« Banque centrale », une pièce de théâtre qui vaut son pesant d’or

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Par Philippe Herlin Modifié le 14 mars 2018 à 8h38
Banque Centrale Dechargeurs Piece Theatre
1998La Banque centrale européenne a été établie en 1998.

Au Théâtre Les Déchargeurs à Paris, un one man show sur la banque et la monnaie mérite amplement le détour.

Donner une pièce de théâtre intitulée "Banque centrale", n'est-ce pas courir au suicide, ou à la banqueroute ? Car le titre n'est pas un prétexte, on y parle vraiment de création monétaire, de crédit, de l'histoire de la monnaie et de la crise des subprimes ! Bon, heureusement, il ne s'agit pas non plus d'un docte cours universitaire, mais de l'histoire d'un fou dans un hôpital psychiatrique qui se prend pour l'État et qui sympathise avec un congénère, Banque Centrale, précisément, à qui il demande de l'argent.

Ce one man show ne repose pas sur des anecdotes, ce qui faciliteraient les choses à défaut d'aller en profondeur, mais aborde de front l'échange puis la création monétaire, les réserves fractionnaires, le passage de la pièce d'or au billet de banque, la naissance de la Banque Centrale Européenne, etc. Pendant l'heure quart que dure cette pièce très dense, on est captivé, en permanence entre le rire, l'ironie et l'humour, c'est une fête pour l'esprit.

Franck Chevallay, qui conçoit et interprète ce texte démontre un impressionnant talent d'écriture, un remarquable sens de la métaphore et de la pédagogie, un sens inné du rythme et de la tension. On peut déceler une lointaine filiation avec Calderon et ses pièces dans lesquelles les personnages incarnent des types ou des caractères (Le Grand théâtre du monde).

Tout juste pourrait-on lui reprocher, à un moment, d'accorder trop d'importance à cette théorie fumeuse que l'État se finançait gratuitement auprès de sa banque centrale afin d'alimenter la croissance économique, et que désormais il doit passer par les banques commerciales : durant les Trente glorieuses les comptes de l'État étaient équilibrés, par la suite le déficit provient surtout d'une dépense publique démesurée (embauche de fonctionnaires plutôt que des investissements). Bref. Et pourquoi ne pas dire un mot sur le bitcoin, encore que ce phénomène monétaire mériterait un spectacle à lui tout seul. Peut-être pour plus tard.

Quoi qu’il en soit, il faut aller voir "Banque centrale" au Théâtre Les Déchargeurs, tous les samedis à 17h, jusqu’au 26 mai.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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