RATP : Jean Bassères nommé PDG par intérim après le départ de Jean Castex

Le départ de Jean Castex pour la SNCF a conduit l’État à nommer Jean Bassères, ancien directeur de Pôle emploi, PDG par intérim de la RATP à compter du 3 novembre 2025. Cette transition intervient alors que la régie publique affronte d’importants défis économiques : ouverture à la concurrence, maîtrise des coûts et modernisation du réseau francilien.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 31 octobre 2025 11h31
Ratp Jean Basseres Nomme Pdg Par Interim Apres Le Depart De Jean Castex
RATP : Jean Bassères nommé PDG par intérim après le départ de Jean Castex - © Economie Matin

Une transition délicate après le départ de Jean Castex

Le 29 octobre 2025, le départ de Jean Castex pour la SNCF a ouvert une nouvelle phase d’incertitude à la tête de la RATP. L’ancien Premier ministre, nommé en novembre 2022 à la direction de l’entreprise publique, n’aura donc passé que trois ans à la tête d’une régie en pleine mutation. Son passage aura été marqué par une stabilisation des relations sociales après la crise sanitaire et une série de chantiers structurants, notamment la modernisation du matériel roulant et la préparation de l’ouverture à la concurrence des bus parisiens.

Jean Bassères, haut fonctionnaire aguerri, ancien directeur de Pôle emploi et de France Travail, a été nommé PDG par intérim. Son profil technocratique rassure les tutelles de l’État, soucieuses de garantir la stabilité de l’entreprise tout en préparant la relève.

Le poids de l’État dans la gouvernance de la RATP

La RATP est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), placé sous la tutelle directe du gouvernement. Ce statut confère à l’État un rôle prépondérant dans la désignation de son dirigeant. En pratique, la nomination du PDG relève d’un décret pris en conseil des ministres, sur proposition du ministre des Transports et après consultation du ministre de l’Économie et de la Fonction publique.

Ce mode de gouvernance, souvent critiqué pour son opacité, illustre néanmoins la dimension stratégique de la RATP dans l’appareil d’État. La régie, qui emploie plus de 70 000 personnes et transporte chaque jour près de 10 millions de voyageurs, reste un levier majeur de la politique publique de mobilité. Son PDG est à la fois un gestionnaire, un médiateur social et un acteur politique. L’État ne peut donc se permettre ni improvisation, ni nomination symbolique : chaque choix traduit une orientation économique et sociale.

Jean Bassères, un intérim placé sous le signe de la continuité

En confiant les rênes à Jean Bassères, l’exécutif a privilégié la continuité institutionnelle. Haut fonctionnaire formé à l’ENA, ancien directeur général de la modernisation de l’État, Bassères est connu pour son sens du dialogue social et sa rigueur administrative. À la tête de Pôle emploi, il avait déjà conduit de vastes réformes d’organisation et de numérisation du service public de l’emploi.

À la RATP, sa mission d’intérim ne se limite pas à la gestion quotidienne. Il lui revient de préparer l’entreprise à accueillir son futur dirigeant, en assurant la poursuite des projets clés : amélioration de la ponctualité, adaptation des effectifs, transition écologique du parc de bus, et maintien du dialogue social dans une période où les tensions salariales demeurent vives.

Une succession ouverte, mais sous contrôle

Selon plusieurs sources proches du dossier, neuf profils seraient actuellement examinés par le gouvernement pour la succession à la tête de la RATP, dont sept hommes et deux femmes. Les discussions, menées dans la plus grande discrétion, portent autant sur les compétences techniques que sur la capacité du futur PDG à gérer les relations sociales et politiques de l’entreprise.

L’État chercherait un profil d’équilibriste : à la fois rompu aux grands corps de l’administration et capable de dialoguer avec les élus d’Île-de-France Mobilités, principal client de la régie. La maîtrise des dossiers de mobilité urbaine, l’expérience dans la négociation syndicale et la connaissance des enjeux climatiques sont considérées comme des critères déterminants. La succession de Jean Castex devient ainsi un enjeu symbolique : celle de la continuité de l’État dans la conduite d’un service public essentiel, tout en donnant un nouveau souffle à la régie.

Une entreprise à la croisée des défis

La période de transition intervient dans un contexte de profondes mutations. La RATP doit faire face à la concurrence privée sur certaines lignes de bus dès 2026, à la montée des coûts de maintenance du réseau souterrain, et aux exigences environnementales liées à la décarbonation. En parallèle, le groupe doit maintenir la qualité de service et la sécurité d’exploitation dans un bassin de mobilité saturé.

Le futur PDG devra donc conjuguer impératifs économiques et attentes sociétales. La transformation numérique de la régie, la montée en puissance des transports électriques et la coopération renforcée avec Île-de-France Mobilités seront au cœur de son mandat.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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