Dans le village d’al-Mughayyir, des bulldozers escortés par des soldats ont déraciné, le 24 août, des arbres, principalement des oliviers palestiniens, selon des sources locales et des témoignages relayés par l’AFP et TV5 Monde. Cette opération, qui s’est déroulée dans le cœur de la Cisjordanie, s’inscrit dans un contexte marqué par des tensions persistantes entre colons israéliens et paysans palestiniens.
Cisjordanie : des bulldozers déracinent des arbres palestiniens à al-Mughayyir
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Published on 26 août 2025 18h00
Des bulldozers à l’assaut des oliviers
Sur les hauteurs du village, plusieurs engins mécaniques ont avancé dans les vergers, l’un d’eux arborant un drapeau israélien, tandis que des militaires stationnaient en contrebas, comme l’a rapporté H24info.ma. Pour les habitants, le spectacle fut synonyme de désespoir. Abdelatif Mohamed Abou Aliya, agriculteur, a vu disparaître en une journée un hectare de terre, où s’élevaient des oliviers « de plus de 70 ans ». Selon ses propres mots : « Ils les ont complètement déracinés et rasés, sous des prétextes fallacieux ».
Cette destruction touche directement l’économie agricole du village. Les oliviers, colonne vertébrale des revenus locaux, sont essentiels à la subsistance des familles palestiniennes. Ghassan Abou Aliya, responsable d’une association agricole, estime que ces actes visent à pousser les paysans vers l’exil : « L’objectif est de contrôler et de forcer les gens à émigrer ». Pour lui, l’arrachage systématique d’arbres va bien au-delà d’un simple enjeu foncier, il s’agit d’une stratégie visant à asphyxier la communauté.
Une opération militaire sous justification sécuritaire
Les autorités israéliennes ont justifié l’opération par des motifs sécuritaires. Selon l’armée, une « intense activité opérationnelle » a été déclenchée le 21 août 2025 après une « grave fusillade » contre des colons israéliens, peut-on lire sur L’Orient-Le Jour. Les forces évoquent la nécessité de « nettoyer la zone » autour d’une route où l’assaillant présumé se serait caché dans la végétation. Cette version souligne la volonté de transformer le terrain agricole en zone sécurisée, au détriment des habitants palestiniens.
Parallèlement, une ONG palestinienne de défense des prisonniers a signalé qu’au moins 14 arrestations avaient été effectuées en trois jours dans le village. Ces interpellations massives renforcent le climat d’intimidation dénoncé par les habitants. Elles s’ajoutent aux pertes économiques subies, car la disparition des arbres prive les familles d’une ressource financière vitale, tout en accentuant la fragilité sociale dans la Cisjordanie rurale.
Un sentiment d’injustice pour les palestiniens
Au-delà des hectares détruits, l’opération traduit un déséquilibre profond. Les oliviers représentent une mémoire collective, un capital de plusieurs générations. La perte d’arbres âgés de plus de 70 ans ne se résume pas à une valeur marchande, elle incarne l’effacement d’une identité agricole palestinienne. Chaque arbre déraciné marque une rupture avec une histoire familiale, mais aussi un affaiblissement de l’économie villageoise déjà fragilisée.
Les témoignages recueillis par les médias montrent une population découragée, mais également déterminée à dénoncer ce qu’elle considère comme une politique d’expulsion déguisée. Les bulldozers, escortés par l’armée, deviennent dans ce contexte l’instrument visible d’une stratégie plus large. L’arrachage des arbres en Cisjordanie ne peut être compris uniquement à travers l’angle sécuritaire israélien, il révèle un affrontement autour du contrôle des terres, où l’économie palestinienne est directement frappée.