Bourse étudiante : marathon administratif ou mission impossible ?

Il ne suffit plus d’être en difficulté pour toucher une bourse. Encore faut-il savoir décrypter les arcanes d’un système opaque, parfois absurde, souvent injuste. Et pendant que les discours ministériels se succèdent, les étudiants comptent les centimes.

By Alix de Bonnières Published on 8 juin 2025 17h00
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Bourse étudiante : marathon administratif ou mission impossible ? - © Economie Matin
37,1Le nombre d’étudiants boursiers atteint aujourd’hui 37,1 %.

Le 2 juin 2025, sur les ondes de franceinfo, le ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, a déclaré être « profondément convaincu » de la nécessité de réformer le système des bourses étudiantes. Une conviction affichée, mais sans échéance concrète. En attendant, les étudiants se débattent avec un dispositif complexe et rigide, où la moindre erreur ou le plus léger dépassement de seuil peut coûter plusieurs milliers d’euros d’aide. Voici tout ce qu’il faut savoir pour naviguer dans ce labyrinthe, à l’approche de la rentrée 2025.

Demander une bourse : un parcours semé d’obstacles

Chaque année, près de 700 000 étudiants déposent une demande de bourse via le Dossier social étudiant (DSE). Cette procédure en ligne, ouverte du 13 mars au 31 mai 2024 pour l’année universitaire 2025-2026, centralise les demandes de bourse et de logement auprès du CROUS. Simple en apparence, elle exige une vigilance absolue : avis d’imposition, justificatifs de scolarité, pièces administratives doivent être fournis sans erreur.

« À un euro près, vous basculez dans un système où vous n’êtes plus boursier et vous n’avez plus rien », déplorait Philippe Baptiste dans Capital. Cette frontière brutale, imposée par les seuils de revenus rigides, illustre l’absurdité d’un système où la précarité n’est pas toujours reconnue.

Montants et critères : une équation (presque) indéchiffrable

La bourse sur critères sociaux repose sur plusieurs facteurs : les revenus de la famille, la distance entre le domicile et l’établissement d’enseignement, le nombre de frères et sœurs étudiants, ou encore la situation de handicap. Le calcul attribue des « points de charge » à chaque situation, selon un barème complexe.

Le montant varie ensuite selon l’échelon attribué : de 1 454 euros à 6 335 euros par an, versés en dix mensualités. Ces chiffres, inchangés depuis la rentrée 2023, n’ont toujours pas été revalorisés pour 2025. Et pour cause : « La discussion budgétaire est encore en cours », a précisé le ministre sur franceinfo. Traduction : aucune garantie d’évolution à court terme, malgré l’augmentation du coût de la vie et l'inflation persistante.

En 2023, une revalorisation de 500 millions d’euros avait été actée, permettant à 30 000 étudiants supplémentaires d’en bénéficier. Mais depuis ? Silence radio.

Quelles perspectives pour la rentrée 2025 ?

Le constat est clair : le système actuel exclut les étudiants dits « modestes mais non pauvres », ces jeunes à quelques dizaines d’euros au-dessus du seuil de bourse. Selon le ministre, ce sont précisément ceux « qu’on retrouve dans les épiceries solidaires ». Ce paradoxe illustre l’inefficacité structurelle du dispositif : soit vous entrez dans les cases, soit vous tombez.

La proportion d’étudiants boursiers atteint aujourd’hui 37,1 %, en hausse de 0,9 point par rapport à 2022, mais ce chiffre masque de profondes inégalités. Et surtout, une précarité rampante.

Le gouvernement évoque depuis plusieurs mois une réforme « prête techniquement », mais dont la mise en œuvre reste suspendue à des arbitrages budgétaires incertains. En clair : rien ne bougera avant la loi de finances pour 2026. D’ici là, les montants restent gelés.

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