32 milliards pour la Santé ? La fausse promesse d’Attal

Une annonce du Premier ministre Gabriel Attal a suscité un tollé de la part des médecins français. Au cœur de la polémique, une promesse de 32 milliards d’euros d’investissement sur cinq ans dans la Santé. Un investissement qui existe… mais qui n’est pas une annonce.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 16 janvier 2024 à 8h22
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2 MILLIARDS €Elisabeth Borne avait réclamé deux milliards d'euros d'économies aux hôpitaux.

La Santé va-t-elle recevoir 32 milliards d’euros ?

Le 13 janvier 2024, Gabriel Attal, accompagné de Catherine Vautrin, ministre de la Santé, a visité le CHU de Dijon. Là, il a promis un investissement de « 32 milliards d'euros supplémentaires » dans la santé sur les cinq prochaines années. Cette annonce, présentée comme une suite logique de l'action gouvernementale, notamment depuis le Ségur de la santé en 2020, semblait ouvrir la porte à un investissement massif et nouveau dans un secteur en crise depuis plus d’une décennie.

Cependant, et malgré cette annonce, les personnels soignants ont exprimé leur scepticisme. Une soignante a interpellé le Premier ministre, soulignant la situation critique de l'hôpital, « en train de mourir », illustrant le fossé entre les promesses politiques et la réalité du terrain.

Santé : pas de nouveaux fonds, juste une annonce « trompeuse »

Les syndicats hospitaliers ont rapidement réagi, qualifiant l'annonce de Gabriel Attal de « coup de communication trompeur ». Ils ont souligné que l'augmentation annoncée était déjà prévue dans la dernière loi de financement de la Sécurité sociale, votée en 2023. De quoi remettre en question la nouveauté de cette promesse : en fait, Gabriel Attal ne fait que rappeler ce qui a été voté avant qu’il ne soit nommé à Matignon..

Le syndicat d'anesthésistes SNPHAR-E a critiqué, lundi 15 janvier 2024, l'insuffisance de cette hausse programmée du budget de la santé. « Il est d’ores et déjà admis que cette hausse programmée du budget de la santé sera insuffisante, la hausse naturelle des dépenses de santé étant supérieure. »

La Fédération hospitalière de France (FHF) a également exprimé son inquiétude, soulignant l'attente d'arbitrages majeurs pour le budget 2024 et la nécessité d'une compensation de l'inflation.

Le budget de la Santé reste insuffisant

La question se pose alors : le budget de la santé est-il suffisant ? Les réactions des syndicats et des personnels soignants suggèrent un décalage entre les annonces gouvernementales et les besoins réels du secteur. L'inflation et la croissance naturelle des dépenses de santé semblent dépasser les prévisions budgétaires, laissant entrevoir un avenir incertain pour le système de santé français.

« Alors que Madame Borne, dans le Plan de Financement de la Sécurité Sociale, est passée en force par l’utilisation du 49-3 à la fin de l’année dernière, en décidant d’imposer aux hôpitaux 2 milliards d’euros d’économies, l’annonce du Premier ministre Attal peut paraître comme une grosse bouffée d’oxygène, mais faudrait-il encore que sa traduction en 2024 ne se limite pas qu’à 3 milliards de plus, auxquels il faudra enlever les 2 milliards d’économies sans même devoir parler de l’inflation des prix ! », écrit notamment le syndicat FO.

Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France, est également plus que circonspect : « Je ne vois pas où le gouvernement irait les chercher, vu les économies demandées. Ils vont peut-être refaire le coup, ce qui ne m’étonnerait pas, de dire qu’ils investissent 32 milliards pour les bâtiments ou le recouvrement de dette, mais pas pour le personnel », a-t-il déclaré au Parisien.

Deuxième polémique pour le gouvernement Attal en quelques jours

Si les médecins sont remontés contre le nouveau Premier ministre, c’est en partie à cause de la disparition du ministère de la Santé au profit d’un super-ministère comprenant Santé, Solidarité et Travail auquel a été nommée Catherine Vautrin.

Mais cette polémique n’est que la deuxième depuis l’arrivée de Gabriel Attal à Matignon, le 11 janvier 2024. Sa nouvelle ministre de l’Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra, qui dispose également d’un super-ministère comprenant aussi le Sport et les JO, est au centre d’une tourmente sur fond de propos insultants envers l’école publique et à cause de sa décision de mettre ses enfants dans le privé, au collège Stanislas connu pour des propos polémiques par exemple contre l’IVG.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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