L’affaire de la cryptomonnaie $Libra, associée au président argentin Javier Milei, ressurgit avec éclat. Alors qu’une commission parlementaire évoque une « escroquerie présumée » et pointe la responsabilité directe du chef de l’État, les pertes accumulées par les investisseurs se comptent en centaines de millions d’euros.
Argentine : Javier Milei au centre d’une arnaque aux cryptomonnaies

Le 14 février 2025, en pleine effervescence autour des marchés numériques, le président Javier Milei publie sur ses réseaux un message vantant la cryptomonnaie $Libra. cette publication provoque un afflux instantané d’achats et une envolée fulgurante du jeton. Toutefois, à peine quelques heures plus tard, la chute vertigineuse de l’actif entraîne des pertes massives pour des dizaines de milliers d’investisseurs, alimentant une enquête parlementaire qui conclut désormais à une « escroquerie présumée » dans laquelle le président argentin idolâtré par les libéraux a joué un rôle central.
Les liens entre Javier Milei et la cryptomonnaie $Libra au cœur des soupçons
Le nom de Javier Milei apparaît sans cesse dans cette enquête, malgré ses dénégations publiques. Dans un rapport d’environ deux cents pages, la commission parlementaire affirme que le président « utilisé son rôle pour propager ce qui pourrait être une escroquerie » selon le Buenos Aires Herald. Cette formulation reflète l’inquiétude institutionnelle grandissante autour d’une promotion jugée incompatible avec les devoirs d’un chef d’État. Pour les élus, l’utilisation de l’autorité présidentielle pour partager l’adresse d’un contrat crypto constitue un acte politiquement lourd. Javier Milei avait déclaré quelques jours après le krach : « Je ne l’ai pas promu, je l’ai seulement partagé », selon le HuffPost Espagne. Malgré cette défense, l’enquête souligne au contraire un schéma bien plus coordonné.
Car, en effet, les faits documentés dépassent largement une simple publication. Le Buenos Aires Herald rapporte que le président a tenu seize réunions avec les principaux promoteurs du projet $Libra avant et après le lancement du jeton. Ce chiffre montre une implication continue. Et la commission souligne que sa sœur, Karina Milei, aurait facilité l’accès des promoteurs aux lieux officiels. Le député Maximiliano Ferraro affirme : « Les faits étudiés sont compatibles avec une escroquerie ».
Des pertes massives : l’ampleur d’un effondrement fulgurant
L’effondrement de $Libra reste l’un des épisodes les plus brutaux de l’histoire crypto. Le jeton passe en quelques minutes d’une valeur initiale de 0,000001 dollar à plus de 5,20 dollars, soit une envolée fulgurante. Cependant, en dépit de cette hausse spectaculaire, le prix s’effondre de plus de 85 % peu après, provoquant une capitalisation ramenée d’environ 4,6 milliards à 162 millions de dollars.
Les pertes globales font encore débat, mais elles s’étalent entre 280 millions de dollars, soit environ 264 millions d’euros selon La Tribune, et 400 millions de dollars, soit environ 377 millions d’euros. ElDiario.es précise que 114 410 portefeuilles ont essuyé des pertes, dont 498 ayant perdu plus de 100 000 dollars. En outre, 3144 portefeuilles ont perdu entre 10 000 et 100 000 dollars. Par ailleurs, trente-six portefeuilles identifiés auraient engrangé plus d’un million de dollars chacun, ce qui alimente davantage l’hypothèse d’une manipulation organisée. Pour étayer cette idée, le Buenos Aires Herald rapporte que les créateurs du jeton détenaient entre 70 % et 84 % de l’offre totale, avant de retirer entre 80 et 100 millions de dollars de liquidité en quelques heures. Ce comportement, selon la presse spécialisée, correspond typiquement à un schéma de rug pull.
L’enquête parlementaire argentine : méthodes, révélations et responsabilités
L’enquête parlementaire, ouverte pendant trois mois, adopte une méthodologie rigoureuse : auditions, analyses blockchain, expertises externes et recoupements internationaux. Le rapport final, long d’environ deux cents pages selon elDiario.es, constitue l’un des documents les plus détaillés jamais produits sur une possible arnaque crypto impliquant un chef d’État en exercice. La commission indique que Javier Milei a « compromis sa fonction » en promouvant la cryptomonnaie, selon une citation d’El Dínamo. De surcroît, cette formulation s’inscrit dans un contexte où son compte officiel a partagé l’adresse exacte du contrat token, donnant une visibilité institutionnelle sans précédent à un actif hautement spéculatif. Des procédures judiciaires ont été ouvertes en Argentine et une action collective est en cours devant la justice fédérale américaine.
