Sébastien Lecornu s’engage à valoriser la retraite des femmes

Dans un courrier transmis aux syndicats le 29 septembre, le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé que « l’amélioration de la retraite des femmes » figurerait dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026, une promesse budgétaire qui soulève à la fois des attentes et de vives critiques.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Last modified on 1 octobre 2025 20h32
Sébastien Lecornu s’engage à valoriser la retraite des femmes
Sébastien Lecornu s’engage à valoriser la retraite des femmes - © Economie Matin

Dans un contexte de déficit public estimé à 4,7 % du PIB, le chef du gouvernement Sébastien Lecornu a confirmé par écrit aux organisations syndicales que l’« amélioration de la retraite des femmes » serait intégrée au budget de la Sécurité sociale. Cette annonce découle directement des travaux du conclave sur les retraites tenu au printemps, mais sa portée réelle et son financement demeurent incertains.

Le contenu et les limites des mesures du conclave sur la retraite des femmes

Les mesures reprises par le gouvernement s’appuient sur les conclusions du conclave organisé en juin. Elles consistent principalement à ajuster le calcul des pensions pour les mères. Ainsi, une femme ayant eu un enfant verrait sa pension calculée sur ses 24 meilleures années au lieu de 25, tandis qu’une femme ayant eu deux enfants ou plus bénéficierait d’un calcul sur 23 meilleures années. Selon le site officiel du gouvernement, ces dispositions visent à compenser les carrières souvent interrompues par des maternités et à réduire l’écart persistant entre les retraites masculines et féminines.

Un autre volet prévoit que les femmes pouvant prétendre à des trimestres supplémentaires au titre de la maternité puissent en comptabiliser deux dans le dispositif « carrière longue », leur permettant ainsi de partir plus tôt à la retraite. Ces ajustements répondent à une demande ancienne des syndicats, mais ils ne concernent que les départs futurs et non les retraitées actuelles, comme le souligne une note de la CGT publiée le 2 juillet 2025. L’impact concret reste donc circonscrit à une génération limitée de salariées.

L’annonce budgétaire de Lecornu : promesse politique ou mesure effective ?

Dans le courrier adressé aux syndicats, cité par TF1 Info, Sébastien Lecornu a écrit : « certaines mesures issues du ‘conclave’ sur les retraites notamment celle relative à l’amélioration de la retraite des femmes feront l’objet d’une inscription au PLFSS pour 2026 ». Cette formulation engage le gouvernement à introduire le dispositif dans le budget, mais elle ne préjuge ni de son ampleur ni de son adoption finale par le Parlement. Pour Lecornu, il s’agit d’un signe donné aux partenaires sociaux afin de renouer le dialogue, après des mois de tensions autour de la réforme de 2023. Pourtant, l’annonce est jugée insuffisante par de nombreux syndicats.

Certains responsables rappellent que la différence entre un calcul sur 25 et sur 24 années n’apporterait qu’environ 6 euros bruts mensuels supplémentaires à une retraitée, estimation rapportée par l’AFP. Une revalorisation aussi modeste ne répond pas aux attentes de justice sociale exprimées depuis le début du mouvement de contestation. De plus, l’absence de calendrier clair et de chiffrage détaillé alimente le scepticisme sur la réalité de l’engagement.

Une réforme partielle de la retraite des femmes aux effets incertains

Les documents budgétaires évaluent le coût de ces mesures à environ 200 millions d’euros chacune en 2030, soit un total de 400 millions d’euros à financer selon l’Institut économique Ifrap. Dans un contexte où l’exécutif cherche à réduire de 6 milliards d’euros les dépenses de fonctionnement de l’État et à encadrer strictement la progression des dépenses sociales, cette enveloppe reste à arbitrer. Le gouvernement mise en partie sur des économies dégagées par le cumul emploi-retraite et sur un transfert de 500 millions depuis la branche accidents du travail et maladies professionnelles, mais un solde de 400 millions demeure à combler.

Au-delà des chiffres, la portée sociale du dispositif reste limitée. Les femmes aux carrières hachées, aux temps partiels fréquents ou aux parcours polypensionnés risquent de ne pas bénéficier pleinement de l’amélioration promise. L’Ifrap souligne par ailleurs que ces ajustements s’ajoutent à d’autres décisions du conclave, comme l’avancée de l’âge d’annulation de la décote à 66 ans et demi ou l’amélioration du traitement de la pénibilité, dont l’impact global demeure incertain. Dans ce contexte, la réforme apparaît davantage comme une étape symbolique que comme une refonte structurelle de la retraite des femmes.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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