Tarifs abusifs des bagages cabine : l’UE appelée à enquêter sur sept compagnies aériennes

Ça commence par un petit sac à dos. Puis ça grimpe à 36, 43, parfois même 280 euros. Le prix d’un bagage cabine, chez certaines compagnies aériennes, dépasse parfois celui du billet. Ce mercredi 21 mai 2025, un front commun d’associations a décidé de hausser le ton. Et d’alerter Bruxelles.

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By Grégoire Hernandez Published on 22 mai 2025 11h31
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Tarifs abusifs des bagages cabine : l’UE appelée à enquêter sur sept compagnies aériennes - © Economie Matin
10 MILLIARDS €Selon une étude relayée par le Corriere della Sera, les voyageurs européens auraient dépensé plus de 10 milliards d’euros en 2024 pour transporter un simple bagage cabine en plus d’un sac personnel.

Des valises qui changent de statut selon l’œil qui les juge. Des dimensions plus fluctuantes que les tarifs. Et une jurisprudence européenne qui, elle, n’a pas bougé depuis dix ans.

Facturation des bagages cabines : sept compagnies dans le viseur

Ce mercredi 21 mai 2025, seize associations de consommateurs issus de multiples territoires de l’Union européenne, dont UFC-Que Choisir et la CLCV pour la France, ont officiellement interpellé la Commission européenne et la DGCCRF. Leur grief : des compagnies aériennes à bas coût qui imposent des « frais indus aux consommateurs », en violation directe avec le droit européen. EasyJet, Ryanair, Transavia, Norwegian, Vueling, Volotea et Wizzair sont concernées. Ces structures réclament une investigation à l’échelle de l’UE, appuyée par une jurisprudence vieille de dix ans mais toujours d’actualité.
Car depuis un arrêt de 2014, la Cour de justice de l’Union européenne considère que le transport de bagages à main ne doit pas être facturé, à condition qu’il respecte des critères raisonnables de poids et de gabarit. Mais dans les faits, la réalité semble tout autre. Et la frontière entre petit sac à dos et « bagage cabine de grande taille » devient aussi floue que variable selon les compagnies.

Les montants annoncés par les compagnies en question font tiquer. Chez Volotea, comptez « environ 23 euros » l’aller simple. Vueling grimpe à 33 euros par trajet. EasyJet dépasse les 40. Quant à Ryanair, la fourchette commence officiellement à 18 euros, mais les simulations de réservation révèlent des surprises tarifaires une fois les étapes franchies. À l’arrivée, un simple bagage cabine peut faire grimper la note de plusieurs dizaines d’euros. Parfois jusqu’à 280 euros, selon les exemples compilés par les associations.
Le plus problématique ? Le manque de cohérence. Les dimensions tolérées varient non seulement d’une compagnie à l’autre, mais parfois d’un vol à l’autre. De quoi semer la confusion chez les voyageurs… et maximiser les recettes pour les compagnies. L’objectif est clair : faire du bagage cabine un levier de rentabilité, quitte à contourner la lettre, et l’esprit, du droit européen.

Une manne financière pour les compagnies aériennes

Derrière ces frais s’accumulent des bénéfices colossaux. Selon une étude relayée par le Corriere della Sera, les voyageurs européens auraient dépensé plus de 10 milliards d’euros en 2024 pour transporter un simple bagage cabine en plus d’un sac personnel. Avec une marge moyenne de 25 euros par valise, un vol transportant 120 bagages rapporterait environ 3 000 euros supplémentaires, pour un coût en kérosène estimé à 156 euros. Le calcul est vite fait : les bagages à main sont devenus l’un des postes de profit les plus juteux des compagnies low-cost.
Ryanair assume d’ailleurs pleinement cette stratégie. Dans une déclaration transmise au Figaro, la compagnie dit accueillir « favorablement » la plainte, estimant que sa politique « est pleinement conforme au droit de l’Union européenne ». Elle précise permettre à chaque passager « d’emporter un bagage personnel de taille généreuse (40 x 25 x 20 cm) à bord gratuitement », les options payantes servant à maintenir « les tarifs les plus bas ».

Au-delà de l’enquête demandée, cette mobilisation arrive à un moment-clé. L’Union européenne planche actuellement sur la réforme du règlement encadrant les droits des passagers aériens. Pour les associations, le calendrier tombe à pic. Elles réclament une clarification nette : quels services doivent être compris dans le tarif de base ? Quelles règles harmonisées pour les bagages cabines ?
En Espagne, la riposte s’est déjà matérialisée. Fin 2024, cinq compagnies ont écopé de 179 millions d’euros d’amendes pour pratiques jugées abusives. Et un tribunal de Salamanque a même obligé Ryanair à rembourser un passager de 150 euros, somme perçue pour des bagages entre 2019 et 2024.
Mais au niveau européen, la sanction reste à venir. Et les compagnies visées, elles, campent sur leurs positions. En attendant, les passagers continuent de payer. Souvent sans comprendre pourquoi.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin de 2023 à 2025.

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