2025 s’impose comme une année charnière pour l’Arctique. Porté par des températures records et un effondrement accéléré de la cryosphère, le dernier rapport de la NOAA confirme une rupture climatique aux conséquences globales. L’hiver, tel que nous le connaissions, s’efface peu à peu.
Arctique : 2025, année la plus chaude jamais enregistrée selon la NOAA

La NOAA a publié, le 19 décembre, son Arctic Report Card, un document incontournable qui dresse un état des lieux alarmant de la situation dans l’Arctique. Entre octobre 2024 et septembre 2025, la région a connu ses températures de surface les plus élevées depuis le début des relevés en 1900, confirmant une dynamique de réchauffement rapide et persistante. L’Arctique n’est plus seulement un territoire lointain, il est devenu le baromètre planétaire des dérèglements climatiques en cours.
Une année de tous les extrêmes pour l'Arctique, selon la NOAA
Le dernier rapport de la NOAA confirme que l’année 2025 a marqué un nouveau seuil dans le réchauffement de l’Arctique. Selon les données compilées, les températures de surface ont atteint des niveaux sans précédent pour une période annuelle allant d’octobre à septembre, un découpage qui reflète le cycle hydrologique naturel. Comme l’indique le Bulletin arctique 2025, « les températures de surface de l’Arctique ont été les plus élevées jamais observées depuis le début des relevés en 1900 ». Parallèlement, la NOAA souligne que les dix dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées dans la région.
Un constat implacable appuyé par le climatologue Howard Diamond : « Aujourd’hui, le Bulletin arctique 2025 a été publié, marquant vingt ans de suivi du réchauffement rapide et des transformations de l’Arctique. ». Cette déclaration résume deux décennies d'observations continues et d'aggravation constante. L’évolution des précipitations offre un autre indicateur de cette accélération. Pour la même période, les cumuls de pluie et de neige recensés en hiver, au printemps et à l’automne se classent tous parmi les cinq plus importants depuis 1950. Cette recrudescence s’ajoute aux impacts déjà visibles sur les écosystèmes, renforçant l’urgence climatique.
Glace en recul, pergélisol déstabilisé : les équilibres s'effondrent
L’effondrement des surfaces gelées constitue un signal d’alerte d’une clarté glaçante. En 2025, la banquise a continué de battre des records négatifs. Les 19 plus faibles étendues de glace de mer mesurées en septembre ont toutes été enregistrées au cours des 19 dernières années, d’après la NOAA. La calotte glaciaire du Groenland, quant à elle, poursuit sa fonte inexorable. Chaque année, la masse de glace diminue, alimentant l’élévation du niveau des mers et déséquilibrant les courants océaniques.
Cette tendance lourde est aggravée par la réduction spectaculaire du manteau neigeux terrestre : depuis 1967, son étendue en juin a été divisée par deux, accentuant l’absorption de chaleur par les sols. Le phénomène d’« atlantification » n’est pas en reste. Désormais, les eaux chaudes et salées de l’Atlantique atteignent le centre de l’océan Arctique, modifiant profondément sa composition et son comportement thermique. Cette intrusion océanique accélère la perte de glace sous-marine et modifie les courants, avec des répercussions jusque dans les bassins tempérés.
Rivières qui rouillent et bouleversements biogéochimiques
Parmi les manifestations les plus saisissantes du changement climatique arctique en 2025 figure l’émergence de plus de 200 rivières dites « rouillées ». Cette dénomination, issue d’observations satellitaires, renvoie à une décoloration des cours d’eau provoquée par la libération de métaux oxydés due à la fonte du pergélisol. Ce phénomène illustre l’un des volets les plus inquiétants du dérèglement en cours. « À l’échelle des bassins versants arctiques, les changements biogéochimiques deviennent eux aussi de plus en plus visibles, sous l’influence d’un réchauffement du pergélisol sur plusieurs décennies », précise le Bulletin arctique 2025.
Au-delà de la couleur inhabituelle de ces rivières, ce sont les équilibres chimiques et biologiques qui vacillent. La libération d’éléments toxiques ou d’anciens agents pathogènes piégés dans le sol gelé pourrait transformer durablement les écosystèmes aquatiques et terrestres de l’Arctique. Enfin, le Bulletin marque un anniversaire symbolique. Vingt ans après sa première publication, il se veut aussi un avertissement : « Après vingt années de publication continue, le Bulletin s’impose comme une chronique des changements en cours et comme un avertissement sur ce que l’avenir nous réserve ».
