L’achat d’art et la collection : entre mythe et réalité

De la vente du Salvador Mundi à 450 millions de dollars en 2021 à celle de la collection Paul G. Allen pour 1.6 milliards en novembre 2022, le marché de l’art ne cesse de croître et d’impressionner grâce à ses sommes records. Selon le rapport Art Basel x UBS, il est estimé aujourd’hui à 67.8 milliards de dollars (dont 17 milliards sur le second marché), pourtant, il semblerait que ces sommets ne reflètent pas la réalité de ce marché.

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Par Artransfer Publié le 27 avril 2023 à 5h13
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14%Les femmes ne représentaient que 14% des 500 artistes les plus vendus dans l'Art contemporain.

Les chiffres du marché

Le biais des médias

Lorsque le marché de l’art se dévoile au grand public, c’est par le biais des médias généralistes. Néanmoins, ne gagnent les gros titres que les ventes de collections ou pièces exceptionnelles atteignant des montants pharamineux. Ce fut le cas de la vente du Salvador Mundi pour 450 millions de dollars et ses débats quant à son attribution à Léonard de Vinci qui ont immédiatement fait la une des journaux. La presse généraliste ne s'intéresse également qu'aux prestigieux collectionneurs dont les noms riment avec grandes fortunes à l’instar de Bernard Arnault - aujourd’hui homme le plus riche du monde – ou de François Pinault.

Ainsi, ces ventes et personnes renommées se font les représentantes du marché de l’art au grand public. Pourtant, elles n’en représentent qu’une mineure partie. En effet, le rapport sur le marché de l’art 2022 publié par Artprice remarque que seulement 1.682 lots ont dépassé le million de dollars, dont 24 au-delà des 50 millions. Si ces chiffres semblent assez élevés, il faut néanmoins rappeler qu’un total de 704.747 lots ont été vendus aux enchères en 2022. Si ces prix ont un impact important sur la valorisation globale du marché, ils ne reflètent alors pas toute la diversité de ses transactions et comptent pour moins de 1% de celles-ci. 

Un marché segmenté

En effet, ce marché de haut niveau dissimule un marché très actif et accessible : les ventes au-delà de 50 000 dollars ne représentent qu’environ 3% des transactions, et 41% concernent des ventes à moins de 800 dollars. Le marché se divise ainsi en deux catégories bien distinctes : un marché de haut niveau présenté par les médias, et un marché plus abordable mais méconnu.

Cette segmentation du marché semble se définir de plus en plus, et nous remarquons ainsi une nette hausse des ventes de multiples, éditions et photographies qui enregistrent des croissances allant jusqu’à +151% ces dix dernières années.

L’impact sur les collectionneurs

Une séparation projetée

Comme mentionné précédemment, cette segmentation du marché se remarque également au niveau sémantique. Ainsi, une étude menée par Artransfer, plateforme de revente d’œuvres d’art entre particuliers ayant pour objectif de démocratiser la pratique de la collection, remarque que plus de la moitié des collectionneurs ne se considèrent pas comme tels. 

Cette problématique est une autre conséquence des phénomènes médiatiques évoqués précédemment et renforce ainsi la segmentation du marché. Les collectionneurs qui n’interviennent pas sur le marché de « haut niveau » se considèrent plutôt comme des « amateurs » d’art, détachant alors leurs achats des notions spéculatives propres au marché. Cette séparation révèle une problématique d’accessibilité du marché, qui est jusqu’ici encore considéré comme un marché de niche aux nombreuses barrières.

Un changement de paradigme en cours

Si l’on ne peut nier que le marché de l’art « haut niveau » demeure une part essentielle du marché, il semblerait néanmoins que le marché de l’art s’ouvre peu à peu au public « d’amateurs ». Cela se remarque notamment par la multiplication des ventes d’éditions, de multiples et de photographies mentionnées précédemment et particulièrement pour les ventes de photographies. En effet, le rapport sur le marché de l’art 2022 publié par Artprice met l’accent sur le changement drastique du prix de vente des lots en photographie depuis 2012 : les lots à moins de 500 dollars ont quadruplé en l’espace de dix ans alors que ceux à plus de 100 000 dollars ont presque diminué de moitié. Il en demeure que le nombre de lots vendus a augmenté de 75% sur cette période, témoignant d’une réelle ouverture du marché à un nouveau public.

Ce gain d’accessibilité se remarque également depuis la crise sanitaire liée à la Covid-19, et les ventes d’œuvres à moins de 1000 dollars ont augmenté de 52%. La forte digitalisation du marché liée à cette période semble également participer à cette arrivée de nouveaux publics, et a vu naître de nombreux projets de plateforme de vente digitale telle qu’Artransfer, dont l’objectif est de démocratiser la pratique de la collection et de défaire le marché des barrières traditionnelles entre « collectionneurs avertis » et « amateurs d’art ».

Pierre-H. Way pour Artransfer

Lien vers les études citées : 

https://theartmarket.artbasel.com/

https://fr.artprice.com/artprice-reports/le-marche-de-lart-en-2022

https://www.artransfer.com/blog/la-collection-definition-pratiques-et-marche

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Première plateforme de revente d’œuvres d’art contemporain entre particuliers, Artransfer facilite les transactions en proposant un cadre simple, sécurisé et confidentiel. Fondé par des professionnels du marché de l’art, Artransfer offre également un service personnalisé de recherche d’œuvres d’art ainsi que tout un écosystème pour faciliter la gestion de la collection. Rendre le pouvoir à l’amateur d’art, telle est la mission d’Artransfer et de Magda Danysz, Laurent Hassid, Haude Le Roux et Constance Remy, ses co-fondateurs

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