La troisième édition du baromètre des prélèvements fiscaux et sociaux, publiée le 27 novembre 2025 par le Conseil des prélèvements obligatoires, place de nouveau les impôts au cœur du débat national. Avec 78 % des citoyens qui considèrent que l’imposition globale est trop élevée, selon les données relayées par La Tribune, l’étude met en lumière une fracture grandissante entre la population et le système fiscal. Ce diagnostic nourrit les interrogations sur l’efficacité des politiques publiques et souligne un malaise qui dépasse la simple question budgétaire.
L’imposition jugée excessive par une majorité écrasante
Dans cette nouvelle édition du baromètre, les impôts apparaissent comme la principale source de mécontentement fiscal. D’après les chiffres publiés par le CPO, 78 % des sondés considèrent le niveau d’imposition global comme trop élevé. Ce résultat, déjà très haut l’an dernier avec 75 % selon Vie Publique, confirme la persistance d’un rejet massif. En parallèle, seuls 19 % jugent l’imposition « équilibrée », un niveau particulièrement faible pour un indicateur censé refléter la confiance envers le modèle fiscal. Ce décalage structurel entre l’imposition exigée et l’adhésion des contribuables traduit une crispation durable autour du mot impôts, renforcée par un environnement économique où chaque prélèvement supplémentaire est perçu comme un poids supplémentaire.
Le ressenti individuel suit la même trajectoire. Le baromètre 2025 indique que 61 % des Français estiment payer trop d’impôts sur leur propre situation. Ce chiffre se rapproche des 63 % mesurés dans l’édition précédente de la Cour des comptes, signe que la perception d’une imposition excessive reste solidement ancrée. Dans un contexte d’incertitude économique, cette impression d’être personnellement surtaxé s’accompagne d’une interrogation croissante sur le seuil d’imposition acceptable. L’écart entre la charge supportée et l’utilité perçue des services publics contribue à installer une défiance profonde, où l’impôt cesse d’être un outil de solidarité pour devenir un facteur de tension.
Une défiance accrue envers l’utilisation des fonds publics
Au-delà du taux d’imposition, c’est la gestion des fonds publics qui cristallise la rupture. Dans son analyse, le CPO appelle à « renforcer le consentement à l’impôt, démontrer la bonne utilisation des fonds publics et renforcer la confiance dans l’État ». Ce message souligne une problématique centrale : si les contribuables acceptent difficilement la hausse continue des prélèvements, c’est en grande partie parce qu’ils doutent de l’efficacité de la dépense. L’imposition devient ainsi l’expression d’un rapport fragilisé entre l’État et les citoyens, dans lequel chaque contribution est scrutée à l’aune de sa finalité réelle. La montée du scepticisme révèle aussi les limites d’un système fiscal perçu comme trop lourd et insuffisamment transparent.
La comparaison avec les éditions précédentes du baromètre confirme cette érosion progressive. Lors de la deuxième édition publiée début 2024, le CPO relevait déjà que seuls 33 % des sondés jugeaient leur imposition personnelle correcte, selon la Cour des comptes, tandis que 3 % déclaraient ne pas payer assez. Ces chiffres témoignent d’un consentement à l’impôt étroitement conditionné par la manière dont l’État justifie ses choix budgétaires. En 2025, la stagnation des niveaux de satisfaction, combinée à la hausse du rejet global, accentue la perception d’un modèle fiscal qui peine à convaincre. L’imposition, loin d’être un acte civique automatique, devient un baromètre de confiance, dans lequel toute opacité alimente la défiance.
Une pression fiscale jugée incompatible avec la conjoncture économique
L’économie française, marquée par l’inflation et le ralentissement de la croissance, renforce la méfiance envers les impôts. Pour une grande partie des ménages, la charge fiscale creuse un peu plus l’écart entre revenus et dépenses essentielles, ce qui nourrit l’idée que l’imposition contribue désormais à fragiliser leur situation économique. Les 78 % de Français qui jugent les impôts trop élevés expriment aussi un sentiment de décalage entre la réalité du terrain et les exigences fiscales.
L’analyse des données rappelle pourtant que la France se caractérise par un fort civisme fiscal, relevé dans les éditions précédentes. Cependant, ce civisme se heurte aujourd’hui à un seuil de tolérance atteint par une majorité de contribuables, puisque seuls 19 % estiment l’imposition équilibrée. Cette faible proportion interroge directement la capacité de l’État à restaurer la confiance par une utilisation plus démonstrative des fonds publics. Dans un climat socio-économique tendu, la fiscalité devient un marqueur politique majeur, révélateur d’une relation distendue entre la puissance publique et les citoyens. Le baromètre du CPO, en mettant en lumière ces écarts, souligne la nécessité de repenser la cohérence du pacte fiscal.
