En 2026, la France verra une redistribution notable des cartes en matière de salaires, portée par des pénuries de talents, des mutations économiques et l’essor de certains secteurs. Derrière les moyennes nationales, des écarts de rémunérations se creusent. Quels métiers seront les mieux lotis ? Tour d’horizon documenté.
Quels secteurs offriront les meilleurs salaires en 2026 ?

Les hausses ne seront ni homogènes ni garanties : elles dépendront des secteurs, des profils ciblés et des marges de négociation. Quelles seront les professions les plus rémunérées l’an prochain ? Et lesquelles devront se contenter d’ajustements symboliques ?
Perspectives globales des salaires en 2026 en France
Les premières tendances convergent vers une prévision mesurée mais réelle : les salaires devraient repartir à la hausse, après une année 2025 marquée par une stagnation relative. Selon les données publiées par Hellowork en septembre 2025, « les revalorisations salariales devraient repartir à la hausse en 2026, avec une augmentation médiane prévue entre 3,2 % et 3,6 % ».
Cette projection est confortée par les résultats du cabinet WTW, qui anticipe une enveloppe budgétaire de revalorisation salariale similaire, évaluée à 3,6 % pour 2026. Ces chiffres confirment une volonté modérée d’ajustement, sans flambée, mais ils cachent d’importantes disparités. En effet, plusieurs secteurs bénéficieront d’enveloppes nettement supérieures à la moyenne, notamment ceux sous tension ou en mutation rapide.
Le Guide des salaires publié par Robert Half France souligne que « les politiques de rémunération s’ajustent désormais à la rareté des compétences, à la montée en polyvalence des talents et aux nouvelles attentes en matière de flexibilité ou de reconnaissance ». Cette logique de rareté pousse certaines entreprises à accorder des hausses ciblées, plus généreuses que les moyennes générales.
Ainsi, malgré une croissance modérée, la cartographie des salaires 2026 montre des contrastes clairs, entre secteurs porteurs et domaines plus exposés à la modération salariale.
Les secteurs les mieux rémunérés : promesses et limites
Certains domaines affichent des rémunérations nettement supérieures à la moyenne et devraient poursuivre cette trajectoire en 2026. En tête, figurent les secteurs technologiques, juridiques, et les métiers liés à la gestion RH.
Dans son étude annuelle, Helloworkplace affirme que « la fonction RH… les salaires devraient progresser de 5,87 % en moyenne en 2026 (après 6 % en 2025) ». Ce niveau dépasse de plus de deux points les hausses prévues pour l’ensemble du marché, preuve que la fonction RH est désormais perçue comme stratégique dans un contexte de guerre des talents. Les profils les plus convoités sont ceux liés au recrutement, au développement des compétences ou à la gestion du changement.
Parallèlement, le secteur de l’énergie, notamment le nucléaire, mais aussi les énergies renouvelables, constitue un vivier de salaires élevés. Michael Page, dans une analyse datée du 5 septembre 2025, identifie clairement ces filières comme « sous tension », avec des besoins croissants en ingénierie, maintenance et cybersécurité. Les experts en sûreté, ingénieurs en production et managers de transition dans ces filières peuvent prétendre à des rémunérations à deux chiffres.
Les métiers de la finance d’entreprise, du contrôle de gestion et de l’audit interne devraient eux aussi tirer leur épingle du jeu, selon le Guide des salaires de Robert Half, qui intègre « des grilles salariales actualisées pour plus de 100 postes dans les domaines de la finance, comptabilité, IT, juridique, fonctions support spécialisées ». Ces fonctions combinent technicité, confidentialité et forte valeur ajoutée dans un contexte de digitalisation croissante.
Il faut aussi compter sur la tech : data analysts, développeurs full stack et responsables cybersécurité conservent un haut niveau de rémunération. Selon Hellowork, les postes techniques à forte valeur ajoutée resteront parmi les plus recherchés, avec des packages souvent renforcés d’avantages non monétaires, comme le télétravail étendu, les bonus ou les participations.
Dans l’ensemble, les secteurs les mieux rémunérés en 2026 sont ceux qui allient expertise rare, transformation numérique ou impératif de souveraineté stratégique. Toutefois, cette attractivité s’accompagne souvent d’un haut niveau d’exigence en matière de qualifications et de flexibilité.
Secteurs plus modérés : où les salaires pourraient stagner
À l’inverse, d’autres secteurs devraient connaître des hausses plus modestes, parfois inférieures à l’inflation projetée. L’hôtellerie-restauration, les services à la personne, ou certaines branches du commerce sont confrontés à des marges réduites, limitant leurs capacités d’ajustement.
Les publications de WTW et Michael Page mettent en lumière ce contraste : si certains métiers de proximité sont en tension, les contraintes budgétaires rendent les revalorisations plus difficiles à mettre en œuvre. Les salaires dans les fonctions peu qualifiées ou à forte rotation pourraient ainsi stagner, ou progresser sous la barre des 2,5 %.
Par ailleurs, les secteurs industriels à faible valeur ajoutée, comme certaines chaînes de production ou la logistique classique, restent vulnérables aux arbitrages économiques. Malgré des besoins de recrutement importants, les revalorisations sont souvent encadrées par des conventions collectives ou par des accords d’entreprise rigides.
Une autre dynamique concerne les fonctions administratives généralistes. Bien qu’elles soient indispensables, leur forte standardisation les expose à des hausses contenues. Les assistantes de direction, comptables juniors ou techniciens de back-office ne figurent pas parmi les profils dont la rémunération progressera sensiblement en 2026, selon les grilles observées par Robert Half.
Enfin, les entreprises adoptent une logique plus individualisée : les hausses ne seront pas forcément collectives mais ciblées selon les performances, les compétences rares ou la localisation géographique. Cette stratégie accroît les écarts entre salariés au sein d’un même secteur.