Face à un futur incertain, la gestion de l’eau en France à l’horizon 2050 devient un enjeu majeur. Ce rapport de France Stratégie, commandité par la Première ministre Elisabeth Borne à l’automne 2023, explore les possibles futurs de notre consommation d’eau dans un contexte de changement climatique accéléré et de tensions accrues sur cette ressource vitale. Trois scénarios dévoilent des trajectoires possibles, influencées par les politiques publiques et les pratiques de consommation émergentes.
Comment éviter une crise de l’eau en 2050 ?

En 2024, les phénomènes extrêmes comme les inondations au Nord-Pas-de-Calais et les sécheresses en Pyrénées-Orientales ont mis en lumière les impacts du changement climatique sur le cycle de l'eau. Suite à une série initiale d'études sur la gestion de l'eau publiées en avril 2024, France Stratégie a publié un nouveau rapport et une note d'analyse focalisés sur les projections de la demande en eau jusqu'en 2050.
Trois scénarios possibles pour la gestion de l’eau
Le rapport identifie trois scénarios prospectifs majeurs. Le scénario « tendanciel » prévoit une stagnation des prélèvements annuels avec une légère augmentation de 1 %, reflétant une continuité des pratiques actuelles. À contre-courant, le scénario « politiques publiques » propose une réduction importante de 24 % des prélèvements, grâce à l'adoption de mesures gouvernementales récentes.
Le plus audacieux, le scénario « de rupture », envisage une réduction de 47 % des prélèvements, marquant un tournant décisif vers une gestion sobre et optimisée de l'eau. Ce dernier scénario met en évidence l'impact potentiel des changements radicaux dans les comportements et les technologies sur la demande en eau, surtout dans les secteurs clés comme l'énergie et l'agriculture.
dans la configuration climatique la plus défavorable étudiée, en pourcentage, source : France Stratégie.
Des efforts de la gestion de l’eau payants
En analysant les impacts sous deux conditions climatiques — un printemps-été sec et un printemps-été humide — le rapport souligne que, même dans un climat défavorable, les efforts de réduction peuvent être significatifs. Par exemple, dans le scénario de « politiques publiques », la consommation d'eau pourrait doubler dans près d'un quart des bassins versants, malgré une tendance générale à la baisse.
Le scénario « de rupture » offre une perspective optimiste, avec une augmentation contenue de 10 % de la consommation dans le pire des cas climatiques. Ce scénario démontre que des politiques nouvelles et un engagement vers l'éco-responsabilité peuvent limiter drastiquement l'impact humain sur les ressources hydriques. Il souligne également la possibilité de transformations profondes dans les pratiques de consommation d'eau, surtout dans l'agriculture et la production énergétique. En adoptant une approche plus sobre, ce scénario pourrait également mener à une baisse des conflits d'usage et à une meilleure harmonie entre les besoins humains et les écosystèmes aquatiques. Ce scénario propose une baisse de 50 % de la consommation de viande par rapport aux niveaux actuels. Entre 2020 et 2050, cela a entraîné une réduction du nombre total d'animaux d'élevage et une diminution des zones consacrées à leur alimentation, avec une baisse de 11 % des prairies temporaires et de 58 % des cultures destinées au fourrage. Parallèlement, les terres cultivées pour les protéines végétales ont été multipliées par plus de cinq.
Encourager la collaboration et le dialogue pour mieux gérer les ressources en eau
Les conclusions de France Stratégie résultent d'un processus collaboratif impliquant agriculteurs, industriels, producteurs d'énergie et écologistes. Ce dialogue continu entre les parties prenantes est essentiel pour affiner les projections et aligner les politiques sur les réalités du terrain. Chaque scénario proposé a été soigneusement examiné et débattu au sein du Comité national de l'eau, garantissant que tous les angles sont couverts. Ces interactions permettent de s'assurer que les mesures proposées sont à la fois innovantes et applicables, facilitant ainsi leur adoption par tous les secteurs concernés.
Une prochaine étape consistera à mesurer les tensions entre la disponibilité de l'eau et les besoins futurs, pour mieux préparer le pays aux défis de demain. Cette approche proactive vise à anticiper et à atténuer les conflits d'usage avant qu'ils ne deviennent critiques, sécurisant ainsi l'approvisionnement en eau pour toutes les utilisations essentielles.