Airbnb : la location bientôt autorisée seulement 60 jours par an ?

Les locations touristiques de courte durée, via les plateformes comme AirBnb, Abritel et autres, est une nouvelle fois pointée du doigt. Après avoir limité, et parfois interdit, ce type de location, les élus veulent aller plus loin. En l’occurrence, deux sénateurs aimeraient que les limites de nuitées soient baissées de moitié.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 10 juillet 2023 à 8h30
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16,4%Sur AirBnb, les prix des locations ont augmenté de 16,4% entre 2018 et 2022.

Airbnb : une « concurrence déloyale » des hôtels ?

La question des locations Airbnb en France, et tout particulièrement dans la Capitale, se fait pressante. Les Jeux Olympiques de 2024 devraient, si tout va bien, apporter un flux massif de touristes du monde entier. Les hôteliers de Paris et des villes participantes attendent ce moment avec impatience. L’occasion, peut-être, de compenser un peu les années de la Covid-19.

Mais les députés Stéphane Mazars (Renaissance) et Stéphane Peu (PCF) s’inquiètent. La concurrence de AirBnb est de plus en plus forte. Ils parlent même, dans un rapport rendu le 5 juillet 2023, de la nécessité de mettre en place une « concurrence loyale et non-faussée ». Comprenez : Airbnb est potentiellement une concurrence déloyale faite au secteur hôtelier.

Réduire par deux le nombre de nuitées de location ?

La concurrence des plateformes de type Airbnb envers les hôtels plus classiques est loin d’être un problème nouveau. Les locations AirBnb faussent l’offre et la demande en termes d’hébergements touristiques, mais aussi en termes d’offre immobilière pour les résidents. Les lieux très touristiques, comme les bords de mer, sont directement touchés, avec des prix d’achat de l’immobilier qui explosent et l’absence de biens mis en location à l’année.

Limiter le nombre de nuitées qu’il est possible de proposer sur AirBnb pourrait donc être une solution aux deux problèmes. Et, d’ailleurs, à Paris et dans plusieurs villes, il n’est autorisé de louer son appartement sur AirBnb que 120 jours par an. Mais pour les députés c’est encore trop. « C’est une question de bon sens. Qui est absent de sa résidence principale quatre mois dans l’année ? », demande de son côté le député PS Iñaki Echaniz, rappelle Le Parisien.

Quatre mois, c’est beaucoup. Alors les députés auteurs de ce nouveau rapport proposent de diviser par deux ce temps. Soit de n’autoriser la location sur AirBnb que 60 jours par an. Ce qui limiterait fortement la rentabilité des investissements locatifs et pourrait retourner le marché.

AirBnb s’inquiète déjà d’une possible limitation plus importante

L’idée pourrait attirer l’œil de l’exécutif, qui s’intéresse à la question AirBnb depuis longtemps. D’autant plus que la hausse des taux de crédit immobilier, portée par la hausse du taux d’usure et la fin de la politique monétaire avantageuse de la BCE, conduisent à un fort ralentissement du marché immobilier en France. Contraindre les propriétaires de logements AirBnb à les remettre sur le marché faute de rentabilité au niveau de la location répondrait aussi à ce problème.

Et AirBnb ne juge pas la décision improbable. La plateforme a déjà réagi, convoquant le « pouvoir d’achat » des Français. « Airbnb va permettre aux familles françaises de bénéficier directement de cet évènement majeur en complétant leurs revenus grâce à la location de leur bien. Baisser le nombre de jours autorisés pour la location d’une résidence principale revient à affecter le pouvoir d’achat de ces familles en cette période d’inflation, sans pour autant avoir un impact sur l’offre de logement disponible. Près de deux tiers des hébergeurs français disent qu'ils comptent sur la location de leur bien pour faire face à l'augmentation du coût de la vie. Nous voulons travailler avec le gouvernement et les villes afin de permettre aux habitants de continuer à pouvoir bénéficier de cette opportunité pour subvenir à leurs besoins. »

Mais ce pouvoir d’achat n’est pas donné à tout le monde : pour louer son bien sur AirBnb il faut… avoir une solution d’hébergement secondaire. Les personnes pouvant louer 120 nuits par an ne sont donc pas les familles les plus en difficulté à la fin du mois. Pour les autres, 60 jours par an devraient largement suffire...

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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