Chèque énergie : le gouvernement pourrait le supprimer !

Le chèque énergie, longtemps présenté comme un bouclier social contre la précarité énergétique, est aujourd’hui menacé. Un rapport officiel suggère sa suppression au nom de la transition écologique, alors que des millions de foyers modestes en dépendent pour se chauffer et s’éclairer.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 4 septembre 2025 10h05
Cheque Energie Gouvernement Pourrait Le Supprimer
Chèque énergie : le gouvernement pourrait le supprimer ! - © Economie Matin
795 millionsLe coût du chèque énergie pour les finances publiques atteint 795 millions d’euros par an.

Le 3 septembre 2025, un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Inspection générale de l’environnement (IGEDD) a ouvert la voie à la possible disparition du chèque énergie. Cette aide sociale, qui bénéficie actuellement à plus de cinq millions de foyers en France, pourrait être remplacée par un autre dispositif jugé plus « vertueux » pour l’environnement.

Un dispositif devenu vital pour les ménages modestes

Le chèque énergie, d’un montant compris entre 48 et 277 euros en 2025, permet aux foyers modestes de payer leurs factures d’électricité, de gaz ou même de fioul. Il a concerné plus de 5,5 millions de ménages, soit près de 20 % de la population. Son coût pour les finances publiques atteint 795 millions d’euros par an.

Pour de nombreux bénéficiaires, cette aide sociale reste essentielle. Cependant, est aujourd’hui dans le viseur de l’administration, non pas à cause de son efficacité sociale, mais en raison de son coût et de son impact jugé contradictoire avec les objectifs écologiques. Dans un rapport publié le 18 juillet 2025, l’Inspection générale des finances et l’Inspection générale de l’environnement estiment que cette aide, qui représente 795 millions d’euros par an, constitue une « dépense fiscale dommageable à la biodiversité ».

Selon elles, le dispositif soutient indistinctement les énergies carbonées et décarbonées et encourage donc la consommation, alors même que la priorité officielle est à la sobriété énergétique. Ces inspections préconisent sa suppression et son remplacement par des aides non liées à l’usage de l’énergie, voire conditionnées à une baisse des consommations, ce qui explique pourquoi le maintien du chèque énergie est aujourd’hui incertain.

Les associations de consommateur à la rescousse du chèque énergie

Or, comme l’a rappelé Marie-Amandine Stévenin, présidente de l’UFC-Que Choisir : « Le chèque énergie ne va aucunement à l’encontre de la sobriété énergétique. Il vient simplement permettre à des personnes aux faibles ressources de vivre décemment ». En 2024, 41 % des ménages déclarant avoir eu froid expliquaient avoir limité le chauffage pour des raisons financières, selon l’Observatoire national de la précarité énergétique.

Si les factures d’énergie pèsent si lourd dans le budget des ménages, c’est aussi parce qu’elles intègrent une fiscalité importante. En France, le prix de l’électricité payé par les particuliers reste largement gonflé. Selon la Commission de régulation de l’énergie, près d’un tiers de la facture d’électricité correspond à des taxes et contributions.

La TICFE (taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité), la CSPE et la TVA s’ajoutent au coût de production, pourtant bas grâce au nucléaire. À titre d’exemple, le coût moyen de production du nucléaire est évalué autour de 50 euros le MWh, alors que les consommateurs ont payé en 2023 un prix final dépassant souvent 150 euros le MWh, en raison des taxes et de la flambée des marchés.

Pour les carburants, le constat est encore plus net : la TICPE représente environ 60 % du prix à la pompe, ce qui signifie que sur un litre d’essence vendu 1,90 euro, plus d’1,10 euro part directement à l’État. Dans ce contexte, la hausse mondiale des prix de l’énergie depuis 2021 a rendu le chèque énergie vital : avec un budget annuel de 795 millions d’euros, il compense à peine une fraction du surcoût fiscal que subissent chaque année les ménages.

Les aides et les taxes, un cercle vicieux

Aucune aide publique n’est gratuite : l’État ne produit pas de richesses, il les prélève. Chaque euro versé au titre du chèque énergie provient donc des impôts et des taxes payés par l’ensemble des contribuables. Et cette redistribution n’est jamais neutre : avant qu’un ménage ne touche son chèque, il faut financer l’appareil administratif qui le gère. Les fonctionnaires chargés d’identifier les bénéficiaires, d’envoyer les documents et de traiter les recours représentent un coût qui réduit mécaniquement le montant redistribué.

En pratique, quand un contribuable donne 1 euro à l’État, ce n’est pas 1 euro qui revient sous forme d’aide sociale : une partie se perd dans le circuit, entre les frais de gestion et les dépenses connexes. Autrement dit, le système aboutit souvent à un paradoxe : les ménages financent des aides dont ils ne récupèrent qu’une fraction, et parfois pas du tout s’ils ne sont pas éligibles. Plutôt que de proposer des aides, l'Etat a une autre porte de sortie : diminuer les taxes sur l’énergie permettrait d’alléger durablement la facture, plutôt que de laisser les Français dépendre d’un chèque menacé de disparition au gré des priorités écologiques ou budgétaires du moment.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

1 comment on «Chèque énergie : le gouvernement pourrait le supprimer !»

  • RENARD

    Le supprimer ? ce serait ridicule et contre productif car il y aurait beaucoup plus d’hospitalisations et le retour de maladies graves très contagieuses

    Répondre
Leave a comment

* Required fields