Historiquement conçus par et pour les hommes, les antidouleurs sont moins efficaces chez les femmes. La plupart des médicaments sont testés principalement sur des hommes, ignorant ainsi les caractéristiques spécifiques des corps féminins qui représentent pourtant la moitié de la population.
Antidouleurs : pourquoi sont-ils moins efficaces pour les femmes ?

Une sensibilité plus importante à la douleur
Des recherches montrent que les femmes ressentent la douleur plus intensément que les hommes. Cette sensibilité est influencée par des facteurs biologiques comme les hormones et les réponses immunitaires. L'œstrogène, prédominant chez les femmes, modifie la façon dont la douleur est perçue et gérée dans leur corps. « Plusieurs études démontrent que les antidouleurs, qu'ils soient en vente libre ou sur ordonnance, comme l'ibuprofène, les stéroïdes et les opioïdes, ne sont pas aussi efficaces chez les femmes comparativement aux hommes », peut-on lire sur National Geographic.
Les experts ne comprennent toujours pas pourquoi, comme Elizabeth Losin, une neuroscientifique qui étudie les différences de sexe dans la réponse et la perception de la douleur. Les implications de cette différence de perception ne sont pas négligeables. Les traitements standard, efficaces chez les hommes, ne tiennent pas compte des variations hormonales féminines, entraînant des taux d'efficacité moindres chez les femmes. Cela les place souvent dans une position délicate, ayant à choisir entre souffrir plus ou risquer des effets secondaires plus graves.
Des traitements moins efficaces
Une recherche menée en 2020 a révélé que les femmes dégradent les médicaments plus lentement, entraînant des concentrations plus fortes dans le sang et une augmentation des effets secondaires indésirables. Les femmes possèdent moins de récepteurs pour certains neurotransmetteurs, comme ceux ciblés par les opiacés, ce qui réduit l'efficacité des analgésiques.
Kiran Patel, du Lenox Hill Hospital, souligne un autre aspect problématique : le métabolisme. Les femmes décomposent les médicaments différemment, résultant en une concentration plus élevée de ces substances dans le sang et, par conséquent, une probabilité plus importante d'effets secondaires indésirables. Cette réalité biomédicale force souvent les femmes à interrompre leur traitement, laissant leur douleur insuffisamment gérée.
Développer des antidouleurs adaptés aux femmes
Face à ces inégalités, la communauté scientifique cherche activement des solutions. Depuis que les lignes directrices du National Institutes of Health ont changé en 1993, les études incluent davantage de femmes, permettant ainsi une meilleure compréhension des interactions uniques entre sexe et médication.
Les chercheurs s'efforcent de développer des antidouleurs spécifiquement adaptés aux particularités biologiques des femmes. Cela comprend la formulation de nouveaux médicaments qui tiennent compte de la manière unique dont les femmes perçoivent et traitent la douleur. Cependant, malgré ces progrès, des défis subsistent pour assurer une transparence et une efficacité dans les essais cliniques destinés aux femmes.
