Rien n’est jamais figé, surtout en matière d’épargne. Les règles changent, les taux vacillent, et les solutions d’hier deviennent les casse-têtes d’aujourd’hui. À l’heure où le placement favori des Français, le livret A, perd de sa superbe, où peut bien aller l’argent sans perdre son âme – ni son rendement ?
Rendement du livret A en chute : quelles alternatives pour vos économies ?

Baisse du livret A : le début de la fin ?
Depuis le 1er février 2025, le livret A affiche un taux de 2,4 %, contre 3 % auparavant, après un gel de dix-huit mois qui avait rassuré les épargnants. Ce recul s’explique mécaniquement : l’inflation s’est repliée à 2 % en 2024, après un pic de 4,9 % en 2023, selon les données officielles de l’Insee. En vertu de la formule de calcul réglementaire, le rendement du livret A suit cette décrue, quitte à laisser un arrière-goût amer aux 57 millions de détenteurs.
Ce taux net d’impôts, certes toujours supérieur à ceux des comptes courants classiques, peine désormais à convaincre face à une offre concurrentielle de plus en plus agressive. Et que dire du Livret d’épargne populaire (LEP), autrefois star avec ses 6,1 %, qui ne sert plus que 3,5 % ? Une page se tourne, et avec elle, une partie du confort d’antan.
Assurance vie, la rivale paisible
Dans ce climat d’érosion progressive du rendement garanti, une alternative s’impose : l’assurance vie en fonds euros. Selon Capital, les meilleurs contrats ont délivré jusqu’à 4,65 % en 2024, bien au-dessus du livret A, tout en préservant le capital investi. Martin Alix (Primonial) le confirme sans détour : « En termes de rendement, de sécurité et de liquidité, l’assurance vie en fonds euros est un placement semblable au Livret A ».
Cependant, tout n’est pas rose. Contrairement au livret A, ces gains sont soumis à la fiscalité : au minimum les prélèvements sociaux à 17,2 %, voire davantage selon l’ancienneté du contrat et l’imposition choisie. Malgré tout, l’assurance vie reste l’option favorite pour ceux qui cherchent une meilleure rémunération sans basculer dans la spéculation.
Livrets bancaires boostés : illusion ou solution ?
Face à la morosité du livret A, certains acteurs n’hésitent pas à proposer des taux défiant toute concurrence. Le Livret Ramify+, par exemple, affiche un taux boosté à 5,45 % sur deux mois, pour une moyenne annuelle estimée à 2,63 %. Le Livret Cashbee promet quant à lui 6 % pendant deux mois, et 2,60 % sur un an, selon le comparatif établi par MoneyVox.
Mais attention à la poudre aux yeux. Ces taux sont souvent conditionnés à une durée de détention minimale, à des plafonds limités, ou à une souscription simultanée d’un compte courant. Et surtout, les intérêts sont fiscalisés à hauteur de 30 % (flat tax). Comme le note MoneyVox, « au-delà du plafond de l’offre, c’est le taux standard du livret qui s’applique », souvent bien inférieur.
SCPI et obligations : prendre des risques pour mieux gagner ?
Pour les épargnants prêts à s’éloigner de la prudence, les Sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) représentent une piste séduisante. Selon Capital, elles ont rapporté en moyenne 4,73 % en 2024, avec des pointes à 12 % pour les plus performantes. Mais ici, la liquidité n’est plus immédiate, et le capital n’est pas garanti. Olivier Herbout (Ramify) prévient sur Capital.fr : « On recommande d’investir pour une durée d’au moins 3 ans, pour éviter des pénalités de sortie imposées ».
Autre piste plus technique : les fonds obligataires. Moins risqués que les actions, ils peuvent offrir jusqu’à 7 % de rendement sur des créneaux ciblés, notamment les fonds dits high-yield. Mais là encore, la fiscalité pèse, et le timing d’entrée sur les marchés est crucial.