Auchan–Intermarché : aucune suppression d’emplois selon la direction

Alors que près de 300 supermarchés Auchan doivent passer sous les enseignes Intermarché ou Netto, la direction assure qu’aucun emploi ne sera supprimé et que les 11 400 salariés concernés resteront sous contrat Auchan. Guillaume Darrasse détaille les raisons stratégiques de cette bascule et tente de répondre aux inquiétudes sociales qui émergent.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 28 novembre 2025 15h45
Auchan Intermarche Aucune Suppression D Emplois Selon La Direction
Auchan–Intermarché : aucune suppression d’emplois selon la direction - © Economie Matin

Le 28 novembre 2025, Auchan a confirmé que ses supermarchés métropolitains — environ 300 points de vente — basculeront progressivement sous les bannières Intermarché ou Netto. Cette transformation du paysage de la distribution alimentaire française intervient dans un contexte de concurrence accrue et de pressions sur les marges. Auchan présente l’opération comme une opportunité de développement stratégique. Le directeur général Guillaume Darrasse insiste notamment sur le fait que « Il n’y aura pas d’emplois supprimés », a-t-il déclaré, afin de rassurer les équipes et l’opinion publique.

Une stratégie de repositionnement pour relancer les supermarchés Auchan

Auchan Retail a officialisé à la fin de novembre un accord de franchise avec le groupement Les Mousquetaires, maison mère d’Intermarché et de Netto. Cet accord prévoit que les supermarchés Auchan situés en métropole — hors Corse — changeront d’enseigne tout en restant exploités par Auchan dans le cadre d’un partenariat commercial. Cet accord vise à s’appuyer sur la puissance du réseau Mousquetaires dans les zones périurbaines pour relancer une activité supermarché jugée fragile depuis plusieurs années.

Le basculement concerne 294 magasins précisément identifiés, tandis que d’autres sources évoquent « environ 300 magasins » afin de simplifier la communication autour du projet. Les points de vente réalisent un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros, ce qui représente une part significative de l’activité supermarché d’Auchan. Cette opération permettrait à l’enseigne de concentrer ses investissements sur les hypermarchés, le drive et le e-commerce, tout en s’appuyant sur la logistique et la politique commerciale des Mousquetaires pour les magasins de proximité intermédiaire.

Pour justifier cette transformation, Guillaume Darrasse martèle que « ce n’est pas un projet de diminution des coûts. C’est un projet de développement et de croissance ». Ce discours traduit une volonté d’inscrire l’opération dans une dynamique offensive plutôt que défensive, alors que le modèle supermarché subit de fortes pressions entre discounters et grande distribution premium.

Un calendrier progressif jusqu’à fin 2026

Le partenariat pourrait entrer pleinement en vigueur fin 2026. Le basculement des enseignes sera donc progressif. Chaque magasin devra adapter sa configuration commerciale, ses assortiments et ses outils de gestion pour correspondre au cahier des charges Intermarché ou Netto. Cette transition, qui nécessite des investissements matériels et un accompagnement opérationnel, explique la durée relativement longue du calendrier.

Cette temporalité vise également à maintenir la continuité de service. Les supermarchés Auchan concernés devraient conserver leur organisation interne durant les premiers mois, avant d’intégrer progressivement les pratiques Mousquetaires. Les directions locales seront chargées de préparer les équipes à cette mutation. Bien que présentée comme une opération fluide, elle constitue un changement profond pour des structures habituées à des processus centralisés par Auchan. Les nouveaux outils de gestion commerciale, de politique de prix et de négociation avec les fournisseurs nécessiteront un accompagnement sur mesure afin de limiter les perturbations internes.

Emploi : la direction promet une stabilité totale, malgré les inquiétudes

La question sociale reste centrale. Les 294 magasins concernés représentent 11 400 salariés. Pour éviter toute panique interne ou polémique publique, la direction a multiplié les déclarations rassurantes. « Il n’y aura pas d’emplois supprimés », a répété Guillaume Darrasse, cité par TF1 Info. Il affirme que tous les contrats de travail resteront chez Auchan. Les collaborateurs continueront d’être rémunérés par l’entreprise, même si leur magasin portera une autre enseigne.

Ce modèle s’explique par la nature du partenariat : il ne s’agit pas d’une cession d’actifs mais d’un passage en franchise, dans lequel Auchan demeure l’employeur fondamental. Cette nuance technique permet à l’entreprise de conserver la maîtrise sociale de son réseau et de maintenir la représentativité syndicale. La direction réaffirme « que les salariés resteront des salariés d’Auchan », tout en travaillant sous une enseigne Intermarché ou Netto.

Enfin, Auchan mentionne l’ouverture d’un dialogue social continu. Des réunions d’information en magasin, des échanges avec les représentants du personnel et des dispositifs d’accompagnement RH sont en cours. Ces mécanismes visent à amortir le choc psychologique pour des équipes parfois déstabilisées par le changement d’enseigne et d’organisation commerciale.

Entre scepticisme syndical et interrogations des salariés

Si la direction assure que l’emploi restera intact, les syndicats s’interrogent. Certains représentants du personnel craignent un glissement progressif vers des restructurations dans les années à venir. En effet, même si les salariés restent sous contrat Auchan, leur quotidien sera désormais encadré par les standards opérationnels des Mousquetaires. Cette hybridation pourrait conduire à des ajustements des horaires, des polyvalences renforcées ou des changements dans les objectifs commerciaux.

Les salariés eux-mêmes manifestent un mélange de prudence et d’incertitude. Le changement d’enseigne peut affecter l’identité professionnelle, les habitudes de travail et les relations avec la clientèle. Certains craignent également que le nouveau cadre impose une intensification des tâches ou une modification des priorités commerciales, caractéristiques parfois associées à la culture Intermarché ou Netto. Dans ce contexte, le dialogue social d’Auchan joue un rôle essentiel pour éviter la montée de tensions internes, d’autant plus que les équipes estiment déjà avoir subi plusieurs années de réorganisations successives.

De nombreuses questions demeurent ouvertes : quelle sera la gouvernance RH locale ? Comment seront arbitrées les différences entre pratiques Auchan et standards Mousquetaires ? Comment seront gérées les évaluations et la progression de carrière ? Le projet se veut rassurant, mais les salariés attendent des garanties écrites et un suivi continu au-delà des annonces initiales.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

No comment on «Auchan–Intermarché : aucune suppression d’emplois selon la direction»

Leave a comment

* Required fields