Le Sénégal, nouvelle étoile montante de l’énergie gazière

Tournant une nouvelle page de son histoire, le Sénégal se place désormais en pôle position des grands producteurs d’énergie. L’ambition sénégalaise d’exporter du gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Europe représente une alternative crédible aux importations russes, plaçant ainsi le pays au centre des enjeux énergétiques internationaux.

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 31 mai 2023 à 18h12
Senegal Gaz Gta
10 millions de tonnesLe Sénégal entend fournir 10 millions de tonnes de GNL par an en 2030.

Gaz : le Sénégal compte augmenter progressivement ses volumes de production

Grâce à la découverte en 2021, au large de la frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie, de vastes réserves gazières dans l'Atlantique, le Sénégal s'affirme comme un acteur majeur sur la scène énergétique mondiale. En effet, ses champs partagés avec la Mauritanie (avec laquelle une bonne entente a été trouvée concernant ce gisement) devraient produire 2,5 millions de tonnes de GNL par an à partir de fin 2023, puis 5 millions de tonnes par an en 2027, et 10 millions de tonnes en 2030. Cette évolution majeure a déjà attiré l'attention de l'Allemagne, premier client européen du gaz russe, qui cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement.

Le Sénégal est certes encore loin des niveaux de production du Qatar et de la Russie certes. En 2027, le Qatar prévoit une capacité de production de 126 millions de tonnes par an, tandis que la Russie prévoit d'augmenter ses exportations de GNL à environ 8,3 - 9,6 trillions de pieds cubes par an d'ici 2035, ce qui correspond à plusieurs dizaines de millions de tonnes. Mais, bien que le Sénégal ne soit pas encore en mesure de rivaliser avec ces pays en termes de volume de production, l'augmentation rapide de sa capacité de production, combinée à sa position géographique avantageuse pour alimenter le marché européen, fait du Sénégal un fournisseur de gaz naturel de plus en plus important. La position géographique stratégique du Sénégal, en mesure de livrer du gaz en Europe en deux ou trois jours seulement, et son gaz quarante fois plus propre que le gaz de schiste américain, contribuent eux aussi à renforcer son attractivité sur le marché mondial de l'énergie.

Le Sénégal a l’une de meilleures gouvernances d’Afrique de l’Ouest

Le président sénégalais, Macky Sall, s'engage d’ailleurs à trouver « le juste équilibre entre le développement de ses capacités industrielles, la rente tirée de l'exportation et la préservation de l'environnement », assurant ainsi une approche durable et équilibrée dans l'exploitation de ces ressources précieuses. À noter que le Sénégal est reconnu pour avoir l'une des meilleures gouvernances d'Afrique de l'Ouest. Macky Sall lui-même n’est d’ailleurs pas étranger à ces problématiques : il est diplômé de géologie (IFP School en France) et est ingénieur en pétrole et gaz. Il est par ailleurs l’ancien ministre de l'Énergie du Sénégal. Grâce à son parcours, il est donc parvenu avec succès à mettre le projet GTA sur des rails pérennes.

GTA, un projet gazier censé fournir le monde en gaz pendant 20 ans

GTA, de quoi parle-t-on ? Le projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA) représente le plus grand développement d'hydrocarbures en cours dans la région, signalant une nouvelle ère d'autosuffisance énergétique et d'industrialisation pour l'Afrique de l'Ouest. Le navire FPSO, le cœur du projet, a achevé sa construction et est prêt à démarrer la production de gaz localement, sur place. Il a la capacité de traiter jusqu'à 500 millions de pieds cubes standard de gaz par jour et de produire 2,3 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an. L'importance de ce projet ne se limite pas à sa taille. Il introduit un approvisionnement à long terme en gaz naturel, créant ainsi des opportunités pour la production d'électricité, l'industrialisation et la génération de revenus par le biais des exportations.

Le pétrolier britannique BP, en partenariat avec Kosmos Energy et les sociétés pétrolières mauritanienne et sénégalaise, a récemment annoncé son intention de lancer la phase II du projet GTA, augmentant ainsi la production gazière du gisement. L'objectif est d'exploiter un total de quatre puits sur une période de 20 ans, faisant de ce projet une source d'énergie durable pour les décennies à venir. Cette initiative ambitieuse place le Sénégal sur la voie d'une prospérité énergétique durable, tout en contribuant à répondre aux défis énergétiques mondiaux.

En somme, le Sénégal illustre parfaitement comment l'innovation, l'ambition et une gestion responsable des ressources peuvent transformer une nation en un acteur majeur sur la scène énergétique mondiale.

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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