Le 14 octobre 2025, Stellantis a annoncé un plan d’investissement de 13 milliards de dollars consacré à ses activités aux États-Unis. Ce projet, étalé jusqu’en 2029, s’inscrit dans une logique d’expansion industrielle et de sécurisation des chaînes de valeur. Selon Antonio Filosa, directeur général de la marque, « accélérer la croissance aux États-Unis a été ma principale priorité depuis mon premier jour ». En se dotant de moyens considérables, le groupe franco-italo-américain cherche à renforcer son ancrage local et à consolider son équilibre économique face à une concurrence mondiale exacerbée.
Un investissement de 13 milliards pour sécuriser la production locale
L’annonce de Stellantis marque un tournant stratégique. Avec 13 milliards de dollars injectés dans ses activités américaines, le constructeur affiche sa volonté de maîtriser l’ensemble de sa chaîne industrielle. L’enjeu est double : répondre à la demande locale et protéger ses marges face à la hausse des droits de douane. Selon Reuters, l’entreprise entend compenser un impact commercial évalué à près de 1,7 milliard de dollars, lié aux barrières tarifaires mises en place aux États-Unis. Ce mouvement s’inscrit dans la dynamique plus large de relocalisation industrielle promue par Washington depuis plusieurs années.
Le plan de Stellantis inclut la modernisation d’usines historiques situées dans l’Illinois, l’Ohio, le Michigan et l’Indiana, ainsi que le lancement de cinq nouveaux modèles destinés au marché américain. En produisant davantage sur place, le groupe réduira ses coûts logistiques et stabilisera ses flux d’approvisionnement. Cette approche constitue une réponse pragmatique à la volatilité du commerce mondial. Elle traduit aussi la volonté du constructeur de se rapprocher du consommateur américain, dans un contexte où la préférence nationale influence de plus en plus les décisions d’achat.
Cinq nouveaux véhicules, 5 000 emplois et un signal fort pour l’économie américaine
Le projet industriel de Stellantis ne se limite pas à une simple mise à jour de ses capacités de production. Il ambitionne de redéfinir la place du groupe sur le territoire américain. Plus de 5 000 emplois seront créés sur quatre États. Belvidere, dans l’Illinois, verra la réouverture de son site pour assembler deux modèles Jeep, tandis que Toledo (Ohio) accueillera un nouveau pick-up de taille moyenne. À Detroit, la production du Dodge Durango de nouvelle génération symbolisera le renouveau industriel du constructeur.
Au-delà des chiffres, cet investissement représente un signal politique fort. En consolidant sa présence industrielle aux États-Unis, Stellantis répond aux attentes du gouvernement américain, soucieux de stimuler l’emploi manufacturier. Antonio Filosa insiste sur cet aspect : « Le succès aux États-Unis n’est pas simplement positif pour Stellantis aux États-Unis – il nous rend plus forts partout », rapporte le communiqué publié par l'industriel. Pour ce dernier, chaque emploi créé agit comme un multiplicateur économique : il soutient le tissu de fournisseurs, redynamise les économies locales et réaffirme le rôle central de l’industrie automobile dans la croissance du pays.
Une manœuvre économique pour consolider la rentabilité et la compétitivité
En annonçant cet investissement, Stellantis adopte une posture de long terme. Dans un environnement marqué par l’inflation, la transition énergétique et les tensions géopolitiques, le groupe cherche à garantir la rentabilité de ses opérations américaines. Selon le communiqué officiel, la modernisation des usines inclura la production d’un nouveau moteur quatre cylindres, le GMET4 EVO, dans le site de Kokomo (Indiana). Ce moteur, plus efficient, illustre la volonté de réduire les coûts de production tout en augmentant la valeur ajoutée locale.
L’entreprise table sur une hausse de 50 % de sa production de véhicules assemblés aux États-Unis d’ici 2029. Cette montée en puissance doit soutenir les résultats financiers du groupe dans une zone considérée comme la plus lucrative de son portefeuille. L’industrie américaine, bien que confrontée à la concurrence asiatique, reste l’un des piliers de la croissance mondiale du secteur automobile. L’initiative de Stellantis s’inscrit donc dans une logique de compétitivité globale : produire localement, vendre localement, et renforcer la résilience du groupe face aux fluctuations du commerce international. Comme l’indiquait BFMTV, il s’agit du plus grand investissement américain du groupe en cent ans, symbole d’un retour offensif sur un marché devenu essentiel pour son équilibre économique.
Un signal à Wall Street et à la filière automobile mondiale
Cet investissement massif envoie également un message clair aux marchés financiers. En injectant 13 milliards de dollars aux États-Unis, Stellantis prouve sa capacité à dégager des ressources internes substantielles sans compromettre ses objectifs de rentabilité. L’opération témoigne de la solidité du groupe dans un contexte où plusieurs constructeurs historiques peinent à financer leurs transitions industrielles. Elle pourrait aussi renforcer la confiance des investisseurs, notamment à la Bourse de Milan, où le titre de Stellantis a enregistré une hausse de plus de 3 % dans les heures qui ont suivi l’annonce, selon Les Échos.
Sur le plan macroéconomique, le mouvement de Stellantis illustre la reconfiguration de l’industrie automobile mondiale. La relocalisation de la production, encouragée par les politiques américaines et européennes, modifie les équilibres géographiques du secteur. En plaçant les États-Unis au cœur de sa stratégie industrielle, le groupe envoie un signal fort : l’avenir de la compétitivité passe par l’investissement productif et la proximité avec les marchés. À travers cette opération, Stellantis ne se contente pas d’investir dans des usines ; il réinvestit dans la confiance, celle des salariés, des États et des investisseurs.