Le Royaume-Uni s’apprête à bouleverser le modèle économique de la voiture électrique avec une taxe calculée au kilomètre parcouru. Cette future contribution, interprétée comme un levier budgétaire mais aussi comme un outil d’équité fiscale, pourrait transformer l’usage du véhicule électrique.
Voiture électrique : bientôt une taxation au kilomètre parcouru ?

Le débat sur la voiture électrique a pris un tournant décisif au Royaume-Uni. Le gouvernement prépare en effet une taxe inédite au kilomètre, destinée à remplacer progressivement les recettes issues des carburants fossiles en forte baisse. Cette mesure, qui viserait à garantir un financement stable des infrastructures publiques, s’inscrit dans un contexte où la voiture électrique gagne du terrain et redéfinit les bases de la fiscalité automobile.
Une voiture électrique bientôt soumise à une taxation « au kilomètre », au nom de l’équité fiscale
Le projet britannique repose sur une idée simple : faire contribuer chaque voiture électrique en fonction de la distance réellement parcourue. Ce mécanisme taxerait ainsi environ 3 pence par mile, ce qui représente l’équivalent d’environ 0,034 euro par 1,6 km. Le gouvernement justifie cette taxe par une logique d’équité. Comme l’a affirmé un porte-parole officiel, « la taxe sur les carburants couvre l’essence et le diesel, mais il n’existe aucun équivalent pour les véhicules électriques ; nous voulons un système plus juste pour tous les conducteurs », selon une déclaration rapportée par The Guardian le 6 novembre 2025. Cette justification revient régulièrement dans le discours public, car la disparition progressive des carburants fossiles privera bientôt l’État d’une ressource majeure.
En effet, les recettes actuelles issues de la taxation des carburants sont estimées à environ 24,4 milliards de livres (28,2 milliards d’euros) pour l’exercice 2025-26, selon l’Office for Budget Responsibility. Pourtant, ces recettes ne cessent de diminuer, puisqu’elles ne devraient plus représenter que 2 % des revenus fiscaux en 2025-26, contre près de 7 % en 2019-20. La voiture électrique accélère donc un phénomène déjà enclenché, ce qui conduit inévitablement le Royaume-Uni à réinventer un système fiscal automobile cohérent, alors même que la transition énergétique s’accélère fortement à l’échelle du pays.
Une forte hausse des coûts pour chaque conducteur de voiture électrique
Le premier effet visible de cette nouvelle taxe au kilomètre sera son poids direct sur le portefeuille des propriétaires de voiture électrique. Selon les prévisions reprises par The Independent, un automobiliste parcourant environ 8 900 miles par an — soit environ 14 327 km — paierait environ 279 £ par an, soit approximativement 320 €.
Ce futur prélèvement, baptisé « VED+ », reposerait sur une estimation du kilométrage annuel fournie par le conducteur, sans suivi GPS intégré. Cette approche, détaillée par The Electric Car Scheme, a été conçue pour rassurer les automobilistes préoccupés par la protection des données personnelles. Elle permettrait en outre d’éviter un système trop complexe, tout en assurant un niveau minimal de contrôle fiscal, ce qui apparaît comme un compromis stratégique entre simplicité et efficacité.
Une mesure contestée, car susceptible de freiner la dynamique de la voiture électrique
Malgré la volonté affichée du gouvernement de rééquilibrer l’effort fiscal, plusieurs acteurs du secteur automobile contestent cette taxe. La Society of Motor Manufacturers and Traders (SMMT) a tenu un discours particulièrement critique. Selon l’organisation, « nous reconnaissons le besoin d’une approche nouvelle pour la fiscalité automobile, mais à un moment aussi crucial de la transition électrique, ce serait entièrement la mauvaise mesure au mauvais moment », comme l’a déclaré un porte-parole le 6 novembre 2025. La déclaration poursuit que l’introduction d’un « système aussi complexe et coûteux, ciblant les véhicules que les constructeurs ont justement pour mission de vendre, serait une erreur stratégique ».
Ce discours met en lumière la crainte de voir la voiture électrique perdre de son attractivité, alors même que les gouvernements européens cherchent à stimuler les ventes. La taxe pourrait en effet réduire l’avantage financier de la voiture électrique, avantage déjà fragilisé par la hausse du prix des batteries et la réduction progressive des subventions publiques. De plus, le marché britannique se trouve dans une phase où l’adoption du véhicule électrique dépend encore fortement de la perception des coûts à long terme, ce qui explique la réaction particulièrement vive du secteur industriel.
