Sous la pression du calendrier et face aux retards de SpaceX, la NASA vient de rouvrir à la concurrence le contrat de l’atterrisseur lunaire prévu pour la mission Artemis III.
Retour sur la Lune : la NASA pourrait lâcher SpaceX

Le 20 octobre 2025, depuis Washington, Sean Duffy, administrateur par intérim de la NASA, a confirmé que l’agence spatiale américaine relançait la mise en concurrence du contrat d’atterrisseur lunaire initialement attribué à SpaceX. Motif : des retards répétés du vaisseau Starship, censé déposer les astronautes de la mission Artemis III sur la Lune.
La NASA veut reprendre la main sur Artemis III
Selon l’agence Reuters, la NASA « va solliciter de nouveaux acteurs pour l’atterrisseur d’Artemis III » après avoir constaté que SpaceX accusait plusieurs mois de retard dans le développement du système HLS (Human Landing System). Le contrat initial, signé en 2021, représentait 2,9 milliards de dollars, somme considérable pour une mission censée marquer le retour de l’homme sur la Lune avant la fin de la décennie.
Sean Duffy a reconnu : « Le problème, c’est qu’ils sont en retard. Ils ont repoussé leurs échéances. » selon Space.com. L’administrateur par intérim a ajouté : « Je suis en train d’ouvrir ce contrat. Je pense que des sociétés comme Blue Origin participeront, et peut-être d’autres », précise Business Insider.
Derrière cette décision, la NASA veut éviter de dépendre d’un seul prestataire. La mission Artemis III, prévue à l’origine pour 2027, visait à déposer deux astronautes près du pôle Sud lunaire. Mais selon le Houston Chronicle, cette échéance pourrait désormais glisser vers 2028, conséquence directe des retards de SpaceX au Texas.
SpaceX sous pression : des retards et des enjeux industriels
Pour SpaceX, la décision de la NASA sonne comme un avertissement. Depuis deux ans, l’entreprise d’Elon Musk multiplie les essais de son lanceur Starship, sans parvenir à démontrer une séquence complète d’ascension, de ravitaillement orbital et d’alunissage simulé. Ces trois étapes sont pourtant essentielles pour la mission Artemis III.
Le contrat initial, estimé à 2,9 milliards milliards de dollars puis réévalué jusqu’à 4,4 milliards milliards, représentait un engagement majeur entre le secteur public et privé. Or, malgré les progrès visibles des prototypes, la cadence d’essais reste inférieure aux attentes de la NASA. L’agence redoute désormais un goulet d’étranglement technologique, susceptible de compromettre la fenêtre de lancement prévue.
Selon Business Insider, Sean Duffy a insisté sur la responsabilité de la NASA : « Notre objectif n’est pas de sanctionner un partenaire, mais d’assurer que les Américains reviennent sur la Lune avant la fin de la décennie. » En interne, cette réouverture du marché traduit la volonté de l’agence de préserver la compétitivité du tissu industriel américain.
Dans le même temps, la concurrence s’active. Reuters évoque explicitement la possibilité d’une offre de Blue Origin, déjà lauréate d’un second contrat HLS pour la mission Artemis V, ainsi que d’autres acteurs comme Dynetics ou Rocket Lab. « Nous allons assister à une nouvelle course spatiale entre sociétés américaines pour voir qui nous ramènera les premiers sur la Lune. » a expliqué Duffy.
Les conséquences sur la mission Artemis et la stratégie lunaire de la NASA
La NASA ne remet pas en cause l’objectif central du programme Artemis : établir une présence humaine durable sur la Lune avant de préparer le transit vers Mars. Toutefois, elle adapte désormais sa stratégie. Plutôt que de s’en remettre à un unique fournisseur, elle opte pour une architecture multi-fournisseurs, introduisant ainsi de la redondance et réduisant les risques de dépendance.
Selon le Houston Chronicle, l’agence souhaite « sécuriser les délais du programme » tout en maintenant la perspective d’un atterrissage d’équipage d’ici 2028. Les nouvelles propositions devraient être sollicitées dès le premier trimestre 2026, avec une sélection finale attendue à la fin de la même année.
Cette ouverture du contrat pourrait aussi avoir un impact économique notable. Investor’s Business Daily souligne que l’annonce de la NASA a fait grimper les valeurs boursières de plusieurs sociétés spatiales, dont Rocket Lab et Intuitive Machines, perçues comme de potentielles candidates. En parallèle, SpaceX poursuit ses essais au Texas, à Boca Chica. Les prototypes de Starship ont réussi plusieurs vols partiels, mais la séquence complète, incluant le retour contrôlé et la réutilisation, n’a pas encore été validée.
La réouverture du contrat Artemis III n’est pas seulement un choix technique : elle revêt une portée politique claire. Aux États-Unis, le retour sur la Lune est perçu comme un enjeu stratégique face à la montée en puissance de la Chine, dont le programme Chang’e 7 prévoit une mission robotique avancée au pôle Sud lunaire dès 2026. Dans ce contexte, la NASA veut garantir que le drapeau américain sera planté avant ses rivaux.
