Fin des voitures thermiques en 2035 : pourquoi la France et l’Espagne s’opposent à l’Allemagne

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By Jehanne Duplaa Last modified on 23 octobre 2025 14h59
Fin des voitures thermiques en 2035 : pourquoi la France et l’Espagne s’opposent à l’Allemagne
Fin des voitures thermiques en 2035 : pourquoi la France et l’Espagne s’opposent à l’Allemagne - © Economie Matin
13,6 %En 2024, les véhicules 100 % électriques représentent 13,6 % de part de marché

En date du 21 octobre 2025, la France et l’Espagne ont officiellement de nouveau confirmé leur soutien à l’interdiction de la commercialisation des voitures thermiques neuves à l’horizon 2035, dans le cadre de la régulation européenne. Elles s’opposent ainsi à l’Allemagne, qui demande une assouplissement de cet objectif, estimant que la trajectoire actuelle pourrait fragiliser son industrie automobile nationale et ses emplois.

Positionnement des trois pays et enjeux contrastés

La France et l’Espagne ont publié une déclaration commune dans laquelle elles affirment que la révision prévue par la Commission « ne devra en aucun cas remettre en cause l’objectif de zéro émission » pour 2035, cite Courrier international. Tandis que l’Allemagne, sous l’impulsion de son gouvernement et de son industrie automobile, milite pour la “neutralité technologique”, c’est-à-dire la reconnaissance possible des motorisations hybrides, des carburants synthétiques ou d’un moteur thermique prolongateur après 2035, d'après Le Monde.

En clair, la France et l’Espagne veulent maintenir le cap sans dévier, alors que l’Allemagne souhaite adapter l’échéance pour éviter un choc industriel. Cette divergence reflète à la fois des ambitions climatiques, industrielles et géopolitiques différentes.

Pourquoi la France et l’Espagne maintiennent la date 2035

Pour la France et pour l’Espagne, trois raisons majeures expliquent leur attachement à l’échéance de l’interdiction des voitures thermiques neuves :

D’abord, la cohérence climat. Elles considèrent que reculer l’échéance remettrait en cause la crédibilité européenne face à l’urgence climatique. Par exemple, l’Espagne souligne que le maintien de la date permet d’offrir une visibilité aux investissements dans la chaîne électrique.

Ensuite, l’enjeu industriel et stratégique. Pour Madrid comme pour Paris, maintenir 2035 crée un signal clair à la filière automobile et aux investisseurs : l’essor des véhicules zéro émission est inéluctable et une filière compétitive doit s’y préparer.

Enfin, l’affirmation politique européenne. En s’associant, la France et l’Espagne entendent peser dans les négociations européennes pour éviter qu’un assouplissement accordé à l’Allemagne ne serve de precedent pour d’autres États-membres.

Les freins et le défi de l’industrialisation pour les voitures thermiques et leur suppression

Maintenir la date de 2035 pour l’interdiction des voitures thermiques neuves impose de surmonter plusieurs obstacles.
D’une part, les infrastructures de charge électrique sont encore jugées insuffisantes, avec notamment un risque de goulot d’étranglement dans certains États membres. Par ailleurs, la filière automobile européenne doit affronter la concurrence croissante des acteurs asiatiques dans la production de batteries.

D’autre part, le risque social reste élevé. L’industrie liée aux moteurs thermiques emploie encore des dizaines de milliers de personnes en Allemagne — et c’est précisément cet argument que Berlin met en avant pour réclamer l’assouplissement.

En résumé, conserver l’échéance de 2035 est un pari à la fois technologique, industriel et social — que la France et l’Espagne sont prêtes à relever, mais que l’Allemagne estime prématuré.

Impacts attendus et scénario de ce bras de fer sur la voiture thermique neuve

Si la position de la France et de l’Espagne l’emporte, l’industrie européenne se trouvera sous pression accélérée pour adapter ses chaînes à la fin de la vente des voitures thermiques neuves dès 2035. Cela implique des investissements massifs dans l’électrification, la chaine de valeur des batteries, et les infrastructures de recharge.

À l’inverse, si l’Allemagne obtient un assouplissement, la trajectoire de la fin des voitures thermiques pourrait être repensée : apparition plus longue des hybrides rechargeables, des carburants alternatifs, voire une prolongation de motorisations thermiques “nettes”. Le risque est alors que l’échéance 2035 perde de sa force symbolique et retarde la transition.

Dans tous les cas, l’issue de ce débat aura un effet domino sur les constructeurs, les sous-traitants, les États membres et in fine sur le consommateur européen à la recherche d’une voiture neuve à moteur thermique ou non.

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