Santé : bientôt la fin du dispositif d’affection longue durée (ALD) ?

Après le quoi qu’il en coûte, et après avoir distribué des à tire-larigot, le gouvernement cherche par tous les moyens de faire des économies : 10 milliards d’euros, comme l’a annoncé Bruno Le Maire, auxquels pourraient s’ajouter 12 milliards d’euros d’ici l’été 2024. Et loin de s’attaquer à des domaines comme les fraudes sociale ou fiscale, celui-ci préfère se tourner vers les honnêtes Français. Après une tentative sur l’Agirc-Arrco, qui s’est soldée par un échec, l’exécutif ne se refuserait pas à toucher au dispositif de l’affection longue durée (ALD).

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 1 mars 2024 à 18h42
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20%de la population française bénéficie du dispositif d'affection longue durée (ALD)

Vers une réforme de l'ALD ?

Le dispositif d'affection longue durée (ALD) est une bouée de sauvetage pour près de 20% de la population, ce qui représente pas moins de 13 millions de Français. Il permet à des patients confrontés à une trentaine de maladies graves telles que le cancer, le diabète, ou l'insuffisance cardiaque, ou encore Alzheimer, de bénéficier d'une prise en charge à 100% par la Sécurité sociale des soins liés à leur maladie selon un plafond de revenus. Ne sont pas pris en charge les forfaits hospitaliers, les dépassements d'honoraires, les franchises, médicales ou encore la participation forfaitaire.

Pourquoi le gouvernement semble-t-il lorgner dessus ?  Parce qu'il représente les deux tiers des remboursements de l'Assurance maladie et qu'au vu du vieillissement de la population, et donc de l'augmentation du nombre de certaines pathologies, leurs parts ne vont cesser de croitre. En 2020, les dépenses liées au dispositif de l'ALD s'élevaient à 110 milliards d'euros, sur un total de dépenses de 166 milliards par l'Assurance maladie. Partant de ce principe, l'exécutif, par la voix du ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, estime qu'il n'est « pas illégitime, illogique, comme cela a été fait régulièrement, d’interroger (...) la pertinence de ces dispositifs ». Pour le moment, aucune mesure n'a été prise. Le gouvernement envisage entre autres de renforcer les règles concernant les ordonnances pour les patients en ALD. Une piste qui n'est pas « prioritaire » a voulu rassurer le ministre de la Santé, mais au vu de ses déclarations, une réforme d'une plus grande ampleur semble bien être la table.

Réduire les dépenses de la Sécurité sociale

Pour faire des économies, le gouvernement vise à réduire les dépenses de la Sécurité sociale. Après le doublement de la franchise médicale, qui devrait faire économiser 800 millions d'euros à l'Assurance maladie, l'exécutif appelle à ce que soit réduit le nombre de prescriptions de certains médicaments (d'au moins 10% pour les analgésiques), des arrêts maladie, et à réduire les dépenses pour les transports sanitaires (via le covoiturage notamment). 

Les déclarations au sujet des affections longues durées sont loin d'être passées inaperçues. Plusieurs associations, dont France Assos Santé, sont montées au créneau : « Alors que les franchises augmentent, que les cotisations aux complémentaires explosent, et que les personnes en ALD accusent les plus gros restes à charge, les associations d’usagers n’accepteront pas un nouveau coup porté aux personnes malades ! ».

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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2 commentaires on «Santé : bientôt la fin du dispositif d’affection longue durée (ALD) ?»

  • En ALD le patient ne touche pas d’argent
    Si l’ALD est enlevé il y a des patients qui se soigneront plus

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  • Liberté, égalité fraternité devant les soins. Si l’accès aux soins n’est plus possible pour certains, le pacte républicain sera rompu.

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