Budget 2025 : le service civique sacrifié

Plus de 5 000 jeunes se retrouvent privés d’une mission de service civique à partir du 1er février 2025. En cause ? L’absence de budget pour financer ces engagements citoyens. Associations, institutions publiques et jeunes volontaires sont laissés dans l’incertitude.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 3 février 2025 à 16h46
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50005 000 jeunes se retrouvent privés d'une mission de service civique à partir du 1er février 2025.

Le 1er février 2025 l’Agence du Service Civique a annoncé la suspension immédiate des nouvelles missions, faute d’adoption du budget de l’État pour 2025.

Le service civique en péril faute de budget

Depuis sa création en 2010, le service civique permet aux jeunes de 16 à 25 ans (jusqu’à 30 ans pour les personnes en situation de handicap) de s’engager dans des missions d’intérêt général auprès d’associations, d’institutions publiques ou de collectivités territoriales. Ces missions sont rémunérées à hauteur de 601 euros par mois, en contrepartie d’un engagement d’au moins 24 heures hebdomadaires, pour une durée variant de 6 à 12 mois.

Mais le 29 janvier 2025, l’Agence du Service Civique a envoyé une note aux organismes d’accueil annonçant la suspension immédiate des nouveaux engagements. L'absence de budget voté pour 2025 empêche tout nouveau financement. Seule exception : les missions à Mayotte et certaines missions à l’international, qui ne sont pas concernées par cette suspension.

Un "chantage budgétaire" qui suscite l'indignation

La suspension des recrutements a immédiatement suscité une levée de boucliers parmi les élus et les acteurs du secteur associatif. La députée socialiste Florence Hérouin Léautey a dénoncé sur les réseaux sociaux un "chantage budgétaire inadmissible". La députée écologiste Léa Balage El Mariky parle, elle, d'une "jeunesse abandonnée". Les associations, qui comptent sur les volontaires en service civique pour mener à bien leurs actions, ont aussi exprimé leur colère.

Dans un contexte où les jeunes peinent déjà à accéder au marché du travail, cette suspension brutale prive 5 000 jeunes d’une première expérience professionnelle et citoyenne.

Un coup dur pour les jeunes et les associations

Le service civique n’est pas un simple volontariat : c’est un outil d’insertion sociale et professionnelle pour des milliers de jeunes. Selon une étude de l'Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, en 2022, 144 000 jeunes ont effectué une mission de service civique. Ce dispositif leur permet d’acquérir de l’expérience et de développer des compétences clés.

Sans financement, cette dynamique ne peut pa. Pour beaucoup, cela signifie un retour forcé à la précarité et à l’inactivité.

Un manque à gagner pour les associations

Les associations, principales structures d’accueil des volontaires, tirent la sonnette d’alarme. Le service civique leur permettait de bénéficier d’un renfort humain essentiel pour mener leurs actions. La suspension des recrutements met donc en péril des milliers de projets locaux, notamment dans les domaines de l’éducation, de la solidarité, de l’environnement et de la santé.

Le service civique : un dispositif menacé ?

Le service civique a toujours bénéficié du soutien des différents gouvernements, notamment sous Emmanuel Macron, qui a plaidé en 2021 pour un "réarmement civique" de la jeunesse. L’ambition était même d’élargir le dispositif à un niveau européen et d’intégrer progressivement un service national universel obligatoire. Cette suspension marque donc un net recul par rapport aux ambitions affichées.

Le budget, un enjeu de taille

La question du financement est au cœur du problème. Le budget alloué au service civique représente environ 500 millions d’euros par an. Un montant important, certes, mais qui reste infime par rapport aux dépenses de l’État.

Sans budget voté, l’administration ne peut pas engager de nouvelles dépenses, ce qui explique le gel des recrutements. Mais le choix de suspendre le service civique avant même toute annonce officielle du budget suscite de nombreuses interrogations.

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, affirme espérer une adoption rapide du budget pour débloquer la situation. En attendant, 5 000 jeunes restent sans solution. Ce gel brutal relance le débat sur la gestion budgétaire de l’État et la place donnée à la jeunesse dans les politiques publiques.

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Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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