Chaque jour, plus de 10 millions de colis en provenance de Chine arrivent en France. Mais au cœur de cette surconsommation, une autre dynamique se dessine : 70 % des Français veulent acheter plus de seconde main.
Seconde main : 1 Français sur 2 l’adopte pour continuer à consommer

Entre inflation persistante et urgence écologique, les habitudes d’achat des Français évoluent. Le neuf bon marché séduit toujours, mais une alternative s’impose avec force : acheter d’occasion.
Vêtements, électroménager, livres : la seconde main convainc
À l’heure où les prix flambent, où les étiquettes explosent, consommer devient un exercice d’équilibriste. En 2025, 62 % des Français déclarent ne pas pouvoir acheter autant qu’ils le souhaitent. Le réflexe premier reste la chasse aux bonnes affaires : 84 % scrutent les remises, les réductions, les soldes.
Mais le budget ne fait pas tout. Acheter moins mais mieux devient une norme : 80 % des Français affirment limiter leurs achats, et 71 % privilégient les produits durables. Pour deux tiers d’entre eux, acheter/consommer reste malgré tout un moment de plaisir.
Dans ce climat, les plateformes ultra-discount comme Shein ou Temu prospèrent. Elles capitalisent sur des prix cassés et une logistique redoutable. Résultat : 10,8 millions de colis chinois livrés chaque jour en France, trois fois plus qu’en 2022. Pourtant, ces plateformes ne procurent un réel plaisir qu’à 13 % des acheteurs, et génèrent de la culpabilité chez autant d’entre eux.
À rebours de cette frénésie low cost, la seconde main s’impose comme une réponse rationnelle. Économique, écologique, elle répond à la double exigence d’éthique et de pouvoir d’achat. Selon une étude commandée par le Collectif des Solutions Circulaires (réunissant neuf plateformes comme Label Emmaüs ou Recyclivre), 49 % des Français déclarent aimer acheter d’occasion.
Cette dynamique touche tous les milieux et tout le monde : 58 % des femmes, 49 % des parents, 30 % des moins de 35 ans. Fait remarquable : la seconde main attire à la fois les foyers les plus aisés (35 %) et les plus modestes (33 %). Ce n’est plus un marché de niche.
Les motivations sont claires. 59 % la voient comme une solution économique. Mais l’impact environnemental reste le moteur principal : 75 % estiment que ce mode de consommation est bénéfique pour la planète, contre 31 % seulement pour les produits discount. Autre levier : l’économie locale. Pour 68 % des sondés, acheter d’occasion soutient l’emploi local et valorise les circuits courts.
Neuf soldé : 44 % craignent la mauvaise qualité
Près de 41 % des adeptes de la seconde main déclarent ressentir de la fierté à acheter ainsi. Ils sont 49 % chez les moins de 35 ans à dire qu’ils s’y retrouvent pleinement, en accord avec leurs convictions.
La seconde main répond à une triple exigence : alléger la facture, limiter l’impact écologique, et consommer avec conscience et plaisir. Elle devient ainsi un marqueur identitaire, un levier d’action dans un monde saturé d’objets.
Mais elle reste fragile. Le neuf soldé conserve une image rassurante. 43 % des consommateurs y voient un gage de qualité, et 58 % un bon compromis financier. Les obstacles à l’achat d’occasion persistent : 44 % craignent la mauvaise qualité, 40 % déplorent l’absence de garantie, et un tiers redoute un manque d’hygiène.
La bonne nouvelle, c’est que les Français sont prêts. 70 % veulent acheter davantage de seconde main dans les années à venir. Mais ils attendent un accompagnement. L’étude Viavoice révèle que 89 % souhaitent plus de transparence des marques sur l’impact environnemental de leurs produits. Autant souhaitent que les fabricants facilitent la revente ou la réparation.
Côté politiques publiques, les attentes sont claires : 72 % plébiscitent la taxation de la fast fashion, et 73 % souhaitent des avantages fiscaux pour les achats d’occasion. La loi sur la fast consommation, votée le 10 juin 2025, va dans ce sens. Mais le Collectif appelle à aller plus loin : TVA réduite pour la seconde main, encadrement des budgets publicitaires des géants du low cost, et valorisation institutionnelle des circuits alternatifs.