Principales objections à la légalisation du cannabis

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Par Jean Costentin Modifié le 31 juillet 2016 à 18h44
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700 000700 000 français fument quotidiennement du cannabis

La revendication d’une légalisation du cannabis (chanvre indien) réapparait périodiquement ; les périodes électorales étant propices à son émergence. La loi sur les stupéfiants (1970) a déclaré le cannabis illicite ; malgré son ancienneté, elle n’a rien perdu de sa pertinence, de nombreuses données récentes confirmant sa nocivité. La France, au premier rang des états Européens pour sa consommation, compte 1 600 000 usagers réguliers et 700 000 usagers quotidiens.

Pourquoi le cannabis est-il mauvais ?

? Le cannabis, par son tétrahydrocannabinol (THC), induit une dépendance psychique, ainsi qu’une dépendance physique. C’est une drogue lente qui s’attarde des jours et même des semaines dans l’organisme, ce qui distille le syndrome d’abstinence attaché à sa privation.

? Le taux de THC des produits en circulation a été multiplié d’un facteur 3 à 8 au cours des dernières décennies. Les effets ébriants ne sont plus ceux d’une cannette de bière (5°) mais à ceux d’une flasque de whisky (40° alcoolique).

? Les premiers usages sont précoces : 300 000 collégiens l’ont expérimenté ; or, plus tôt l’essayer, c’est plus vite l’adopter et plus intensément se détériorer. Il s’abat ainsi sur des jeunes en pleine maturation cérébrale et en phase construction psychologique ; 20% des expérimentateurs l’adoptent (en deviennent dépendants) alors qu’on ne dispose d’aucun traitement pour les en détacher.

? L’usage de la pipe à eau, en vogue chez les adolescents, multiplie d’un facteur 100 la cession du THC à l’organisme.

? Le THC est la seule drogue qui se stocke durablement dans les lipides/graisses de l’organisme. Derrière son effet aigu (5 à 8 heures), associant sédation, ivresse, délire, hallucinations, d’autres effets, plus discrets, persistent plusieurs jours. Le cannabis n’est pas une drogue douce, c’est une drogue lente !

? Le cannabis est un passage vers d’autres drogues. Associé au tabac, il aide à la combustion de sa résine (haschich – shit) ; Il incite à la consommation d’alcool (avec lequel il fait mauvais ménage) ; Il incite au passage à la cocaïne, aux amphétamines et, pire encore, aux morphiniques.

? Ajouté au tabac il accroit sa toxicité chronique, responsable en France de 78 000 morts chaque année et de beaucoup d’estropiés. A l’heure où l’on voudrait éradiquer ce tabac, l’ajout du cannabis est criminel.

? La toxicité aigue du THC peut se manifester par :

Les « bad trips », faits d’anxiété, de sentiment de dépersonnalisation, d’impressions de devenir fou ou de sensation de mort imminente. L’ivresse, l’ébriété, sont à l’origine de comportements dangereux pour soi et pour autrui.

La désinhibition peut inciter à des prises de risque, à des relations sexuelles non consenties, ou sans prophylaxie contraceptive et sans prophylaxie des maladies sexuellement transmissibles (hépatites B ou C, SIDA..).

Des risques au volant, comme au travail (plus de 300 morts de la route lui sont imputables). Son association à l’alcool multiplie par 14 le risque d’un accident mortel. La lutte contre les accidents de la route et du travail passe par l’éradication du cannabis.

? Le cannabis diminue la sécrétion de l’hormone mâle, la testostérone ; réduisant la libido ; avec régression des caractères sexuels masculins ; diminution du nombre de spermatozoïdes et de leur capacité de féconder l’ovule. Il est responsable d’une variété de cancer du testicule (le « germinome non séminome »).

? 3/4 des femmes fumant tabac et cannabis sont incapables d’arrêter en cas de grossesse. Il s’ensuit : une prématurité ; une hypotrophie plus marquée que du fait de la seule prématurité ; un retard du développement psychomoteur dans l’enfance ; une incidence accrue de mort subite inexpliquée du nourrisson ; le développement fréquent du syndrome d’hyperactivité avec déficit de l’attention ; une vulnérabilité accrue à développer des toxicomanies à l’adolescence.

? Le THC diminue les défenses immunitaires (qui luttent contre les intrus microbiens). Ç’en est fini du cannabis chez les sidéens, où il peut tenir en échec les trithérapies coûteuse qu’on leur applique.

