Coup de théâtre chez Auchan : la justice a annulé le plan social du distributeur, qui visait la suppression de près de 2.400 postes. Une décision inattendue qui redonne espoir à de nombreux salariés et galvanise les syndicats.
La justice refuse qu’Auchan licencie plus de 2000 salariés

Auchan : un projet de suppression d’emplois hors norme
Le tribunal administratif de Lille a créé la surprise, le 23 septembre 2025, en invalidant le plan social du groupe Auchan. Cette décision, qui met en pause l’une des plus vastes restructurations récentes dans la grande distribution, a immédiatement provoqué une onde de choc au sein de l’entreprise et un large soulagement chez les salariés concernés.
Annoncé en novembre 2024, le plan social d’Auchan prévoyait la suppression de 2.389 postes dans toute la France. Il touchait aussi bien les sièges de l’entreprise que les magasins, la logistique et même l’activité de livraison à domicile. La direction expliquait alors vouloir réorganiser ses activités pour faire face à la concurrence croissante du hard discount et aux nouvelles habitudes de consommation. Elle assurait aussi que des mesures d’accompagnement existaient : départs volontaires, reclassements, aides à la formation, primes supplémentaires pour les plus anciens.
Ce projet avait pourtant reçu le soutien de syndicats majoritaires, qui avaient signé l’accord après plusieurs semaines de négociations. Mais d’autres, comme la CGT ou FO, dénonçaient un plan précipité et inéquitable, trop lourd pour les salariés et pas assez contraignant pour la direction.
Auchan : les juges s’opposent au plan social
Le tribunal de Lille n’a pas jugé sur le fond économique mais sur la procédure. Les magistrats ont pointé des manquements, notamment dans la manière dont l’entreprise avait consulté ses représentants du personnel. Selon la magistrats, les informations transmises aux élus des salariés étaient incomplètes et ne reflétaient pas toute la réalité du groupe. De plus, les juges ont considéré que la signature du plan aurait dû être validée par les représentants de chacune des entités d’Auchan, et non par un accord global.
En clair, ce n’est pas le principe des suppressions d’emplois qui est remis en cause, mais la façon dont la direction a tenté de les faire valider. Pour les syndicats opposés au projet, cette décision sonne comme une victoire importante, car elle oblige Auchan à revoir sa copie.
Un coup de massue pour la direction, un soulagement pour les salariés
Les réactions n’ont pas tardé. « C’est une onde de choc », a réagi Franck Martinaud, délégué syndical FO, tandis que la CGT a parlé d’un « cas d’école » qui pourrait inspirer d’autres luttes. Pour beaucoup de salariés, cette décision signifie au minimum un répit, même si elle ne garantit pas leur réintégration automatique. Certains envisagent déjà d’aller aux prud’hommes pour obtenir réparation.
De son côté, la direction d’Auchan a indiqué vouloir faire appel. Elle insiste sur le fait que la qualité du dispositif social ne serait pas contestée et que les problèmes se limiteraient à des questions juridiques. Mais cette ligne de défense ne suffit pas à calmer l’inquiétude. L’incertitude demeure pour des milliers de personnes qui ne savent toujours pas de quoi leur avenir professionnel sera fait.
Au-delà d’Auchan, cette décision pourrait marquer un tournant. Car elle montre que même un géant de la distribution n’est pas à l’abri de voir ses plans de restructuration stoppés par la justice si la procédure n’est pas irréprochable. Pour les syndicats, c’est un signal fort qui dépasse largement le cas de ce distributeur historique.
