La DGCCRF alerte sur les pratiques trompeuses dans les salles de sport

Les irrégularités dans les salles de sport en France explosent au grand jour : selon l’enquête de la DGCCRF, plus de 70 % des établissements présentent des anomalies contractuelles ou commerciales.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 1 octobre 2025 8h43
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La DGCCRF alerte sur les pratiques trompeuses dans les salles de sport - © Economie Matin
46%46 % des contrats étudiés contenaient des clauses abusives ou illicites

Entre 2022 et 2023, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a passé au crible 571 salles de sport réparties sur tout le territoire français. Objectif : vérifier la transparence des pratiques, protéger le consommateur et garantir une concurrence saine dans un secteur fragilisé par la pandémie et marqué par la montée en puissance des enseignes low-cost.

Des anomalies massives révélées dans le secteur des salles de sport

L’enquête de la DGCCRF démontre que plus de 70 % des entreprises contrôlées présentaient au moins une anomalie. Sur 571 établissements visités, ce taux de non-conformité interroge la fiabilité d’un secteur en pleine expansion. D’autant plus que l’administration précise que ces irrégularités révèlent des manquements structurels.

Parmi les points noirs, 50 % des salles de sport présentaient une information précontractuelle insuffisante. Dans de nombreux cas, les clients signaient un contrat sans avoir reçu au préalable les conditions générales de vente ou le règlement intérieur, pourtant obligatoires. Selon la DGCCRF, ce défaut d’information place le consommateur en position de faiblesse, puisqu’il ne connaît pas ses droits avant de s’engager.

Et ce n’est pas tout. Dans 39 % des établissements, la facture était absente ou incomplète, compromettant la traçabilité des transactions. Plus préoccupant encore, près de 46 % des contrats étudiés contenaient des clauses abusives ou illicites. Certaines stipulaient par exemple que l’exploitant pouvait modifier unilatéralement les horaires ou augmenter les tarifs sans préavis. D’autres rendaient la résiliation extrêmement complexe, en imposant des délais ou des frais non justifiés.

Les inspecteurs ont également identifié des pratiques commerciales trompeuses dans 26 % des salles de sport, telles que l’affichage incomplet des tarifs ou la promotion d’abonnements « sans engagement » qui s’accompagnaient en réalité de frais cachés.

Clauses abusives et pratiques trompeuses : un marché sous tension

Le marché français de la salle de sport est marqué par une forte concurrence, exacerbée par l’arrivée de chaînes low-cost. Pour attirer des adhérents, certains acteurs misent sur des offres promotionnelles alléchantes. Mais la DGCCRF constate que cette logique commerciale entraîne parfois des dérives illégales.

L’organisation de défense des consommateurs CCA-GE souligne que les enseignes les plus agressives économiquement sont souvent celles qui multiplient les anomalies contractuelles. Le rapport insiste sur l’affichage partiel ou illisible des tarifs, pratique qui induit le consommateur en erreur et brouille la comparaison entre concurrents.

Les clauses abusives relevées sont tout aussi problématiques. Certaines interdisent au client de résilier son contrat avant plusieurs mois, même en cas de déménagement ou de maladie, alors que la loi prévoit des exceptions. D’autres exonèrent la salle de sport de toute responsabilité en cas de blessure, ce qui est juridiquement interdit.

Ces irrégularités ne sont pas nouvelles : en 2017 déjà, une enquête DGCCRF avait conclu que 67 % des salles contrôlées présentaient des anomalies. Huit ans plus tard, malgré une professionnalisation accrue du secteur, les chiffres montrent que les mauvaises pratiques persistent et se diversifient.

Sanctions, contrôles et nouvelles obligations pour les professionnels

Face à l’ampleur des résultats, la DGCCRF a pris des mesures significatives. Les suites données à l’enquête témoignent de la gravité des anomalies relevées. L’administration a adressé 390 avertissements aux exploitants, émis 785 injonctions de mise en conformité et dressé 31 procès-verbaux administratifs ainsi que 2 procès-verbaux pénaux.

Les obligations pesant sur les exploitants vont également évoluer. Dès le 19 novembre 2025, chaque salle de sport devra afficher clairement les dispositifs de prévention, de signalement et d’accompagnement des victimes de violences ou discriminations.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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