? La fumée du cannabis est plus agressive que celle du tabac pour les voies respiratoires. Elle comporte davantage d’oxyde de carbone, qui réduit la capacité de l’hémoglobine à transporter l’oxygène des poumons aux muscles («mauvaise pioche» pour les sportifs). Elle comporte 7 fois plus de goudrons cancérigènes (pour la gorge, les bronches et les poumons) que la fumée du tabac.

? Anesthésier nos jeunes au cannabis diminue leur résilience. Les évolutions de notre société les perturbent suffisamment pour ne pas ajouter à leurs troubles.

? Le cannabis est toxique pour le cœur et les vaisseaux (3ième cause de déclenchement d’infarctus du myocarde ; il induit chez des sujets jeunes des artérites des membres inférieurs, ainsi que des accidents vasculaires cérébraux).

? Des études récentes éclairent les mécanismes par lesquels le cannabis peut induire des cancers, des anomalies génétiques et des monstruosités chez les fœtus de mamans exposées au cannabis, ainsi que des modifications génétiques chez des enfants issus de parents qui en ont consommé avant de procréer.

? Le « cannabis médicament » est un subterfuge (cheval de Troie, pour le faire accueillir dans notre société). L’Académie Nationale de Médecine a conclu : « le cannabis : un faux médicament, une vraie drogue ».

? Ce sont les mêmes qui prônent la légalisation du cannabis et l’ouverture de « salles de shoots » pour toxicomanes ; leur dernière gare pour accueillir ceux qui ont débuté ce voyage sans retour dans le wagon cannabis.

? L’anxieux, apaisé par le cannabis, en use et bientôt en abuse ; quand il devient inopérant l’anxiété réapparait, bien plus vive qu’elle était primitivement. Il en va de même avec les troubles dépressifs qui, après avoir pu être apaisés, cessent de l’être pour réapparaitre plus gravement alors, avec un risque suicidaire accru.

? Le cannabis perturbe les processus éducatifs : par l’ivresse ; par diminution de l’éveil ; par défocalisation de l’attention ; en perturbant l’analyse des concepts, la synthèse des données, la formation de la mémoire à court terme, sans laquelle ne peut se constituer une mémoire au long cours. Il induit un syndrome amotivationnel. La France, qui dépense tant de moyens pour l’éducation de ses jeunes ne devrait tolérer que ses efforts soient ruinés par cette drogue (27 ième place au classement

? La relation est bien établie entre la consommation du cannabis et le développement de la schizophrénie (la folie). L’éradication du cannabis réduirait de près de 80 000 le nombre de schizophrènes. Le drame que constitue cette affection, pour ses victimes, leur famille et la société, justifie les efforts que l’on devrait déployer pour y parvenir.

Une étude néo-zélandaise montre que sur 1000 gamins ayant débuté leur consommation de cannabis entre 12 et 15 ans, 10 % d’entre eux (100 gamins) étaient devenus schizophrènes à 18 ans. Une autre, en Suède (1983), établit qu’avoir fumé plus de 50 « joints » avant 18 ans multiplie par 6 le risque de devenir schizophrène dans les 10 années suivantes.

La Suède qui s’était égarée dans la permissivité a redressé la barre, après en avoir mesuré les méfaits. Elle peut s’enorgueillir aujourd’hui de compter dix fois moins de toxicomanes que la moyenne Européenne.

Pour affronter la compétition internationale, il faut stimuler et développer l’intelligence de nos jeunes et non leur faciliter l’accès à une drogue qui, outre sa toxicité physique, rend dangereux, apathique, indifférent, résigné, revenu de tout sans être allé nulle part, anxieux, dépressif, voire fou.

La consommation des drogues licites, à l’origine d’une alcoolo-dépendance concernant en France quatre millions d’individus, faisant 49 000 morts tout comme l’addiction au tabac affectant quatorze millions d’entre nous et responsable de 78 000 morts annuelles, montre, grandeur nature, vers quels niveaux se situerait le nombre des fumeurs de cannabis si cette drogue était aussi librement dispensée.

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Jean Costentin est médecin, pharmacien et Dr. ès sciences, professeur émérite. Il a également été directeur de l’unité de neuropsychopharmacologie CNRS de 1986 à 2008 et directeur de l’unité de neurobiologie clinique du CHU de Rouen de 1999 à 2010. Membre des académies nationales de Médecine et de Pharmacie, il est lauteur des ouvrages « Halte au cannabis », Editions O. Jacob (2007) et « Cent raisons de ne pas dépénaliser l’usage du cannabis » Ed. O. Jacob (2012).

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