Depuis le 28 juillet 2025, plusieurs plages du littoral atlantique ont été fermées à la baignade à cause de la présence inquiétante d’un animal marin : la physalie. Aussi fascinante qu’insidieuse, cette créature aux allures inoffensives provoque chaque été un cortège de brûlures, de frayeurs… et de méconnaissance. Mais que sait-on réellement de ce spécimen venimeux qui sème le désordre sur les plages françaises ?
Vacances : alerte aux méduses physalie très dangereuses

La physalie, un faux air de méduse qui peut piquer fort
Ce que l’on appelle communément « galère portugaise » n’est ni une méduse ni un simple animal isolé. La physalie (ou Physalia physalis, sa déomination officielle) est en réalité une colonie de polypes. Chacun joue un rôle bien défini : l’un flotte, l’autre digère, un troisième chasse. Une sorte de division du travail redoutable, signée nature.
Derrière ses teintes bleutées séduisantes se cachent des filaments urticants pouvant atteindre 50 mètres de long. C’est cette arme biologique, traînante sous la surface, qui provoque la panique sur le sable. Et les douleurs sont à la hauteur du camouflage : brûlures, cloques, nausées, palpitations. Comme l'explique l'ARS des Pays de la Loire, ces symptômes sont parfois accompagnés de perte de connaissance ou encore de vertiges, douleurs abdominales et vomissements.
Pourquoi les plages ferment-elles face à la physalie ?
C’est une précaution de santé publique, mais aussi une nécessité de prévention. Les autorités n’hésitent plus à interdire l’accès aux zones touchées. En tête du classement ? Les plages des Landes, du Pays basque, mais aussi celles de Vendée et de Loire-Atlantique, déjà sous alerte début juillet 2025.
Derrière ces fermetures, un enjeu de responsabilité municipale. Car si un baigneur entre en contact avec une physalie, les conséquences peuvent rapidement virer à l'urgence médicale. Le dispositif PhysaTox, piloté par Santé publique France, recense chaque été plusieurs dizaines de cas d’envenimations parfois graves. Ce fichier national révèle une concentration saisonnière des incidents entre juin et août, avec une pointe nette fin juillet.
La conduite à tenir est formelle. Comme le rappelle l’ARS des Pays de la Loire : « Il est également recommandé de ne pas toucher l’animal, même s’il est échoué ou mort ». Car, contrairement aux idées reçues, le venin reste actif même après la mort de l’organisme.
Un danger sous surveillance, mais mal connu du grand public
Pourquoi ces animaux marins, habituellement observés au large, s’échouent-ils en nombre sur les plages ? En cause : des vents de sud-ouest et courants chauds, qui les poussent vers la côte. Une migration passive, mais redoutable. Ce sont les conditions météo – et non un comportement volontaire – qui les rendent visibles.
Dans une fiche préventive publiée sur son site, le CHU de Bordeaux évoque l’absence totale de remède miracle. Aucun antidote, aucun vaccin. La seule réponse : éviter le contact et savoir réagir. Les protocoles d’urgence sont clairs : ne surtout pas frotter, retirer les filaments avec une pince, rincer à l’eau de mer, et appeler le 15 en cas de malaise. Pour le Pr Jean-Louis Marc, cité dans le rapport PhysaTox de 2024, « le grand public continue de confondre physalie et méduse, alors que les traitements d’urgence ne sont pas les mêmes ». Un flou qui peut aggraver les blessures en cas de réaction inadaptée.
Une menace appelée à durer ? Les scientifiques s’interrogent
Le retour de la physalie n’est plus un fait isolé. Chaque été, les signalements se multiplient. L’Ifremer et Météo-France collaborent désormais à une cartographie prévisionnelle pour alerter les collectivités en amont. Mais le phénomène semble durable. Les scientifiques évoquent une hausse de la température des eaux et des modifications des courants océaniques, qui favorisent leur dérive vers les côtes européennes.
« La physalie pourrait devenir une habituée de nos étés si les conditions climatiques persistent », redoute un chercheur de l’Ifremer dans un rapport daté de juillet 2023. La surveillance est donc renforcée, mais le manque d’information reste criant sur certaines plages non surveillées.
