L’absentéisme enregistre un plus haut historique en France

C’est une tendance inquiétante : le taux d’absentéisme dans le secteur privé a atteint 5,8% en 2024, contre 5,3% en 2023, un plus haut historique, nous apprend le dernier baromètre de l’absentéisme en France réalisé par le cabinet Mercer.

Anton Kunin
By Anton Kunin Published on 22 juillet 2025 8h07
L’absentéisme enregistre un plus haut historique en France
L’absentéisme enregistre un plus haut historique en France - © Economie Matin
6,8%Le taux d'absentéisme atteint 6,8% chez les plus de 50 ans.

L’absentéisme explose en 2024 : un record historique confirmé

L'absentéisme est une tendance se renforce, et elle n’épargne aucune branche. Dans sa dernière étude sur le sujet, réalisée sur un panel de 575.000 assurés et 3.500 entreprises, le cainet Mercer dresse un tableau alarmant : le phénomène de l’absentéisme s’étend et s’enracine. À cela s’ajoute une durée moyenne d’arrêt en hausse, désormais fixée à 23,2 jours. La proportion de salariés affectés n’est plus marginale : c’est désormais une variable structurelle du travail contemporain.

Loin de se répartir de façon uniforme, l’absentéisme touche plus durement certaines catégories de salariés. Il est de 7,9% chez les femmes, contre 4,5% chez les hommes. Une asymétrie qui s’explique notamment par l’incidence croissante des troubles psychologiques post-pandémiques, ainsi que par la charge mentale accrue identifiée chez les salariées. La variable générationnelle joue également un rôle : les moins de 30 ans affichent un taux d’absentéisme de 5,4%, tandis que les plus de 50 ans atteignent 6,8%. La fracture est nette, et elle souligne une complexité croissante dans la gestion RH : concilier maintien en poste des seniors et intégration d’une jeunesse plus exposée aux fragilités psychiques.

Les causes profondes de l’absentéisme : entre pathologies physiques et délitement psychologique

Le rapport de Mercer confirme que les troubles musculosquelettiques et les maladies graves restent les premières causes d’arrêts longue durée. Mais l’émergence d’un nouveau facteur ne peut plus être ignorée : les risques psychosociaux, en croissance continue depuis 2020. Et Mercer d’alerter : « Les absences pour troubles psychologiques continuent d’augmenter depuis la pandémie ». Cette dynamique s’accompagne d’un phénomène encore trop sous-estimé : le présentéisme inversé. Des salariés viennent travailler tout en étant inaptes, jusqu’au point de rupture. Les arrêts surviennent alors plus tard, plus longs, plus lourds.

La désynchronisation entre les exigences de performance, la numérisation accélérée des process et les attentes de flexibilité exprimées par les salariés crée un terrain fertile pour l’usure psychique. Le monde post-Covid semble avoir transformé la relation au travail en profondeur, sans que les entreprises n’aient encore trouvé la clé de l’adaptation durable.

Un enjeu économique majeur : au-delà des chiffres, une alerte stratégique

Si l’on s’en tient aux seules données brutes, le coût de l’absentéisme est colossal : là-dessus, les différents acteurs du secteur sont unanimes. Selon les projections du cabinet Diot‑Siaci, chaque point d’absentéisme représenterait plusieurs milliards d’euros pour l’économie française. Pourtant, derrière les tableaux Excel, c’est bien la pérennité du modèle managérial français qui est en jeu. Dans son étude Datascope 2025, AXA observe une hausse globale de 4,5% du phénomène par rapport à 2023. Et ce malgré les politiques de prévention mises en œuvre. Pire : les DRH sont souvent démunis face à des absences en cascade, diffuses, où la frontière entre pathologie avérée et détresse personnelle devient floue.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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