Face à une majorité introuvable, la pression monte pour que le gouvernement dégaine le 49.3 afin de boucler le budget 2026. Mais le Premier ministre Sébastien Lecornu continue de s’y refuser, espérant obtenir un compromis parlementaire avant le vote décisif du 9 décembre. Une stratégie risquée dans un contexte où droite, centristes et une partie de la gauche appellent désormais ouvertement à l’usage de cette arme constitutionnelle.
Budget 2026 : La bataille du 43.9

La droite en ordre de bataille pour imposer le 49.3
Le débat budgétaire vire à l’épreuve de force. Après Édouard Philippe, c’est Bruno Retailleau qui a exhorté le gouvernement à « assumer » le recours au 49.3, rappelant que « jamais les socialistes ne voteraient une motion de censure ». L’argument est simple : si le risque politique est faible, pourquoi se priver d’un outil permettant d’éviter l’impasse ? Le président du Sénat Gérard Larcher a enfoncé le clou en invitant lui aussi Sébastien Lecornu à « envisager le 49.3 », assurant dans Le Figaro qu’« une arme constitutionnelle n’est pas une arme contre la démocratie parlementaire ».
Le gouvernement, lui, persiste. Maud Bregeon, sa porte-parole, rappelle l’engagement initial : « Nous n’utiliserons pas le 49.3, cela reviendrait à acter l’échec des discussions parlementaires ». Un geste politique assumé, adressé notamment aux socialistes qui exigeaient, début octobre encore, le retour au vote parlementaire. Cette ligne de fermeté laisse pourtant perplexes plusieurs élus de la majorité. Marc Fesneau, président du groupe MoDem, estime ainsi que « la meilleure solution reste le 49.3 car personne ne veut assumer ce budget ». Un avis partagé par Hervé Marseille (UDI), pour qui l’activation du dispositif « ne choquerait pas » et représenterait même « un soulagement pour tout le monde ».
Des lignes de fracture budgétaires qui paralysent l’Assemblée
En toile de fond, les négociations sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) révèlent un paysage parlementaire plus fragmenté que jamais. Les députés repartent du texte profondément remanié par le Sénat, qui a supprimé la suspension de la réforme des retraites concédée par le gouvernement pour éviter une censure du PS. Mais l’obstacle principal pourrait être la hausse de la CSG sur les revenus du capital, censée rapporter 2,8 milliards d’euros. Laurent Wauquiez a prévenu : « Un budget avec des augmentations d’impôts, je ne le voterai pas. »
À gauche, la mesure est défendue vigoureusement. Le député PS Jérôme Guedj explique : « Ramener le déficit à 20 milliards d’euros sans mesure de recettes comme la CSG, je ne vois pas comment ils font », plaidant pour « une juste contribution ». Les écologistes et une partie des élus socialistes, eux, posent une autre ligne rouge : le dégel total des retraites. Le Sénat a voté un gel au-dessus de 1 400 euros, mais la cheffe de file des députés écologistes Cyrielle Châtelain a déjà tranché : « Le gel partiel des retraites, c’est non. »
Cette mosaïque d’injonctions contradictoires rend l’équation presque insoluble. Le gouvernement tente d’apparaître flexible. « On n’est pas particulièrement attachés à la CSG, mais si on la retire, il faut une autre mesure pour compenser », explique Maud Bregeon.