Saint-Nazaire : l’éolien offshore flotte… sur un gouffre financier

Présenté comme le futur pilier de l’éolien flottant en France, le projet « Éole » du Grand Port Maritime de Nantes–Saint-Nazaire tourne déjà à la dérive. Selon le rapport de la Cour des comptes publié en septembre 2025, son coût a littéralement explosé : de 100 M€ prévus au départ, la facture atteint désormais 235 M€, soit plus du double en deux ans.
Un chiffre qui donne le vertige : à lui seul, Éole représente davantage que le budget annuel moyen d’investissement du port, qui oscillait entre 29 et 50 M€ entre 2017 et 2023. Autrement dit, tout est misé sur un seul projet.

Et pourtant, le financement reste largement hypothétique. À ce jour, seuls 35 M€ sont garantis par le contrat de plan État–Région. Le reste repose sur un pari incertain : 70 M€ attendus de l’ADEME, 25 M€ d’emprunt, 10 M€ d’autofinancement… et plus de 90 M€ de financements encore introuvables.

La Cour des comptes souligne surtout l’absence de base économique solide : aucune étude complète de rentabilité n’a été produite. Le modèle repose sur l’espoir de capter jusqu’à 80 % du marché atlantique de l’éolien flottant – un scénario jugé irréaliste par les magistrats.

Le rapport rappelle également que le port a déjà mobilisé près de 100 M€ avec ses partenaires pour développer les énergies marines renouvelables, avec un retour limité : seulement 30 M€ de revenus engrangés depuis 2012. L’équation ne pourrait s’équilibrer que si les nouveaux parcs offshore, notamment celui d’Yeu–Noirmoutier, tiennent leurs promesses. Mais là encore, les incertitudes sont nombreuses et la Cour alerte sur un risque de désillusion.

Sous couvert de transition énergétique, le port engage donc des sommes colossales sans garantie de retour, au risque d’engloutir l’argent public dans un projet présenté comme vertueux mais dont la rentabilité reste une grande inconnue.

(Source : Cour des comptes, Rapport public sur le Grand Port Maritime de Nantes–Saint-Nazaire, sept. 2025)