Santé : un test cérébral de 3 minutes pour détecter Alzheimer avant les symptômes

Une équipe britannique a mis au point un test neurologique d’un genre nouveau, capable d’anticiper l’apparition de la maladie d’Alzheimer bien avant les premiers signes cliniques. Simple, indolore et d’une rapidité inédite, il pourrait améliorer le dépistage précoce.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Last modified on 13 novembre 2025 15h32
Santé : un test cérébral de 3 minutes pour détecter Alzheimer avant les symptômes
Santé : un test cérébral de 3 minutes pour détecter Alzheimer avant les symptômes - © Economie Matin

Des chercheurs de l’université de Bath, au Royaume-Uni, ont dévoilé une avancée potentiellement déterminante contre la maladie d’Alzheimer. Ce test, basé sur un électroencéphalogramme (EEG), permettrait de repérer les premières altérations cérébrales liées à cette pathologie des années avant que les troubles cognitifs ne se manifestent. Dans un contexte où Alzheimer continue de toucher plus de 50 millions de personnes dans le monde, cette innovation pourrait constituer un tournant clé dans la stratégie de dépistage et d’intervention précoce.

Un test express, indolore, et fondé sur la reconnaissance d’images

Baptisé « Fastball », détaillé dans la revue Brain Communications, ce nouveau dispositif repose sur une technologie EEG, enregistrant l’activité électrique cérébrale en réponse à une série d’images projetées sur un écran. Contrairement aux examens traditionnels, il ne nécessite aucune participation active du patient ni réponse verbale, ce qui rend l'expérience particulièrement accessible, même aux personnes les plus vulnérables. Comme l’a précisé Futura-Sciences : « Pendant des années, Alzheimer progresse en silence, avant que les symptômes ne deviennent évidents. Mais des chercheurs anglais pensent avoir trouvé un moyen rapide et totalement indolore permettant d’identifier les patients à risque bien avant les premiers signes. » Le test, d’une durée de seulement trois minutes, analyse ce que l’on appelle la mémoire implicite de familiarité.

Le principe est simple, le cerveau réagit différemment à une image déjà vue, même si le sujet ne s’en souvient pas consciemment. Cette activité neuronale peut être mesurée et analysée pour détecter des anomalies précoces typiques de la maladie d’Alzheimer. Selon Science-et-Vie, les résultats de ce test sont prometteurs : les patients présentant un trouble cognitif léger (TCL), souvent précurseur d’Alzheimer, montrent une réponse cérébrale nettement plus faible à ces images familières que les sujets sains.

Vers une démocratisation du dépistage de la maladie d’Alzheimer

Jusqu’à présent, les méthodes de dépistage précoces d’Alzheimer reposaient sur des techniques coûteuses, invasives, et difficiles d’accès : ponctions lombaires, imagerie TEP-amyloïde ou encore IRM sophistiquées. Autant d’obstacles qui retardent le diagnostic et limitent l’accès aux traitements, surtout dans les zones à faible densité médicale. Dans ce contexte, Fastball présente une alternative précieuse. Comme le souligne Futura-Sciences, « ce test non invasif permettrait un dépistage de masse, à domicile ou dans des centres de soins primaires, bien plus tôt qu’avec les méthodes actuelles. »

L’étude pilote ayant servi à valider cette approche a été menée sur 106 volontaires : 54 adultes en bonne santé et 52 patients souffrant de TCL. Les chercheurs ont observé des réponses électrophysiologiques significativement altérées chez les patients à risque, signe d’un dysfonctionnement de la mémoire implicite, un marqueur subtil mais révélateur de l’évolution vers la maladie. D’après les scientifiques, cette méthode pourrait à terme être utilisée pour cibler les patients susceptibles de bénéficier des traitements émergents comme le lecanemab ou le donanemab, qui ont montré leur efficacité uniquement lorsqu’ils sont administrés à un stade très précoce de la maladie.

Des limites encore à franchir avant une adoption massive

Malgré l’enthousiasme, les chercheurs appellent à la prudence. L’étude, bien qu'encourageante, demeure de faible ampleur. Des essais cliniques plus larges, avec un suivi longitudinal sur plusieurs années, seront nécessaires pour confirmer la capacité du test à prédire de manière fiable l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Comme le rappelle Science-et-Vie : « Des suivis longitudinaux sur des cohortes plus larges seront nécessaires pour déterminer s’il anticipe l’évolution clinique et peut guider la prise en charge. » D'autres interrogations demeurent également sur la manière d’intégrer ce test au parcours de soins : comment interpréter les résultats ? À partir de quand traiter ? Quelle sera la réponse des autorités sanitaires ?

Pour l’heure, les chercheurs insistent sur le rôle complémentaire que pourrait jouer Fastball. Fastball ne remplace pas les autres outils de diagnostic, mais il pourrait être une porte d’entrée plus rapide, plus large, plus humaine. Enfin, reste la question du déploiement logistique à grande échelle. Bien que rapide et facile à administrer, le test nécessite encore un EEG, donc du matériel et du personnel formé, un défi qui pourrait ralentir sa diffusion dans les établissements de soins.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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