Après avoir œuvré pendant plus d’une décennie au sein de Meta AI, le spécialiste français des réseaux neuronaux Yann LeCun quitte l’entreprise pour lancer sa propre start-up. Un signal fort dans le paysage de l’intelligence artificielle.
Yann LeCun : le ponte français de l’IA quitte Meta et lance sa start-up

Faire comprendre la structure du monde à l'intelligence artificielle, le défi de Yann LeCun au sein de Meta AI
Yann LeCun, qui occupait le rôle de chercheur en chef de Meta AI, s’apprête à quitter Meta pour fonder sa propre start-up, révèle le Financial Times. Depuis son arrivée à Meta (ou, plus exactement, le laboratoire Facebook AI Research (FAIR), en 2013), Yann LeCun avait incarné un pilier de la recherche en intelligence artificielle. Durant son mandat, il s’est concentré sur un pan de l’intelligence artificielle axé sur l’apprentissage profond et les architectures « world-models », qui visent à ce que les systèmes comprennent la structure du monde plutôt que de se limiter à traiter du texte. Ce positionnement de recherche s’inscrivait dans une logique de différenciation vis-à-vis des modèles de langage à grande échelle (LLM).
Ainsi, Meta AI bénéficiait de sa réputation académique : Yann LeCun est en effet co-lauréat du prix Turing (2018) pour ses travaux en réseaux de neurones avec Geoffrey Hinton et Yoshua Bengio. En parallèle, Meta a investi massivement dans l’infrastructure du groupe Meta AI : par exemple, pour le 3e trimestre 2025, les dépenses totales de Meta ont progressé de 32% pour atteindre 30,7 milliards de dollars, tandis que les dépenses d’investissement se sont élevées à 19,4 milliards de dollars.
Yann LeCun chercherait à sortir de la logique de « produit immédiat »
D'après les sources avec lesquelles s'est entetendu le Financial Times, le départ de Yann LeCun s’explique par plusieurs facteurs convergents. D’une part, Meta a profondément réorganisé sa stratégie IA en faveur d’une rapide mise sur le marché de produits basés sur l’intelligence artificielle, notamment via une nouvelle structure baptisée Meta Superintelligence, dirigée par Alexandr Wang. D’autre part, Yann LeCun se trouverait aujourd’hui dans une logique entrepreneuriale : toujours selon le Financial Times, il serait en pourparlers avec des investisseurs pour lever des fonds pour une start=up centrée sur les « world models ».
Pour le chercheur-entrepreneur, l’aventure qui s’ouvre consiste à prendre la direction d’une start-up indépendante dédiée à l’intelligence artificielle, avec l’idée de se dégager des contraintes d’une grande entreprise comme Meta et de poursuivre des axes de recherche vraisemblablement moins orientés produit immédiat et davantage sur le long terme.
Pourquoi ce départ est stratégique pour Meta AI et pour le secteur
Le départ de Yann LeCun constitue un signal fort pour l’écosystème de l’intelligence artificielle et pour Meta AI. D’un point de vue corporate, perdre un visage emblématique de la recherche peut affaiblir la crédibilité de Meta dans un marché où la bataille pour le talent académique s’intensifie.
Sur le plan du marché, Meta affiche des dépenses colossales dans l’intelligence artificielle : par exemple des acquisitions et engagements à plus de 14 milliards de dollars pour un partenariat avec Scale AI.
Enfin, pour le secteur des start-ups et de l’intelligence artificielle, ce départ illustre une tendance : des chercheurs de haut niveau quittent les grandes entreprises pour créer leurs propres entreprises, car ils considèrent que les meilleurs progrès viendront d’architectures audacieuses et moins contraintes par les impératifs commerciaux immédiats.
