La promesse d’une prise en charge intégrale des soins pour les patientes atteintes d’un cancer du sein est enfin gravée dans la loi. Mais que recouvre réellement ce texte adopté à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 28 janvier 2025 ?
Cancer du sein : les soins sont désormais mieux remboursés

Cancer du sein : l’Assemblée nationale vote la loi à l’unanimité
L’Assemblée nationale a adopté ce mardi 28 janvier 2025 une loi visant à améliorer la prise en charge des soins liés au cancer du sein. Porté initialement par Fabien Roussel, député communiste, ce texte propose un remboursement intégral des soins essentiels, y compris ceux jusqu’ici considérés comme « complémentaires » : soutien psychologique, diététique, activités physiques adaptées et prothèses capillaires.
Le cancer du sein, reconnu comme affection de longue durée (ALD), permet déjà une couverture de 100 % du ticket modérateur par la Sécurité sociale. Pourtant, de nombreuses patientes continuent de faire face à des restes à charge importants. Selon le Haut Conseil de la Santé Publique, ce montant s’élève en moyenne à 1 400 euros par patiente. Un coût que nombre d’entre elles ne peuvent assumer, poussant certaines à renoncer à des soins pourtant essentiels à leur rétablissement. « Ce texte répond aux attentes très concrètes de 700 000 femmes qui vivent avec un cancer du sein. », a déclaré Yannick Monnet, député communiste et rapporteur du texte.
Une réforme pour les soins liés au cancer du sein
Si le texte prévoit une couverture renforcée des soins médicaux directs, il vise aussi à élargir la prise en charge à des soins jusqu’ici ignorés par l’Assurance Maladie. Parmi les avancées majeures, on retrouve :
- Le remboursement intégral du renouvellement des prothèses mammaires, une dépense incontournable après une mastectomie.
- La reconnaissance officielle de la dermopigmentation, un procédé médical de reconstruction de l’aréole et du mamelon désormais remboursé.
- Un forfait spécifique, défini par décret, pour des produits médicaux non couverts jusqu’ici, tels que les crèmes hydratantes post-chimiothérapie et les vernis protecteurs contre la chute des ongles.
- Une enveloppe dédiée aux soins psychologiques et aux thérapies physiques adaptées, éléments pourtant jugés essentiels par les oncologues pour améliorer la qualité de vie des patientes et limiter les récidives.
Principales nouveautés de la loi
Mesure | Avant la loi | Après la loi |
---|---|---|
Prothèses mammaires | Remboursement partiel selon la mutuelle | Remboursement intégral |
Dermopigmentation (reconstruction des aréoles) | Non prise en charge | Remboursée par l’Assurance Maladie |
Forfait soins spécifiques (crèmes, vernis) | Achat à la charge des patientes | Montant défini par décret, pris en charge |
Suivi psychologique | Peu couvert | Meilleure prise en charge |
Activité physique adaptée | Non remboursée | Financement possible par l’État |
Un encadrement des dépassements d’honoraires pour éviter la double peine aux patientes
Outre les soins médicaux et de support, cette réforme prévoit également un encadrement strict des dépassements d’honoraires pratiqués par les chirurgiens lors des reconstructions mammaires. Actuellement, ces opérations, bien que couvertes par l’Assurance maladie, génèrent souvent des frais exorbitants non pris en charge.
Le plafonnement des dépassements d’honoraires sera négocié directement entre l’Assurance Maladie et les professionnels de santé dans le cadre de la prochaine convention médicale. Une mesure qui pourrait avoir un impact immédiat sur l’accès aux soins reconstructeurs, actuellement trop souvent réservé aux patientes bénéficiant d’une mutuelle premium.
Prise en charge du cancer du sein : il faudra plus de précisions
Bien que cette loi représente une avancée considérable, elle soulève encore quelques interrogations :
- Les délais de mise en place : Certaines mesures nécessitent un décret d’application qui pourrait prendre plusieurs mois.
- Le montant exact du forfait soins spécifiques : Actuellement non défini, il pourrait varier selon les arbitrages budgétaires.
- Le financement global : Si l’État s’engage à couvrir ces nouvelles dépenses, aucun budget détaillé n’a encore été précisé, laissant planer un doute sur la faisabilité économique du projet.
Les associations de lutte contre le cancer, bien qu’ayant salué l’adoption du texte, réclament des précisions sur l’application concrète des mesures et demandent à ce que les soins de support soient intégrés dans le droit commun et non dépendants d’un forfait temporaire.
Santé : une victoire symbolique, mais des attentes encore vives
L’adoption à l’unanimité de cette loi marque un tournant important dans la prise en charge du cancer du sein en France. La reconnaissance de soins autrefois considérés comme accessoires et la réduction du reste à charge constituent une victoire pour les patientes.
Cependant, le combat n’est pas terminé : le financement et la mise en œuvre effective seront des étapes décisives. Car si cette loi apporte une réponse politique forte, elle devra maintenant prouver son efficacité sur le terrain. Reste à savoir si elle tiendra toutes ses promesses.