Shein et Lufthansa s’engagent pour un transport aérien plus durable

Fast fashion : tout est dans le titre, ou plutôt sur l'étiquette. Des vêtements vite produits, vite mis en vente, et surtout vite acheminés vers le consommateur. Un rythme de production effréné qui n'est pas sans conséquences sur le climat et l'environnement : d'après l'ADEME, le secteur textile serait à l'origine de 4% à 8% des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde – une part qui pourrait, si rien n'est fait, atteindre 26% en 2050. Toujours selon l'ADEME, les plus de 100 milliards de vêtements vendus chaque année sur la planète généreraient d'ores et déjà 4 milliards de tonnes de CO2 par an.

Vingt avions-cargos par jour en Europe

Si les géants H&M ou Inditex (Zara, Massimo Dutti, etc.) ont largement contribué au phénomène, ils sont depuis quelques années rejoints par des plateformes chinoises – Temu et Shein, pour ne pas les nommer – qui accentuent les tendances à l'œuvre. Des groupes dont le modèle économique repose sur un volume colossal de pièces à petits prix, livrées dans les boites aux lettres en un temps record. Et, pour honorer des délais de livraison toujours raccourcis, ces multinationales privilégient souvent l'avion aux porte-conteneurs, dont la traversée de la Chine au Vieux continent peut durer jusqu'à six semaines.

Ajoutée à l'activité des marques plus anciennes, la montée en puissance de Shein et Temu a donc eu des conséquences tangibles sur le trafic aérien. En 2023, l'association suisse Public Eye avait ainsi révélé que plus de 700 000 tonnes de vêtements, toutes marques confondues, étaient arrivées l'année précédente par avion sur le territoire de l'Union européenne (UE). Soit une moyenne de vingt avions-cargos par jour. Temu et Shein, qui expédieraient, d'après la société de conseil Cargo Facts Consulting, respectivement 4 000 et 5 000 tonnes de produits chaque jour par voie aérienne, contribuent donc de manière non-négligeable à l'augmentation du trafic.

Shein s'associe à Lufthansa pour réduire son empreinte carbone

C'est dans ce contexte que Shein a annoncé, le 20 août, la signature d'un protocole d'accord avec Lufthansa Cargo, une filiale de la compagnie allemande éponyme, pour promouvoir un transport aérien plus durable. Conclu le 19 août, le protocole vise notamment à accroître l'utilisation de carburant d'aviation durable (« sustainable aviation fuel » ou SAF) sur les vols Lufthansa Cargo dédiés aux livraisons de colis Shein. Une démarche qui s'inscrit dans la volonté affichée par l'entreprise chinoise de réduire l'empreinte carbone liée à ses activités de transport qui sont, comme on l'a vu, en hausse constante.

Dans le détail, les deux entreprises s'accordent un délai de six mois pour mettre en œuvre un certain nombre de solutions d'approvisionnement et de compensation en SAF, ainsi que des mesures qui favorisent la transition vers des énergies renouvelables (EnR) et à faible intensité carbone. « L'utilisation de carburants durables, l'efficacité de la flotte et la qualité des processus constituent la base de cette collaboration », affirment Shein et Lufthansa dans un communiqué de presse conjoint. « Grâce à ce partenariat, nous souhaitons tester et étendre progressivement l'utilisation du SAF », a déclaré à cette occasion Ethan Shen, directeur général de la gestion des commandes chez Shein.

« Une stratégie de décarbonation plus large »

Et ce, poursuit le dirigeant, « tout en continuant à explorer de nouvelles pistes pour réduire l'empreinte carbone de notre réseau de distribution ». Pas question, en effet, d'en rester là pour la multinationale, qui semble avoir conscience de l'exemplarité attendue d'elle : « si l'utilisation du SAF constitue une étape vers la réduction de nos émissions liées au transport et à la distribution », explique M. Shen, « nous la considérons comme faisant partie d'une stratégie de décarbonation plus large qui devrait également inclure l'optimisation de la logistique, l'efficacité de la flotte et l'exploration d'autres solutions à faibles émissions de carbone ».

De son côté, Ashwin Bhat, le PDG de Lufthansa Cargo, a estimé que la signature du protocole avec Shein « démontre l'importance de mesures concrètes et d'une mise en œuvre fiable dans le secteur du fret aérien international ». Preuve de l'importance que les deux groupes accordent à cette problématique, leur communiqué commun se conclut sur la promesse d'une « collaboration à long terme entre les deux entreprises ». Assisterait-on aux prémices d'une prise de conscience environnementale qui convaincra, peut-être, le reste de l'industrie textile d'emboîter le pas à Shein dans son virage écolo ?