Ces touristes que l’Europe ne veut plus voir

Alors que les rues de Barcelone ou les ruelles de Santorin crient leur ras-le-bol, le quotidien britannique The Telegraph a décidé de prendre le pouls du continent. En interrogeant des professionnels du tourisme en France, en Italie, en Espagne et en Grèce, il a dressé un portrait sans fard des touristes les moins appréciés en Europe. Cette radiographie, aussi implacable que croustillante, confirme certaines idées reçues, tout en en égratignant d’autres.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 25 avril 2025 12h00
Ces touristes que l’Europe ne veut plus voir
Ces touristes que l’Europe ne veut plus voir - © Economie Matin

Les touristes anglais remportent la palme

« Élégants et polis », mais allergiques aux langues étrangères. Voilà comment sont perçus les Britanniques dans de nombreux hôtels français, notamment dans le nord du pays. Leur réputation de touristes bien élevés vole en éclats dès qu’on aborde la question linguistique. L’enquête du Telegraph cite des hôteliers excédés par leur incapacité à formuler une commande autrement qu’en anglais.

En Grèce, c’est un tout autre registre. Des professionnels évoquent un comportement « animal dans les bars ou les restaurants » des touristes d’Outre-Manche. Une formule qui en dit long sur l’empreinte qu’ils laissent derrière eux. Et comme un écho, des établissements des Baléares pointent les mêmes dérives chez leurs voisins allemands, entre beuveries incontrôlées et invasion des plages à l’aube pour y poser leurs serviettes.

Français, Italiens, Espagnols : charme latin mais sélectivité sociale

Les Français ? « Sophistiqués, élégants, cultivés », mais peu enclins à se mêler aux autres. Les mots sont flatteurs, mais le constat est amer, les voyageurs hexagonaux brillent davantage par leur allure que par leur sociabilité. Le Telegraph note d’ailleurs qu’en France, la pratique du voyage reste un privilège, 40 % des Français ne partent pas en vacances, un chiffre quasi inchangé depuis 1989, selon l’Insee.

Les Italiens, eux, bénéficient d’une image solaire. Passionnés d’art, de gastronomie, extravertis, ils sont décrits comme « très démonstratifs », ce qui passe plutôt bien dans les pays du sud. Les Espagnols ? Chaleureux, certes, mais parfois bruyants à en réveiller une sieste provençale.

Américains et Chinois : l’exotisme ne suffit plus

Du côté des touristes venus de plus loin, les Américains sont vus avec un certain attendrissement : « généreux, émerveillés », selon un témoignage recueilli au Musée national de la Préhistoire en Dordogne. Leur enthousiasme est communicatif, leur pourboire aussi.

Les Chinois, en revanche, divisent. Appréciés pour leur discrétion et leur pouvoir d’achat, ils suscitent néanmoins l’agacement en Grèce : « Trop de selfies depuis les toits de nos maisons », raconte un habitant de Santorin, dans des propos rapportés par RTL. L’indiscrétion numérique peut aussi être une forme d’envahissement culturel.

Canaries, Venise, Barcelone : quand les habitants reprennent la parole

Mais l’opinion des professionnels du tourisme ne suffit plus. Les habitants, eux aussi, montent au créneau. Aux îles Canaries, la grogne se transforme en colère. « Je gagne 900 euros, le loyer en coûte 800. Nous vivons dans nos voitures, parfois dans des grottes », confie Ruben Zerpa, résident de Tenerife, au journal i.. En 2023, plus de 14 millions de visiteurs y ont été recensés.

Trop, beaucoup trop. Des manifestations sont organisées, des affiches posées pour dissuader les visiteurs : « Fermé pour cause de surpopulation », « Touristes, rentrez chez vous ». Un autre militant, Ivan Cerdena Molina, n’hésite pas à dénoncer l’impact des plateformes de location courte durée, dans des propos rapportés par Euronews : « Airbnb et Booking.com sont comme un cancer qui consume l’île petit à petit ».

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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