Adopté par le Sénat après des semaines de débats tendus, le Budget de l’État pour 2026 ouvre une nouvelle phase politique à haut risque. Alors que la Haute Assemblée revendique une copie plus rigoureuse, le gouvernement juge le texte inacceptable et renvoie l’avenir du Budget à une commission mixte paritaire décisive.
Budget : le Sénat l’adopte plus rigoureux, la CMP tranchera

Le 15 décembre 2025, le Sénat a adopté le projet de loi de finances pour 2026, relançant une séquence budgétaire bloquée depuis le rejet du Budget à l’Assemblée nationale. Ce vote place désormais le gouvernement face à un double défi politique et financier.
Le Budget 2026 adopté par le Sénat après un vote politique marqué
Le Budget a été adopté au Sénat par 187 voix contre 109, selon les chiffres communiqués par RTL le 15 décembre 2025. Ce vote intervient après plus de vingt jours de débats intenses, au cours desquels la majorité sénatoriale de droite et du centre a profondément modifié le texte initial du gouvernement. Toutefois, malgré cette adoption, le Budget reste loin d’un consensus politique durable.
D’un côté, le Sénat assume une orientation budgétaire centrée sur la maîtrise des dépenses publiques, en privilégiant des économies plutôt que des hausses d’impôts. De l’autre, le gouvernement considère que ces choix fragilisent l’équilibre global du Budget et compromettent les engagements européens de la France. Ainsi, le vote du Sénat ne marque pas une fin de parcours, mais plutôt un passage obligé vers une phase de négociation délicate.
Selon Public Sénat, la majorité sénatoriale a revendiqué un Budget plus « responsable », tout en refusant toute augmentation de la pression fiscale. Christine Lavarde, sénatrice Les Républicains, a d’ailleurs clairement posé les lignes rouges de la majorité sénatoriale. « Nous ne pourrons pas apporter nos voix à une commission mixte paritaire qui viendrait augmenter la pression fiscale », a-t-elle déclaré, selon RTL.
Un Budget 2026 jugé « inacceptable » par le gouvernement
Si le Sénat a validé sa version du Budget, la réaction du gouvernement a été immédiate et ferme. L’exécutif estime que le texte voté détériore la trajectoire des finances publiques et éloigne la France de ses objectifs de redressement budgétaire. Le désaccord porte autant sur les choix politiques que sur les chiffres eux-mêmes.
Selon Reuters, le gouvernement évalue le déficit public à environ 5,3 % du produit intérieur brut en 2026 dans la version adoptée par le Sénat. Ce chiffre est certes légèrement inférieur au déficit estimé pour 2025, évalué à 5,4 % du PIB, mais il reste largement au-dessus de l’objectif affiché par l’exécutif, qui souhaite repasser sous le seuil des 5 %.
Roland Lescure, ministre de l’Économie, n’a pas mâché ses mots. « Un déficit de 5,3 % ne fonctionne pas, il faudra faire des concessions », a-t-il déclaré, selon Reuters. Pour le gouvernement, ce niveau de déficit met en péril la crédibilité budgétaire de la France sur les marchés et auprès de ses partenaires européens.
Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, a également insisté sur l’urgence de la situation. « Le Budget est une urgence », a-t-elle affirmé, appelant à un compromis rapide, selon RTL. Le vote du Sénat, loin de rassurer le gouvernement, accentue les tensions.
La Commission mixte paritaire tranchera sur le Budget 2026
Après le vote du Sénat, le Budget est désormais renvoyé en commission mixte paritaire, une instance composée de sept députés et de sept sénateurs. Cette procédure vise à trouver un texte de compromis entre les deux chambres lorsque leurs versions divergent fortement. Cette commission doit se réunir dans les prochains jours. L’exécutif souhaite finaliser la loi de finances avant le 23 décembre 2025, afin d’éviter une situation d’instabilité budgétaire en début d’année 2026.
Cependant, les chances de parvenir à un accord apparaissent incertaines. Les désaccords portent à la fois sur le niveau de déficit, sur les mesures fiscales et sur les priorités de dépenses. La majorité sénatoriale refuse toute hausse d’impôts, tandis que le gouvernement estime indispensable de sécuriser des recettes supplémentaires pour stabiliser le Budget.
Or, l’adoption définitive du Budget dépendra entièrement de l’issue de cette commission mixte paritaire. En cas d’échec, l’Assemblée nationale pourrait avoir le dernier mot, conformément à la procédure. Mais, cette perspective renforcerait encore les tensions politiques, dans un contexte de majorité fragile.
