Confiance : François Bayrou a (encore) tenté de défendre son Budget

À une semaine d’un vote de confiance décisif, François Bayrou a encore détaillé auprès de la presse son plan pour réduire la dette publique que les Français rejettent en masse. Entre rigueur assumée, économies de 44 milliards d’euros et débat sur les jours fériés, le Premier ministre a cherché à rassurer les Français tout en dénonçant les « forces politiques qui veulent le chaos ».

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Last modified on 1 septembre 2025 7h54
Suppression de jours fériés : Bayrou défend un effort pour produire plus
Confiance : François Bayrou a (encore) tenté de défendre son Budget - © Economie Matin
20 MILLIARDS €La taxe Zucman pourrait rapporter 20 milliards d'euros par an à l'Etat français.

Le 31 août 2025, François Bayrou a accordé une longue interview en direct depuis Matignon, diffusée simultanément sur les chaînes d’information. À huit jours d’un vote de confiance qui pourrait décider de l’avenir de son gouvernement, le Premier ministre a défendu un budget qu’il veut rigoureux sans être synonyme d’austérité.

Austérité : François Bayrou continue de vouloir 44 milliards d’économies

François Bayrou a centré son propos sur l’urgence budgétaire. Selon lui, la France doit retrouver de la crédibilité en Europe et sur les marchés. « Les 44 milliards c’est à peu près la marche à suivre pour que le pays sorte de la malédiction immédiate de la dette », a-t-il martelé sur BFMTV. Ce serait, selon le Premier ministre, un « ordre de grandeur » qui correspond aux économies jugées nécessaires pour ramener le déficit à 3 % du PIB d’ici 2029.

Cette trajectoire n’est pas négociable, selon lui, car la situation du pays serait comparable à « la cale d’un bateau qui se remplit d’eau depuis 50 ans », en raison de l’absence de budget équilibré depuis 51 ans. Le diagnostic est donc posé : sans correction rapide, la dette menace la souveraineté économique. En parallèle, François Bayrou a rappelé qu’environ 60 % de la dette française est détenue par des investisseurs étrangers, un niveau qu’il juge « dangereux » afin de tenter de convaincre de son projet. D’ailleurs, pour convaincre, le Premier ministre a insisté sur la différence entre rigueur et austérité. « Pourquoi je ne dis pas austérité ? Parce que ce n’est pas ça, c’est de la rigueur », a-t-il expliqué.

Jours fériés, travail et générations : des propositions sensibles

Parmi les mesures évoquées pour soutenir la croissance et contenir les dépenses, François Bayrou a relancé l’idée de supprimer des jours fériés. Initialement évoquée pour deux journées, la mesure a rapidement été tempérée : « C’est discutable, c’est amendable. Je pense que ça pourrait être un (seul jour supprimé) sans difficulté », a-t-il précisé sur BFMTV. Selon les calculs cités par RTL, la suppression de deux jours représenterait une économie d’environ 4 milliards d’euros par an mais la mesure est parmi les moins appréciées des Français. François Bayrou, sans surprise, semble tenter de revenir en arrière pour calmer les tensions sociales de cette rentrée 2025.

Le Premier ministre a également insisté sur la nécessité d’un effort collectif, mobilisant toutes les générations. Il a ainsi évoqué la responsabilité des « boomers » dont il fait partie ainsi qu’une majorité de la classe politique actuelle, appelant les aînés à contribuer à l’effort budgétaire. Sauf que comme ce sont eux qui sont au pouvoir, notamment au Sénat où la moyenne d’âge est de 62 ans et 9 mois, difficile de s’attendre à ce qu’ils votent pour baisser leurs pensions ou renoncer à leurs avantages. À l’Assemblée nationale, la situation est un peu différente, avec une moyenne d’âge de 50 ans environ.

En parallèle, le Premier ministre a vivement critiqué le « contre-budget » du Parti socialiste, qu’il accuse de « laisser repartir la dépense ». Selon ses propres calculs, ce projet inclurait « 32 milliards d’euros d’impôts sur les entreprises », autant d’argent qu’il ne serait donc pas nécessaire d’aller piocher dans les poches des ménages alors que les mêmes entreprises bénéficient de 211 milliards d'euros d'aides chaque année, sans contrepartie. 

François Bayrou ne veut pas taxer les riches

Autre point saillant, François Bayrou s’est montré ferme contre la « taxe Zucman », une contribution internationale sur les grandes fortunes. « La taxe Zucman est une menace sur les investissements en France », a-t-il déclaré sur BFMTV. Derrière cette position se dessine une crainte : celle de voir les capitaux fuir et d’accroître ce qu’il appelle le « nomadisme fiscal ». Sauf que cette taxe ne ciblerait que moins de 2000 ménages en France, les extrêmement riches, et rapporterait gros à l’État en ne faisant participer qu’une infime partie de la population la plus privilégiée. Celle-là même dont font partie… les ministres, notamment le ministre de l’Économie Eric Lombard au patrimoine de plus de 20 millions d’euros.

Cette prise de position illustre aussi la ligne politique du Premier ministre : assumer des choix impopulaires favorables aux riches pour préserver la confiance des investisseurs et des partenaires européens. Car pour François Bayrou, la confiance est le cœur du débat et pourrait bien causer sa perte. « Il y a des forces politiques en France qui veulent le chaos », a-t-il dénoncé. Le Premier ministre vise ici ses oppositions, qu’il accuse de préférer la déstabilisation au compromis.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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