Vacances 2025 : faute d’argent, 6 Français sur 10 font des concessions

Le soleil revient, les envies d’évasion aussi. Pourtant, sous la façade d’un regain d’enthousiasme, l’été 2025 s’annonce plus calculé que jamais. Entre arbitrages, restrictions et faux-semblants budgétaires, les Français affûtent leur calculatrice plus que leur valise.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 12 juin 2025 11h08
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tourisme, vacances, fti, faillite, tour opérateur, allemagne - © Economie Matin
63%63% des Français pensent partir en vacances à l'été 2025.

Le budget des vacances revient sur le devant de la scène en ce 11 juin 2025, date de publication de l’enquête annuelle de Cofidis. Alors que 63 % des Français prévoient de partir cet été, le montant alloué à cette pause estivale atteint un sommet inédit depuis 2022. Mais derrière cette embellie se cache une réalité moins flamboyante : les disparités sociales se creusent, et les arbitrages s’imposent pour nombre de foyers.

Vacances 2025 : un budget en hausse mais pas pour se faire plus plaisir

Après deux années ternies par les incertitudes économiques, l’été 2025 marque un rebond. 63 % des Français envisagent de partir en vacances, contre 55 % en 2024, retrouvant les niveaux de 2022. Le budget moyen grimpe à 2 035 euros, en hausse de 185 euros par rapport à l’année précédente. Ce montant global masque toutefois des écarts vertigineux : les catégories supérieures y consacrent 2 477 euros, les Franciliens 2 457 euros, tandis que les ménages modestes plafonnent à 1 512 euros, soit 500 euros en dessous de la moyenne nationale.

Chez ces derniers, le budget atteint même un plus bas historique : 1 713 euros en 2023, 1 645 euros en 2024, et une nouvelle chute cette année selon Cofidis. La hausse globale ? Une illusion d’optique dopée par les catégories les plus aisées. La majorité des vacanciers devra tailler dans les postes de dépenses, au détriment de leur confort.

Le prix des vacances augmente selon près de 9 Français sur 10

La flambée des prix, bien qu’un peu moins ressentie qu’en 2024, reste une plaie béante. 87 % des vacanciers notent une hausse sur les postes liés aux vacances, et 69 % annoncent devoir revoir leurs ambitions à la baisse. Un mot revient : arbitrage. Les premiers à faire les frais de cette austérité estivale ? Les achats plaisir (57 %) et la restauration (54 %). Même les loisirs sont passés au tamis.

La génération joue également un rôle : les plus jeunes grignotent sur le logement ou le transport, les plus âgés coupent dans les activités culturelles et la gastronomie. Quant à ceux qui resteront chez eux, le diagnostic est sans appel : 52 % évoquent un manque de moyens, un bond de 16 points par rapport à l’an dernier.

Vers un tourisme plus responsable… pour ceux qui peuvent se le permettre

La question écologique infuse les comportements. 49 % des Français déclarent avoir adapté ou vouloir adapter leur façon de voyager. Un chiffre qui monte à 64 % pour ceux qui acceptent de se passer de l’avion, 62 % pour ceux qui privilégient l’économie locale, et 55 % pour les hébergements labellisés. Des intentions encourageantes… freinées par le nerf de la guerre.

Car 78 % des sondés identifient le prix comme le principal obstacle à des vacances responsables. Devant les contraintes d’accessibilité (68 %), le manque d’offres attractives (58 %) et d’informations (56 %), ou encore la difficulté à modifier leurs habitudes (51 %), la promesse d’un tourisme vert reste suspendue à l’arbitrage du portefeuille.

Pouvoir d’achat : les Français obligés de partir en vacances à crédit

Face à l’érosion du pouvoir d’achat, les Français diversifient leurs stratégies de financement. 40 % puiseront dans leur épargne, autant dans leur budget courant. Mais le recours au crédit à la consommation s’installe doucement dans les habitudes : près d’un sur cinq (19 %) le considère comme utile pour partir. Le chiffre grimpe à 35 % chez les moins de 35 ans et 23 % chez les CSP-.

Encore marginal, l’usage effectif du crédit reste contenu : 3 % y auront recours, un taux stable, mais qui double chez les plus jeunes (8 %). Parallèlement, 11 % optent pour des paiements fractionnés ou différés. Une normalisation silencieuse de l’endettement pour les loisirs ?

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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