Carburant : vous n’avez pas payé votre plein si peu cher depuis au moins quatre ans

Carburant : une baisse rare à souligner !

Les données sont sans appel. En juillet 2025, le gazole s’affiche en moyenne à 1,6279 euro par litre, tandis que le Sans Plomb 95-E10 (essence contenant jusqu’à 10 % d’éthanol) est vendu à 1,6694 euro. C’est ce que confirment les relevés du ministère de la Transition énergétique, relayés par plusieurs médias. À titre de comparaison, ces prix représentaient encore en juillet 2024 respectivement 1,70 euro pour le gazole et 1,80 euro pour le SP95-E10.
Sur un plein de 50 litres, les économies sont bien réelles. Le plein de gazole revient à 81,4 euros contre 85,35 euros un an plus tôt. Côté essence, la facture passe de 90,1 euros à 83,47 euros, soit un gain de 6,63 euros. Une tendance qui redonne un peu d’air aux automobilistes, particulièrement ceux qui parcourent de longues distances pendant les vacances.

Cette accalmie n’est pas le fruit du hasard. Le 24 juin 2025, un cessez-le-feu a été signé entre l’Iran et Israël, mettant un terme à un conflit éclair qui menaçait de faire flamber les marchés pétroliers. Au plus fort des tensions, la banque JPMorgan prévoyait un baril à 130 dollars. Ce scénario aurait pu entraîner des prix à la pompe supérieurs à 2 euros dans l’Union européenne.
Au lieu de cela, le baril s’est stabilisé autour de 70 dollars fin juillet 2025, bien loin des prévisions alarmistes. Un changement de cap salué par Édouard Lotz à BFMTV, consultant marché énergie chez Omnegy : « Les prix du pétrole sont quand même assez stables depuis la fin de la guerre des 12 jours entre l’Iran et Israël. Pour l’été, les niveaux qu’on a actuellement devraient rester à peu près dans ces eaux-là ».

Une conjonction de facteurs favorables

Derrière cette baisse, plusieurs mécanismes économiques et monétaires sont à l’œuvre. Tout d’abord, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a annoncé vouloir augmenter sa production dès août, dans l’objectif de reconquérir des parts de marché. Une stratégie qui accroît l’offre disponible et pèse mécaniquement sur les prix.
Ensuite, la remontée de l’euro face au dollar (passé de 1,02 à 1,16) joue aussi un rôle important. Le pétrole étant acheté en dollars mais revendu en euros, cette évolution du taux de change allège la facture finale pour les distributeurs et, par ricochet, pour les consommateurs européens.
Arnaud Aymé, spécialiste des transports chez SIA Partners, le rappelle à BFMTV : « Les pays producteurs et exportateurs, les pays de l’Opep, ont annoncé ces derniers jours qu’ils voulaient encore augmenter leur production de pétrole au mois d’août, pour gagner des parts de marché notamment sur les producteurs américains ».

Reste à savoir combien de temps cette tendance du carburant pas cher peut durer. Si les taxes sur les carburants restent inchangées, d’autres éléments, plus volatils, pourraient à tout moment inverser la courbe. Un regain de croissance mondiale, une rupture d’approvisionnement, un nouveau choc géopolitique ou encore une évolution du taux de change suffiraient à faire rebondir les prix.
Comme le souligne Philippe Charlez, expert en questions énergétiques, à La Dépêche du Midi le 30 juillet 2025 : « Le marché du pétrole est conjoncturel et extrêmement sensible à la géopolitique. Une décision politique, une tension dans le Golfe, une annonce de l’OPEP ou un changement économique peuvent faire bouger les prix très vite. »