Starship : la fusée géante d’Elon Musk réussit son vol test

La fusée Starship de SpaceX, haute de 120 mètres et conçue pour les missions lunaires et martiennes, vient de réussir son vol test le plus abouti. Après un décollage depuis le Texas, le vaisseau a réalisé ses essais orbitaux et a terminé sa mission par un amerrissage maîtrisé. Une prouesse technique majeure pour un projet estimé à plusieurs milliards de dollars.

Jean Baptiste Le Roux
By Jean-Baptiste Le Roux Published on 14 octobre 2025 12h01
SpaceX franchit un nouveau cap avec le vol réussi de Starship. La fusée la plus puissante jamais construite a décollé du Texas, effectué ses manœuvres, puis amerri avec succès, confirmant le potentiel d’un programme à plusieurs milliards de dollars. Wikipedia
SpaceX franchit un nouveau cap avec le vol réussi de Starship. La fusée la plus puissante jamais construite a décollé du Texas, effectué ses manœuvres, puis amerri avec succès, confirmant le potentiel d’un programme à plusieurs milliards de dollars. Wikipedia - © Economie Matin

Une prouesse d’ingénierie sans précédent

Starship n’est pas une fusée comme les autres. Avec ses 120 mètres de haut et ses 4.600 tonnes au décollage, elle dépasse en taille et en puissance tous les lanceurs existants, y compris la mythique Saturn V des missions Apollo. Son premier étage, Super Heavy, aligne 33 moteurs Raptor fonctionnant au méthane liquide et à l’oxygène, un choix inédit visant à optimiser la réutilisation et réduire les coûts à long terme.

Le test mené depuis la base de Starbase, au Texas, a permis à SpaceX de valider plusieurs étapes cruciales : la séparation contrôlée des deux étages, la stabilisation en vol, et surtout la remise à feu en phase de descente. Ces séquences, intégralement automatisées, ouvrent la voie à une récupération intégrale du lanceur à terme, grâce à un système de bras mécaniques géants censés attraper le propulseur à son retour.

Un programme à la hauteur de son ambition

Derrière cette réussite, se cache un investissement colossal. Le programme Starship mobiliserait déjà, selon plusieurs estimations, entre 5 et 10 milliards de dollars. Ce coût inclut la conception des moteurs Raptor, les infrastructures de lancement, les essais en vol, et la production des prototypes. Elon Musk y voit cependant un pari stratégique : réduire drastiquement le coût par kilogramme mis en orbite, actuellement estimé à plus de 10.000 dollars pour la NASA, pour le ramener à moins de 200 dollars.

L’objectif est clair : faire de Starship un système de transport spatial réutilisable, capable de livrer des satellites, d’alimenter la Station spatiale internationale, puis d’emmener des équipages vers la Lune et Mars. En rendant l’accès à l’espace plus abordable, SpaceX espère révolutionner la logistique orbitale et relancer la conquête interplanétaire.

Un vol maîtrisé du décollage à l’amerrissage

Lors du dernier essai, Starship a démontré une stabilité en vol exceptionnelle. Après la séparation, le vaisseau a poursuivi sa trajectoire orbitale simulée avant d’entamer sa descente contrôlée. Les ingénieurs de SpaceX ont pu tester le comportement thermique du bouclier lors de la rentrée atmosphérique, un point critique pour les futures missions habitées.

Quelques minutes plus tard, le vaisseau a amerri dans l’océan Indien, conformément au plan de mission. Le propulseur Super Heavy, de son côté, a effectué une descente autonome avant d’être neutralisé en toute sécurité dans le Golfe du Mexique. Cette double réussite marque une étape clé vers la réutilisation complète du lanceur, un objectif qui reste au cœur de la stratégie de SpaceX.

Un horizon lunaire et martien encore lointain

Malgré cette avancée spectaculaire, le chemin reste long. Starship doit encore prouver sa fiabilité répétée avant de transporter des astronautes. Le calendrier du programme Artemis, qui prévoit un alunissage américain vers 2027, dépend largement de la capacité de SpaceX à livrer une version certifiée pour les vols habités.

Des experts soulignent aussi les défis techniques à venir : ravitaillement en orbite, récupération du vaisseau après retour terrestre, gestion thermique à haute vitesse. Parallèlement, la NASA et le Département de la Défense suivent de près les progrès du programme, qui pourrait aussi servir des objectifs stratégiques américains face à la Chine, désormais engagée dans sa propre course à la Lune.

Vers une nouvelle ère spatiale ?

Elon Musk poursuit sa vision : faire de Starship la clé d’un transport interplanétaire durable. La réussite de ce vol test prouve que l’ingénierie spatiale privée peut désormais rivaliser avec les programmes étatiques les plus ambitieux.

En réussissant à décoller, manœuvrer et amerrir sans incident, Starship valide une série de concepts inédits. Si les défis à venir sont immenses, le vol du 13 octobre 2025 restera sans doute comme le moment où la conquête spatiale a réellement changé d’échelle.

Jean Baptiste Le Roux

Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l'Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l'Association des Journalistes de Défense. Il publie de temps en temps dans la presse économique spécialisée.

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