique persistante, et quête de stabilité dans un environnement de dettes record. La question désormais est celle de la soutenabilité du mouvement. Bloomberg estime que tant que le dollar restera faible et les taux réels en repli, la trajectoire de la valeur de l’or pourrait encore surprendre, voire redéfinir les standards de l’investissement refuge.
