En France, le jeu en ligne illégal bat tous les records. Selon le baromètre 2025 de l’Afjel, plus de 5,4 millions de Français misent sur des plateformes non autorisées, souvent sans le savoir. Ce marché parallèle, estimé à 2 milliards d’euros de produit brut des jeux, échappe au fisc et fragilise la politique de prévention des jeux d’argent.
Les sites de jeux d’argent illégaux coûtent 1,2 milliard à l’Etat

À la veille de son colloque annuel, l’Association française du jeu en ligne (Afjel) publie un constat sans appel : l’offre illégale de jeu en ligne gagne du terrain, au détriment des opérateurs agréés. L’étude, menée avec PwC, alerte sur une dérive structurelle : explosion du nombre de joueurs, pratiques commerciales agressives et perte de contrôle de l’État sur un secteur où les pari et casinos virtuels prolifèrent à l’ombre de la réglementation.
Le jeu en ligne illégal séduit plus de joueurs que l’offre régulée
En 2025, 5,4 millions de Français ont joué sur des sites illégaux de jeu en ligne, contre 3,5 millions sur les plateformes autorisées par l’Autorité nationale des jeux (ANJ). En deux ans, la fréquentation de l’illégal a bondi de 35 %, selon les données reprises par TF1 Info. L’Afjel évoque un « basculement historique » où le marché non régulé dépasse pour la première fois le réseau légal.
Cette croissance s’explique par la facilité d’accès à ces plateformes et par l’ignorance des joueurs : 80 % d’entre eux ne savent pas que ces sites sont prohibés, selon l’étude. L’écart s’accentue également avec la montée des paris sur l’e-sport, souvent hébergés à l’étranger. Pour Les Échos, cette dynamique confirme la difficulté des pouvoirs publics à freiner l’expansion d’une offre « sans frontières », malgré les blocages ordonnés par l’ANJ.
Une économie souterraine dopée par le marketing et l’illusion
Le succès du jeu en ligne illégal repose sur un écosystème sophistiqué. Les opérateurs non agréés multiplient les bonus démesurés, inondent les réseaux sociaux de publicités et recrutent des influenceurs pour contourner la réglementation. « Ces plateformes attirent les clients avec des bonus massifs, sponsorisent des équipes sportives et manipulent les moteurs de recherche », dénonce l’Afjel.
Certains acteurs vont plus loin : les groupes Partouche et Barrière ont signalé l’usurpation de leurs logos par des sites pirates. Barrière affirme avoir saisi la justice pour un préjudice de plusieurs millions d’euros, rappelle Sud Ouest. Ces pratiques entretiennent la confusion entre légal et illégal, d’autant que des partenariats sportifs brouillent le message : le PSG a récemment prolongé jusqu’en 2028 son contrat avec 1xBet, un opérateur pourtant prohibé en France, souligne le HuffPost.
Risques accrus, fiscalité en berne et débat sur la régulation
Derrière l’attrait du jeu en ligne illégal, les dégâts sont considérables. Deux joueurs sur trois y développent une pratique excessive ou pathologique, selon l’Afjel. Sans contrôle d’identité, les mineurs y accèdent facilement, tandis que les dispositifs d’auto-exclusion et de plafonnement sont inexistants.
L’impact financier est tout aussi préoccupant. Le produit brut des jeux illégaux atteint 2 milliards d’euros, avec un manque à gagner fiscal estimé à 1,2 milliard par an, selon le baromètre 2025. L’ANJ affirme avoir bloqué plus de 1 000 URL depuis le début de l’année, sans parvenir à endiguer la hausse.
