Tensions, slogans, colère et lacrymogènes. La traditionnelle journée de mobilisation du 1ᵉʳ mai a livré un portrait éclaté de la France sociale, entre démonstration de force syndicale et dérapages isolés.
300 000 manifestants et un PS agressé : le 1er mai sous tension

Ce jeudi 1ᵉʳ mai 2025, la France a de nouveau été le théâtre de défilés massifs dans plus de 250 villes. À Paris comme en région, les cortèges ont exprimé une série de revendications sociales sous haute surveillance. Mais derrière les banderoles, l’ombre d’incidents violents a pesé sur la journée, notamment autour du stand du Parti socialiste.
Manifestation du 1er mai 2025 : participation importante et revendications sociales
Ils étaient 157 000 selon la police, et 300 000 selon la Confédération générale du travail (CGT). Un écart significatif mais habituel. À Paris, les autorités ont recensé 32 000 manifestants contre 100 000 selon la CGT. Une progression notable par rapport à l’an dernier, où la participation avait été estimée à 121 000 au niveau national.
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, s’est réjouie sur LCI de « cette grande réussite » en précisant que 270 cortèges ont été organisés dans le pays. Les principales revendications portaient sur l’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires et la défense des services publics. À Dunkerque, les inquiétudes autour de la suppression de 600 postes chez ArcelorMittal ont mobilisé plusieurs centaines de salariés.
Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, a souligné la nécessité d’une « vraie politique industrielle » au niveau européen, mentionnant l’éventualité d’une nationalisation dans certains secteurs stratégiques.
À Paris, le stand du PS attaqué : incidents isolés et réactions politiques
À Paris, en milieu d’après-midi, des individus vêtus de noir ont ciblé le stand du Parti socialiste installé boulevard de l’Hôpital. Des projectiles ont été lancés, des banderoles arrachées et plusieurs militants agressés. Parmi les personnes présentes, Jérôme Guedj, député PS, a dû être exfiltré. Il a déclaré sur LCI : « Il y a une volonté de se faire du socialiste. Ces actes abîment la fête des travailleurs. »
Chloé Ridel, porte-parole du PS, a dénoncé sur X : « Nous avons été insultés puis attaqués par des black blocs : ils ont arraché nos drapeaux, donné des coups de pied, lancé des pétards. Un militant a été traîné au sol, un autre blessé, notre stand détruit. »
Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a annoncé des dépôts de plainte et a qualifié les auteurs des violences de « fanatiques qui ne servent aucune cause ». Il a affirmé : « Nous n’accepterons jamais la violence de fanatiques qui ne servent aucune cause et détruisent les combats collectifs. »
Le parquet de Paris a indiqué que 53 interpellations ont eu lieu dans la capitale, dont une personne placée en garde à vue pour des tirs de mortiers aux abords du stand PS. En tout, 72 interpellations ont été recensées en France, et 28 personnes placées en garde à vue.
Une fracture au sein de la gauche ? Réactions syndicales et politiques
Plusieurs responsables politiques ont réagi. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a déclaré à l’Assemblée nationale : « Vous abîmez notre pays quand vous chassez un député socialiste, au motif, qui a sans doute des relents antisémites, que son parti serait sioniste. »
Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a publié sur X : « Les socialistes ont leur place dans les manifestations. Pas les violences. »
Du côté syndical, Sophie Binet a condamné les violences tout en réaffirmant l’esprit festif et familial des cortèges. Marylise Léon a rappelé que malgré l’absence d’un cortège unitaire comme en 2023, « il n’y a pas de drame » et que les échanges entre syndicats se poursuivent.
Jean-Luc Mélenchon, intervenant depuis la place d’Italie, a préféré insister sur les revendications sociales et salariales, appelant à « continuer la bataille pour la retraite à 60 ans ».
Une journée marquée par la mobilisation, ternie par des tensions ciblées
La journée du 1ᵉʳ mai 2025 s’est déroulée sous une double dynamique : celle d’une participation importante aux revendications sociales, et celle de tensions ciblées, principalement à Paris. Si la majorité des cortèges se sont déroulés sans incidents majeurs, les violences visant certains élus du Parti socialiste ont suscité une vague de réactions politiques et syndicales.
Les plaintes déposées et les interpellations en cours pourraient donner lieu à des suites judiciaires.
