En France, le trafic aérien connaît un décrochage inédit. Entre fiscalité accrue, réduction de l’offre et tensions sociales, la baisse du trafic domestique devient structurelle, fragilisant l’aviation face à la reprise européenne.
Transports : le trafic aérien français retombe au niveau des années 80

Le 2 octobre 2025, la situation du trafic aérien français suscite de vives inquiétudes. Alors que la reprise se confirme ailleurs en Europe, le trafic intérieur stagne à des niveaux historiquement bas.
Trafic domestique : une aviation française en perte de vitesse
Le trafic intérieur s’étiole. La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM) révèle que le trafic domestique ne représente plus que 73 % de son niveau de 2019. La baisse est telle que les liaisons reliant Paris aux grandes métropoles régionales affichent des volumes équivalents à ceux observés en 1984. Pour Pascal de Izaguirre, président de la FNAM, « l’année 2025 montre un net ralentissement de la croissance du trafic en France », soulignant « une forme de décrochage français dans un environnement européen pourtant favorable », relaye BFMTV.
Dans le même temps, les chiffres du trafic intra-européen sont en recul : -1,4 % au deuxième trimestre 2025, puis -1,5 % au troisième. Ces données confirment le déclassement de la France au sixième rang européen en matière d’offre et la tendance illustre un phénomène durable.
Taxes : le prix du billet d’avion s’alourdit
Le cœur de la polémique se situe dans la fiscalité. La taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), inscrite au budget 2025, a triplé sur certains trajets. Pour un billet économique vers l’Europe, elle est passée de 2,63 euros à 7,30 euros. Une augmentation du prix qui pénalise le trafic de courte et moyenne distance, où les voyageurs comparent directement avec le train. Selon l’Union des compagnies aériennes françaises, « nous assistons à un décrochage brutal du trafic, lié directement à la hausse de la taxe sur les billets d’avion ».
Les transporteurs réagissent en ajustant leur offre. Ryanair a annoncé une réduction de 13 % de sa capacité en France pour l’hiver 2025/2026, soit 750 000 sièges supprimés, accompagnée de l’arrêt de ses opérations sur trois aéroports régionaux : Strasbourg, Bergerac et Brive, rappelle BFMTV. La contraction des capacités réduit les options de voyage, accentue la baisse de fréquentation et amplifie le déclassement du marché français.
À ces difficultés économiques s’ajoutent des tensions sociales qui pèsent sur le trafic. Le Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA) a lancé un appel à la grève pour les 7, 8 et 9 octobre 2025, couvrant l’ensemble des services jusqu’au matin du 10 octobre.
