Sous l’impulsion d’importants investissements publics, la pratique de la bicyclette a largement augmenté en France. À Strasbourg, Grenoble, Bordeaux ou encore Paris, la part modale de la petite reine oscille désormais entre 10 et 15 %. Une part bien supérieure aux 3 % constatés sur l’ensemble du territoire, mais bien en deçà du niveau atteint par les Pays-Bas (27 %).
Éduquer pour sécuriser la pratique du vélo et accélérer son adoption massive

La faute, en particulier, à la sécurité. En effet, près de 50 % des Français estiment que la peur de l’accident les empêche de se déplacer à vélo (étude YouGov pour Bosch, janvier 2024).
Interrogés dans le cadre d’une enquête menée par Eurobaromètre, 43 % des nééerlandais déclarent que le vélo ou la trottinette est leur mode de transport principal. Cette part s’établit à seulement 5 % en France. Très loin de nos voisins bataves donc et même de la moyenne européenne (12 %). Comment expliquer un tel engouement aux Pays-Bas ?
Faire du vélo, un marqueur culturel
Outre les nombreux investissements réalisés dans les infrastructures, le vélo fait partie intégrante de la culture hollandaise. Dès la moyenne section, les enfants se voient dispenser un programme éducatif qui vise à leur inculquer les règles essentielles de la conduite à vélo. Celui-ci se ponctue avec le passage d’un examen national - une sorte de permis de vélo - destiné aux élèves âgés de 11 à 12 ans (l’équivalent de la 6ème en France). Aujourd’hui, près de 70 % des établissements néerlandais prennent part à cet effort pédagogique. Et les résultats sont particulièrement probants en matière de sécurité routière : le taux de mortalité est relativement faible (3,5 pour 100 millions de km parcourus), contre 8,3 dans l’hexagone.
Éduquer dès l’enfance
Si la France souhaite un jour atteindre des performances comme celles-ci, elle devra investir massivement en faveur de l’éducation au vélo. Des dispositifs, tels que le programme “Savoir Rouler à Vélo”, existent déjà. Mais ils sont largement sous-utilisés. Le taux de formation des enfants dans les grandes villes est aujourd’hui inférieur à 5 % : autour de 2,5 % à Marseille et Bordeaux ; moins de 0,5 % à Nice et Lyon, selon les chiffres de la banque des territoires. Ne tergiversons pas, intégrons l’apprentissage de la conduite du vélo dans les programmes scolaires. Et n’ayons pas peur de créer un examen national obligatoire pour les élèves de 6ème, en s’inspirant du modèle hollandais.
Si les investissements dans les infrastructures sont évidemment indispensables, nous nous devons d’aller au-delà, pour enfin lever les barrières psychologiques liées à l’accidentologie. Et la seule manière d’y parvenir est d’investir dans la formation dès le plus jeune âge, pour que le vélo s’ancre, enfin, de manière pérenne et profonde dans les habitudes des Français. Les premiers effets seront peut-être longs à observer, au moins une dizaine d’années, mais les résultats seront à n’en pas douter très positifs.